UNE FLOTILLE POUR NUIRE À ISRAEL EN NIANT SA SOUVERAINETE NATIONALE: ANALYSE DU MOTIF
Par Maître Bertrand Ramas-Mulhbach
Pour © 2011 lessakele et © 2011 aschkel.info
Ce 5 juillet 2011, une douzaine de bateaux devrait quitter de nombreux pays (Etats Unis, Canada, France, Suisse, Norvège, Italie…) pour tenter de
rejoindre la bande de Gaza et essayer d’atteindre les objectifs définis par les organisateurs, à savoir, d’une part briser le blocus qui asphyxierait et affamerait plus d’un million et demi de
personnes et, d’autre part, apporter de l’aide humanitaire et du matériel médical à une population qui en manquerait cruellement. Ainsi, par exemple, le Collectif des Musulmans de France présent
sur l’un des bateaux français, a souligné l’ampleur considérable de cette cause qui « nous touche en tant que musulmans, en tant que citoyens soucieux des droits humains et en tant qu’êtres
humains. La souffrance de ce peuple est une insulte à la dignité humaine »…
L’adhésion à cette démarche n’est pourtant pas unanime : le 1er juillet 2011, le Ministre grec de l’Intérieur a annoncé le refus par la Grèce d’autoriser tout bateau qui appareillerait de son territoire (provoquant la colère des organisateurs de la manifestation et leur dénonciation de cette décision prise sous « pression israélienne » dans un « silence complice de l’Union Européenne »). Par ailleurs, des bateaux ont été endommagés comme le Juliano à Athènes ou un autre battant pavillon irlandais dans un port de Turquie, conduisant les organisateurs de la flottille à en imputer la responsabilité aux services israéliens.
Il s’avère, en effet, que cette flottille est parfaitement inutile dans la mesure où le blocus de la bande de Gaza ne vise qu’à empêcher l’importation des armes, non des vivres ou du matériel médical. Dès lors, les produits de première nécessité peuvent être acheminés à Gaza via les points de passages contrôlés par Israël ou directement par la frontière entre la bande de Gaza et l’Egypte puisque les biens et les personnes y circulent désormais librement. Les hommes d’affaires palestiniens ont d’ailleurs bien rappelé que le problème n’était pas l’entrée des marchandises à Gaza, où il n’existe aucune pénurie en biens ou en aide humanitaire, mais celui des exportations en provenance de Gaza (notamment à destination de la Cisjordanie).
La flottille poursuit en réalité un objectif parfaitement extérieur au bien être des palestiniens, en l’occurrence nuire à Israël en niant sa souveraineté nationale par l’exploitation d’un phénomène tout à fait original inspiré des thèses du Hamas.
Le Hamas est, en effet, un mouvement national qui appelle ouvertement à l’éradication d’Israël et à l’extermination du peuple juif sans que personne n’y trouve quoi que ce soit à redire. Autrement dit, et bien que le programme idéologique de ce mouvement palestinien constitue une incitation au crime contre l’humanité, bon nombre l’assimile à un programme de résistance. Aussi, défendre les palestiniens de Gaza devient une manière d’exprimer des tendances refoulées telles le refus du droit pour les juifs à l’autodétermination, de leur droit de vivre ou encore de celui de diffuser au sein de leur société les normes morales contenues dans leurs textes sacrés.
Ainsi, à aucun moment il n’est demandé aux palestiniens de la bande de Gaza qu’ils renoncent à leur Charte, qu’ils signent un accord de paix avec Israël, qu’ils renoncent à toute importation d’armes et qu’ils cessent d’enseigner aux jeunes générations la haine du juif. Bien au contraire. Les palestiniens de la bande de Gaza symbolisent l’espoir de tous ceux qui attendent la chute d’Israël, raison pour laquelle le débat n’est jamais placé sur le terrain de l’atteinte portée à la souveraineté nationale israélienne résultant de l’objectif de son anéantissement, de l’entrée dans ses eaux territoriales sans autorisation, ou encore de la violation de ses décisions nationales…
Parmi ceux qui attendent de voir tomber Israël, il y a tout d’abord ceux qui sont attachés à la lettre des textes religieux et non à leur esprit, dans le christianisme comme en Islam. Ainsi, certains chrétiens restent définitivement convaincus que les juifs sont collectivement responsables de la mort de Jésus et qu’ils doivent être punis, en s’appuyant sur des versets qui ne laissent planer aucun doute sur la question (Mt 27,25 : que son sang retombe sur nous et sur la tête de nos enfants ; Jn 7,19 pourquoi voulez vous me tuer ? Jn 8,44 : vous avez pour père le diable ; 1 Th 2 14-16 : ces gens là ont mis à mort le Seigneur Jésus et les prophètes, ils ne plaisent pas à Dieu et sont ennemis de tous les hommes quand ils nous empêchent de prêcher aux païens pour leur salut). Pour ces derniers, il n’est pas possible d’expliquer que les auteurs des Evangiles n’ont pas pensé ce qu’ils écrivaient, que les textes doivent être replacés dans leur contexte historique ou encore que le problème est théologique, non historique : les paroles d’Evangiles ne peuvent être remises en question. Aussi, soutenir les palestiniens de Gaza devient alors le moyen de provoquer une punition collective des juifs sans pour autant l’appeler. / De même, en islam, le Coran contient de nombreux versets laissent penser que les juifs sont des mécréants. Il leur est notamment reproché de s’être éloignés du Créateur (2,63-64), d’être incrédules (43, 29-31), d’être infidèles et d’avoir violé le pacte Divin (11, 110-111 ; 4,153), d’avoir vendu leur âme (2,90-91), de falsifier les écritures (2,75 ; 9,30), d’avoir une piètre opinion de Dieu (5,64), d’être plus avides que les autres hommes (2,94), d’avoir le cœur endurcis (2,74), de mentir (5,41), de ne pas croire aux prophètes et de se lier aux mécréants (5,70-71), d’enfreindre la loi au point d’être voué à la Géhenne (7,161), d’être des ennemis de l’Islam (4,44), d’être hypocrites (5,18), de nier le prophète (2,146), de s’éloigner de la religion d’Abraham (3,65-66), d’être idolâtres ( 98, 1-3)… au point qu’il est préférable de ne pas les fréquenter (5,51). Les musulmans imprégnés des écritures coraniques seront donc enclins à exprimer fidèlement leur solidarité à l’égard des palestiniens de la bande de Gaza, ne serait ce que pour favoriser l’avènement des annonces contenues dans le Coran…
S’agissant des personnes athées, le soutien des palestiniens de la bande de Gaza est un moyen de participer au processus de sa chute et ainsi de rapporter la preuve que Dieu n’existe pas et qu’ainsi, il ne peut avoir choisi un peuple particulier et encore moins lui avoir promis une terre de résidence.
D’autres, jalouses, ne supportent pas la réussite d’autrui en général et celle des juifs en particulier. Leur frustration est génératrice d’agressivité, raison pour laquelle elles expriment leur solidarité à l’égard des palestiniens de la bande de Gaza, tel un moyen insidieux de nuire aux juifs, dont la dimension est à la fois réelle et symbolique. Leur agressivité pulsionnelle leur permet alors de s’affirmer individuellement, de protéger leur égo tout en dissimulant leur mal être… Ainsi, la haine du juif reste suffisamment puissante pour présenter la flottille comme un devoir humanitaire alors que le véritable motif est étranger à la cause palestinienne. Pour autant, la provocation d’Israël recherchée par les organisateurs et leur attente quant à une réaction disproportionnée, ne devrait pas avoir le résultat escompté. Le discrédit jeté sur l’opération et la meilleure visibilité des objectifs recherchés par les organisateurs et les participants devrait conduire à une meilleure affirmation du principe de la souveraineté étatique, concept clé du Droit international public qui décrit le pouvoir suprême d’un Etat ne souffrant que d’une seule exception : le devoir d’ingérence humanitaire, à condition qu’il ne soit pas imaginaire.