Les éternels partisans de l’auto-flagellation qui demandent depuis presque deux ans au gouvernement israélien de présenter à Ankara les excuses exigées par Erdogan devraient lire de manière attentive les documents diffusés par « Wikileaks » sur la période qui a précédé l’expédition pro-Hamas du « Marmara ». Ces documents en provenance de télégrammes envoyés entre des services américains de renseignements attestent que le Premier ministre turc avait pris la décision stratégique de « brûler tous les ponts » avec Israël pour rehausser son statut face à l’Iran et au monde arabe.
Plusieurs de ces documents font état de discussions qui ont eu lieu entre Recep Tayyip Erdogan et l’ancien Secrétaire d’Etat US Henry Kissinger lors desquelles Erdogan annonçait à son interlocuteur « qu’à un moment donné il avait l’intention de devenir le leader du monde arabo-musulman ». C’était avant la provocation turque du « Marmara » et il est pratiquement certain que l’humiliation mise en scène et médiatisée du président Pérès par Erdogan au sommet de Davos faisait également partie de ce processus bien calculé. Personne n’oubliera pas contre la campagne médiatique en Israël ni les interventions maladroites de certaines personnalités politiques qui ont voulu attribuer au gouvernement israélien la responsabilité de la cassure entre Jérusalem et Ankara, et ont suggéré aux responsables israéliens d’aller à Canossa et de présenter des excuses dhimmiques au « suzerain » musulman d’Ankara.