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Malaassot - le blog de mordehai              -           ! ברוך הבא

Plus qu'une vilénie, une faute

9 Juillet 2009 , Rédigé par mordeh'ai Publié dans #Politique

Mercredi 8 juillet 2009 
Le 2 juillet, la chancelière allemande Angela Merkel a exigé, devant le Bundestag, « des engagements de toutes les parties au Moyen-Orient, notamment en ce qui concerne un gel des constructions dans les colonies israéliennes en Cisjordanie ». Elle a estimé que ce dernier point conditionnait la poursuite d’un processus de paix et la mise en place « urgente et nécessaire » d’une solution fondée sur la coexistence de deux Etats en Palestine. 

Ce propos est évidemment une vilénie. Sur le fond, puisqu’il fait retomber sur Israël la responsabilité principale, sinon exclusive, de l’échec de tous les processus de paix israélo-palestiniens, des accords d’Oslo de 1993 à la « feuille de route » de 2002, comme si Yasser Arafat n’avait jamais existé, comme si le Hamas, aujourd’hui, n’existait pas, et comme si le Fatah de Mahmoud Abbas, composante principale de l’Autorité palestinienne actuelle, avait réellement renoncé au démantèlement de l’Etat juif. Mais aussi dans sa forme, puisque la chancelière allemande oublie et renie purement et simplement les positions pro-israéliennes qu’elle n’avait cessé jusque là de défendre. En mars 2008 encore, Angela Merkel déclarait devant un autre parlement, la Knesset israélienne, que l’Allemagne assumait une « responsabilité spéciale » envers le peuple juif en raison de la Shoah. Elle n’avait pas évoqué, à cette époque, la question des « colonies » israéliennes, ni abordé celle de Jérusalem-Est, qu’elle jugeait « trop complexe ».

La seule excuse de Merkel, c’est qu’elle n’est pas seule dans ses palinodies. Elle ne fait que suivre le président français, Nicolas Sarkozy, pro-israélien presque excessif avant son élection, qui envisageait pourtant, sitôt élu, de nommer Hubert Védrine au Quai d’Orsay. Ou l’Américain Barack Obama, qui allait à Sdérot quand il n’était que candidat, et ne va plus, aujourd’hui, qu’à l’université Al-Ahzar.

Mais l’important n’est pas là. On n’attend pas d’un prince – même en démocratie – d’être un saint, mais un homme habile et sensé. En reniant aujourd’hui l’Israël qu’ils avaient feint hier d’encenser, Merkel, Sarkozy ou Obama, servent-ils leur propre politique ? Non. Pour reprendre et paraphraser – mutatis mutandis -  le mot de Talleyrand : « Madame et Messeigneurs, ce que vous commettez est pire qu’un crime, c’est une erreur ».

Si le but est d’obtenir des concessions israéliennes, le procédé est mal choisi. George Mitchell, émissaire d’Obama au Proche-Orient, aurait dit, selon le Yedioth Aharonoth, au gouvernement israélien : « Quand vous aurez déclaré le gel de la colonisation en Cisjordanie, les pays arabes qui n’ont pas de relations avec vous permettront à vos avions de survoler votre territoire ». En d’autres termes : suicidez-vous et vous pourrez faire un peu plus de tourisme.

C’était déjà l’offre de Hafez el-Assad, le fondateur de la dynastie alaouite syrienne, dans ses négociations de l’an 2000 : « Donnez-moi le Golan et même la rive orientale du lac de Tibériade, en d’autres termes la suprématie géostratégique, et vous pourrez vous rendre à vos vacances turques, à Antalia,  par la route, via la Syrie, plutôt que par avion ».  Comme on le sait, Israël, alors dirigé par le travailliste Ehud Barak, accepta alors ce deal insensé, sous la pression de Bill Clinton. Et ce fut Assad qui refusa. Clinton n’en revint pas. Il ne comprenait que la logique du Moyen-Orient, d’Amalek à l’Iran des mollahs, et des Assyriens aux jihadistes, n’est pas de tout obtenir, mais d’obtenir plus que tout. Qu’elle n’est pas de gagner une guerre mais de manger le vaincu tout cru. Et que la concession israélienne ne servait qu’à démontrer qu’Israël, n’étant plus capable de se défendre, était destiné à mourir.

Israël n’a jamais méprisé les vacances, même chez l’ennemi. Mais son existence lui est plus chère encore. Et le précédent de 2000 lui est resté sur le cœur. C’est pourquoi, depuis, il vote à droite. C’est pourquoi Nethanyahu est aujourd’hui premier ministre, et non Tsipi Livni. (Barak, qui a tiré la leçon lui aussi, est le ministre de la Défense de Nethanyahu).

Mais allons plus loin. Quelle garantie Obama, Sarkozy, Merkel, appportent-ils à Israël si celui-ci souscrit à leur demande et gèle les constructions en Cisjordanie (y compris, selon la véritable pensée du Département d’Etat américain, du Quai d’Orsay français, et du Service extérieur allemand, Jérusalem) ? Leur parole. Mais celle-ci ne vaut hélas plus rien. Ils l’ont eux même brûlée, réduite en cendre, en tenant leurs propos d’aujourd’hui. Obama, en particulier, devrait savoir que son prédécesseur George W. Bush, partisan ardent de la solution des deux Etats en Palestine, a confirmé explicitement à Israël par un instrument appelé « lettre du président des Etats-Unis » que Washington reconnaissait la légitimité, quarante ans après la guerre des Six Jours et en conformité avec la résolution 242 du Conseil de sécurité des Nations Unies, d’un rattachement à Israël des principaux « blocs de population israélienne » en Cisjordanie, soit 3 à 5 % du territoire contrôlé par la Jordanie avant le 4 juin1967 – et 90 % du total des implantations.

S’il prétend ne pas être lié pas les engagements de George W. Bush, qu’Obama ne s’étonne pas de l’inefficacité de ses propres garanties. Ce n’est plus affaire de sentiments ou de morale, mais de simple bon sens. Il se prive d’un moyen important de persuasion, donc de pression.
Plus qu’une vilénie – une erreur.


© Michel Gurfinkiel & Hamodia, 2009
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