« Contre l’élite sectaire qui monopolise le discours politique, il faut redonner la parole au peuple ! »
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- Hamodia : Voilà peu de temps que le grand public israélien a entendu parler de vos activités, notamment dans le sillage de la publication du rapport Goldstone. Pouvez-vous nous dresser un rapide historique de la genèse de votre association ?
- Ronen Shoval : C’est avec d’autres jeunes réservistes de Tsahal ayant participé, lors de l’été 2006, à la Seconde guerre du Liban - avec tous les dysfonctionnements logistiques et militaires ayant produit le découragement et les protestations que l’on sait - que nous avons lancé l’idée d’une association indépendante et non-partisane… Et ce, à la fois pour renforcer à la base - grâce à un mouvement populaire - les raisons d’être de l’État d’Israël, pour mieux faire apparaître la justesse de tout le chemin parcouru collectivement depuis 1948, et aussi dans le but d’initier un débat culturel formateur capable de préparer les futurs leaders de notre société à mieux assumer l’héritage de la génération fondatrice de notre pays : à savoir construire un État juif et démocratique sur la terre d’Israël, et se développant sur des valeurs juives.
En fait, nous voulons aussi combattre les « vaches sacrées » et les idées toutes faites imposées, depuis au moins 40 ans, aux plans intellectuel, culturel et politique par une toute petit élite d’universitaires « bien-pensants » aux idéaux cosmoplites très pro-occidentaux - souvent positionnés à l’extrême gauche - qui se dressent en permanence contre l’aspect juif de l’État d’Israël, le bienfondé de son existence et les actions légitimes de défense de son armée… Or cette élite, qui dispose d’énormes moyens financiers et médiatiques, d’ailleurs inversement proportionnel à sa taille et à sa popularité réelles dans le pays, a annexé voire asservi par ses dogmes l’ensemble du leadership politique officiel ! Si bien qu’il est est devenu très difficile d’ouvrir une brèche dans ce mur de fausses évidences - ce que nous nous proposons pourtant de faire…
H - En quoi consistent concrètement vos activités ?
RS- Créée en janvier 2007, notre association - qui compte près de 20 000 adhérents et sympathisants - s’est surtout développée sur une dizaine de campus universitaires du pays (où existent maintenant des sections de Im Tirtzou) notamment pour défendre au jour le jour le bienfondé de notre État et aider les étudiants à participer au débat public, mais aussi dans tout le pays par de nombreuses actions menées aux quatre coins d’Israël : volontariat auprès de la population de Sdérot et auprès des nouveaux immigrants à peine arrivés, soutien sous plusieurs formes apporté aux soldats de Tsahal ainsi qu’aux survivants de la Shoah, aide concrète fournie aux agriculteurs contre le vol et le vandalisme, actions sur le terrain de protection de l’environnement, etc.
Le tout, en organisant parallèlement des débats, des conférences et des pannels de discussions sur les campus et ailleurs, mais aussi en appelant parfois à des manifestations et en apparaissant régulièrement dans la presse nationale et sur Internet, où nous disposons bien sûr d’un site (**).
H- En trois ans d’existence, quels ont été vos principaux succès ?
RS- Après nos différents rapports envoyé à l’establishment politique et sécuritaire du pays sur les graves dysfonctionnements de la Seconde guerre du Liban, il y a eu (comme vous l’avez signalé) nos importantes révélations de l’hiver dernier auprès du grand public sur le rôle scandaleux joué par une dizaines d’associations israéliennes - arabes et d’extrême gauche -, toutes dûment financées par le New Israel Fund (NIF) américain, qui ont littéralement dicté, voire parfois rédigé pour la commission de l’ONU dirigée par Richard Goldstone la liste des prétendus « crimes de guerre » et autres « violations délibérées des droits de l’homme » mentionnés dans ce rapport et qu’aurait commis Tsahal lors de l’opération « Plomb durci ».. Ce qui a eu un grand impact en faisant découvrir à l’opinion israélienne la vraie nature du NIF ! Par ailleurs, sur plusieurs grands campus - comme celui de l’université de Tel-Aviv -, nous avons réussi à réinstaurer les célébrations du Yom Haatsmaout, tombées en désuétude depuis plusieurs années par manque de motivation…
Mentionnons aussi le renvoi définitif - par l’administration du Merkaz Sapir où il enseignait, et ce grâce à notre propre action - de Nizar ‘Hassan, un chargé de cours qui expulsa en 2008 de sa classe l’un de ses élèves sous prétexte qu’il revêtait ce jour-là l’uniforme de Tsahal !
H- Mais actuellement, la presse nationale parle surtout de vos actions dénonçant certains enseignants anti-israéliens où vous faites pression sur les donateurs de ces établissements académiques…
RS- Effectivement, nous développons à présent une action de fond - pour l’instant centrée sur la seule université Ben Gourion du Néguev installée à Béer-Chéva, mais qui a vocation de s’élargir ailleurs… - afin de demander des comptes à sa direction et à son Conseil d’administration sur l’attitude et les « sorties » anti-israéliennes répétées de certains enseignants de ce campus ! Un phénomène qui a eu une forte tendance à se développer sur plusieurs autres campus d’Israël, à commencer par celui de Tel-Aviv…
En effet, bien que dûment appointés par l’État commes salariés, ces universitaires n’hésitent pas à dénigrer sans cesse - dans leurs cours, comme dans leurs apparitions publiques lors de débats et conférences, ou bien encore dans leurs publications et leurs écrits faits sur place ou à l’étranger - Israël, sa raison d’être, son peuple et son armée…
Une action de Im Tirtzou qui s’est même étendue à Béer-Chéva jusqu’auprès de certains grands donateurs étrangers de cette université - bien sûr très pro-israéliens et sionistes - auxquels nous nous sommes directement adressés pour leur demander s’ils savaient vraiment à quoi était en fait parfois employée une partie de leur argent…
Tout cela a créé de nombreux remous dont la presse nationale s’est fait l’écho… Si bien que la direction de l’université du Néguev s’est enfin résolue à faire un « audit interne » censé élucider cette question. Nous avons d’ailleurs proposé qu’entretemps, et avant de connaître les résultats de cette enquête, les donateurs puissent continuer à soutenir cette université en versant leurs dons sur un compte en banque spécialement ouvert par nous à cet effet : s’ils sont satisfaits des conclusions de cet audit, nous transfèrerons leur argent à l’université, sinon, nous le leur restituerons ! H- Outre ces succès assez ponctuels, quelle est votre influence réelle auprès du leadership et des grands décideurs du pays ?
RS- Nos diverses actions de défense idéologique et médiatique d’Israël sur les campus et partout ailleurs ont atteint la Knesset, et notamment sa Commission parlementaire de l’Éducation : nous venons en effet de remettre à tous ses membres un rapport de fond sur l’anti-israélisme et l’antisionisme scandaleux diffusés - sur fonds d’État - par des départements entiers de certaines universités du pays. Ce document, qui propose une réforme dans la législation des modalités du financement des universités et du contenu de leurs programmes d’enseignement, est à présent examiné avec le plus grand sérieux par de nombreux députés.
Plus largement, alors que d’autres projets de réformes sont actuellement déployés dans plusieurs directions, Im Tirtzou entretient des relations de travail de plus en plus fructueuses avec plusieurs ministres - comme Boggy Ayalon ou Gidéon Saar (Éducation) -, ainsi que des liens rapprochés avec des parlementaires de plusieurs partis, notamment de Kadima et du Likoud. En fait, nos buts ne sont en rien sectaires et partisans, ni aliénés par telle ou telle faction de l’échiquier politique israélien : il s’agit d’un combat à plusieurs niveaux mené dans l’intérêt général de tout le peuple d’Israël pour le « revitaliser » et pour une meilleure compréhension du projet sioniste !
H- Comment expliquez-vous la hargne et l’intolérance avec lesquelles cette élite que vous dénoncez a répliqué à vos actions en milieu universitaire ? (***)
RS- Il faut comprendre que c’est la première fois dans l’histoire d’Israël qu’un organisme public remet en cause - aux yeux de tous et en l’interpellant avec ses propres armes intellectuelles - cette élite monopoliste et sectaire, dressée contre les valeurs juives qu’elle croit évacuer d’un revers de main en les qualifiant d’« archaïques et désuètes ». Et ce, en l’interpellant précisément là où « ça fait mal » : à savoir au niveau du contenu même de ses dogmes et préjugés ! D’autant que nous appelons à une « deuxième révolution sioniste » qui serait, après la phase du retour « physique » opéré depuis 1948 par notre nation, cette fois de nature plus culturelle et idéologique, ainsi que fondée justemement sur d’authentiques valeurs juives.
Grâce à cela, une partie de la presse et certains hauts responsables sociaux et politiques (d’ailleurs jusqu’au Premier ministre lui-même dont nous avons reçu les félicitaitons !) prennent peu à peu conscience du fait que le débat public a trop longtemps été confisqué par les fausses certitudes de cette véritable secte idéologique. Laquelle - ne nous faisons toutefois guère d’illusions ! - a encore beaucoup de pouvoir…
Tout ce que nous voulons, c’est simplement aider notre peuple à se réveiller, à se ressaisir et à réussir à faire enfin entendre sa propre voix si longtemps confisquée par le véritable « Thermidor anti-sioniste » opéré, au fil des années, par cette élite ultra-minoritaire ! Et à la vérité, ce qui nous fortifie le plus pour aller de l’avant dans cette direction authentique, ce sont les chaleureux encouragements sans cesse recueillis ici et là sur le terrain, partout où Im Tirtzou intervient et se manifeste, de la part de milliers de citoyens de ce pays.
Pétitions et contre-pétitions
Des polémiques très politiques autour du nouveau Centre culturel d’Ariel…
Censé ouvrir le 8 novembre prochain avec des représentations déjà programmées, le nouveau Centre culturel d’Ariel (CCA) - qui comporte une salle de spectacles de 530 places et un auditorium de 100 places - a tout récemment fait l’objet d’une séries de polémiques publiques. Et ce, pour la seule raison qu’il est installé au cœur de la plus grande ville juive de Samarie, considérée comme « un territoire occupé » par l’extrême gauche israélienne et une certaine élite intellectuelle qui s’identifie depuis longtemps à ses dogmes et à ses idéaux.
Tout a commencé le 28 août dernier lorsque les médias ont publié une « lettre ouverte » signée par quelque 36 professionnels (acteurs et techniciens) appartenant aux diverses troupes de théâtre invitées à l’ouverture du CCA et annonçant leur refus de se produire en « Cisjordanie occupée »… Une démarche soutenue deux jours après par un groupe d’intellectuels d’extrême gauche - dont les écrivains A. B. Yéhoshua, Amos Oz et David Grossman - qui ont signé une pétition en solidarité avec ces 36 « théâtreux » refusant de se produire à Ariel. Appelée par le mouvement pacifiste d’extrême gauche Chalom A'hchav, une manifestation de soutien devait aussi se tenir à Tel-Aviv le lundi 30 août devant le siège du Théâtre national Habima, qui a regroupé plusieurs centaines de personnes ainsi que deux parlementaires de Meretz et un député arabe israélien.
Or, ces initiatives partisanes de l’extrême gauche ont soulevé une tempête de protestations : d’abord au sein du gouvernement Nétanyaou, où le Premier ministre a lui-même déploré, en début de semaine dernière, le fait qu’« à l’heure où l’Etat d’Israël est l’objet d’une vaste entreprise de déligitimation par certains groupes au sein de la communauté internationale - dont des boycotts économiques, universitaires et culturels -, la dernière des choses dont le pays besoin c’est ce type d’attaques de l’intérieur ! ».
Parallèlement, de nombreuses pétitions lancées ces derniers jours sur Internet et signées par des milliers d’Israéliens du rang habitant dans toutes les régions du pays ont apporté leur soutien au CCA, de nombreuses personnes téléphonant aussi à son secrétariat pour réserver des places aux spectacles annoncés./ Ce qui a fait dire à Jenny Simo, le directeur administratif du CCA : « La lettre de refus et la pétition des gens d’extrême gauche voulant boycotter notre Centre ont eu un effet totalement inverse à celui escompté par leurs signataires ! Lesquels continuent, avec leur morgue habituelle, de nous considérer comme des citoyens de ‘seconde zone’ parce que nous habitons en Samarie ! Et ce, alors que 90 % des soldats d’Ariel, servant dans Tsahal pour défendre Israël, appartiennent à des unités d’élite ».R.D.
La contre pétition des chanteurs israéliens
Deux jours après que les "gens du théâtre" aient appelé au boycott du centre culturel d'Ariel, plusieurs chanteurs israéliens ont accepté de signer un appel dans lequel ils se déclarent prêts à produire leur spectacle dans le nouveau centre. "Nous, artistes considérons que dans tout région d'Israël où vivent des citoyens israéliens et en particulier dans la ville d'Ariel, ces citoyens ont droit a profité de spectacles artistiques" est-il écrit dans cette pétition. Parmi les chanteurs qui l'ont signé, Yéhoram Gaon, Shaïké Levy, Shlomi Shabat , Moche Peretz; Hanan Yovel, Sarit Hadad et Eyal Golan. Ce dernier est même allé plus loin. Il a annoncé qu'il serait heureux de présenter bénévolement son spectacle lors de l'inauguration du centre, le 8 novembre prochain. Le maire d'Ariel Ron Na'hman a immédiatement accepté cette offre. D.H.
(*) Im Tirtzou tire son nom du début de la fameuse phrase prononcée à Bâle en 1897 par Théodore Herzl, le fondateur du sionisme politique, lors du 1er Congrès sioniste : « Et si vous le voulez [en hébreu : Im Tirtsou], ce ne sera pas un rêve ! ».
(**) www.imti.org.il
(***) Voir aussi, à ce propos, notre article d’actualité sur les différentes prises de position d’intellectuels israéliens opposés ou favorables à se produire au nouveau Centre culturel de la ville d’Ariel, en Samarie.