Le Liban, les Saoudiens et les échecs du Moyen-Orient

Par Sarah N. Stern

https://www.algemeiner.com/2017/11/16/lebanon-the-saudis-and-middle-east-chess/

Adaptation Mordeh'aï pour malaassot.comreproduction autorisée avec mention de la source et du lien actif

Le Premier ministre libanais Saad Hariri a récemment choqué la communauté internationale en annonçant sa démission. Hariri, un dirigeant politique sunnite, a fait l'annonce depuis l'Arabie saoudite, où certains spéculent qu'il est détenu en résidence surveillée, tandis que d'autres disent qu'il est là de son propre chef - parce qu'il craint pour sa vie.

Ces craintes ne seraient pas sans fondement. En 2005, son père, le Premier ministre Rafic Hariri, a été assassiné par une voiture piégée qui aurait été posée par le Hezbollah.

Le Moyen-Orient est une région mystérieuse, où la suspicion plane lourdement dans l'air - même dans des conditions normales. Mais toute la région, comme récemment, est embourbée dans des circonstances extraordinaires.

Depuis l'accord nucléaire iranien de 2015, l'Iran a été largement encouragé, renforcé et enrichi. Et même avant cela, les Iraniens étaient en marche dans toute la région, semant des actes d'agression à Sanaa, Bagdad, Damas et Beyrouth. Ils tentent d'établir un croissant chiite s'étendant de Téhéran à travers le Moyen-Orient.

Le Liban est devenu un état fantoche de l'Iran, et les forces armées libanaises sont maintenant dominées par le Hezbollah. Un fait important que beaucoup de gens ne savent pas, c'est que nous avons toujours un poste dans le budget des US Defence Appropriations pour 100 millions de dollars qui va à l'armée libanaise.
 

Il ne fait aucun doute que, dans les circonstances actuelles, cet argent tombe - directement ou indirectement - entre les mains du Hezbollah. Donc, à moins et jusqu'à ce que le Liban puisse se débarrasser du Hezbollah, l'argent des contribuables américains sera entre les mains d'une organisation qui a été répertoriée par notre propre Département d'Etat comme un groupe terroriste.

Saad Harari sait lire les feuilles de thé. La semaine même de son annonce surprise, les rebelles Houthi soutenus par l'Iran au Yémen ont lancé un missile sur l'aéroport national King Khalid, près de la capitale saoudienne de Riyad. Le missile a été intercepté par des batteries US Patriot appartenant aux Saoudiens.

Le 4 novembre, a marqué le remaniement saoudien le plus agressif de ces derniers temps. Le prince héritier saoudien Mohammad bin Salman, 32 ans, a purgé le gouvernement de 11 membres de la famille royale saoudienne et d'autres élites du monde des affaires - dans ce qu'il a qualifié de "répression de la corruption".

En réalité, beaucoup ont vu cela comme un moyen de consolider son pouvoir et d'écraser ses rivaux politiques. Comme l'a rapporté Reuters, le Ritz Carlton de Riyad a été transformé en une prison temporaire - quoique luxueuse.

Ajoutant à l'intrigue, un jour après que le prince héritier ait annoncé sa purge de palais, un hélicoptère transportant le prince Mansour bin Muqrin s'est mystérieusement écrasé - tuant un potentiel rival au pouvoir du prince héritier.

Le jeune prince saoudien agressif et ambitieux ne prend pas à la légère l'agression iranienne dans la région. L'Arabie Saoudite a exhorté ses citoyens à quitter le Liban. En fait, le 6 novembre, le ministre des affaires du Golfe d'Arabie saoudite a écrit que le Liban "a déclaré la guerre à Riyad".

Certains pensent que cela pourrait être un indicateur d'une nouvelle guerre entre les musulmans sunnites et chiites - le dernier chapitre d'un conflit vieux de 14 siècles sur qui portera le manteau de l'Islam. L'Iran et l'Arabie Saoudite sont des experts dans la lutte contre les guerres par procuration sur le sol de quelqu'un d'autre. Comme le dit une blague qui circule à Beyrouth: "Les Saoudiens sont prêts à se battre contre les Iraniens, jusqu'aux derniers Libanais".

En attendant, il y a au moins 100.000 missiles qui pointent sur Israël au nord de l'Etat juif. Le 11 novembre, l'armée de l'air israélienne a intercepté un drone qui est tombé sur la zone démilitarisée juste au nord des hauteurs du Golan. Un jour plus tôt, la BBC a rapporté que l'Iran avait établi une nouvelle base militaire, juste au sud de Damas. Le ministre israélien de la Défense, Avigdor Lieberman, a déclaré sans équivoque samedi dernier: "Nous ne permettrons pas la création d'un axe chiite en Syrie en tant que base opérationnelle".

Ces développements sont tous liés. Au Moyen-Orient, on ne peut pas jouer aux dames ou aux échecs. Le jeu est un jeu d'échecs en trois dimensions, où la perte d'un pion sur une planche affecte le positionnement des chevaliers, des reines et des rois sur deux autres planches.