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Malaassot - le blog de mordehai              -           ! ברוך הבא

Tintin en Palestine

26 Avril 2011 , Rédigé par mordeh'ai Publié dans #Revue de presse

Jean-Pierre Chemla
© Primo, 25-04-2011

Suffit-il de porter un sac à dos pour être un baroudeur ? D’utiliser les transports locaux pour être un aventurier ? De boire le thé chez l’habitant pour être un témoin objectif ?

Ou bien peut-on à la fois faire tout cela et rester un conformiste exemplaire ? Un animal hybride à mi-chemin entre le mouton bêlant sa rengaine panurgienne et le loup hurlant avec la meute son slogan stalinien.

 

A vous de choisir à quelle espèce appartient Pascal Mannaerts, photographe mandaté par le magazine Géo pour rendre compte de son «vécu» lors de sa visite dans les « territoires occupés » pour reprendre la terminologie chère aux chancelleries occidentales.

 

Pascal Mannaerts est comme Stéphane Hessel. Tout comme le vieillard narcissique, il veut se sentir appartenir à la communauté des humanistes qui, croit-il, le rapprocherait de celle des humains. Même si cet humanisme-là souffre, depuis sa naissance vers 1967, d’une hémiplégie congénitale : celle d’exclure un peuple – au hasard, le peuple israélien – de cette communauté ainsi que du droit de se protéger et de se défendre.

 

Sous sa plume et son objectif, le mur de séparation est qualifié de «serpent». On comprend

que cette appellation fait appel autant à la forme de ce mur sur une vue aérienne qu’à la signification métaphorique que notre Tintin (Oui, Mannaerts est Belge !) veut lui donner.

 

On évitera de raconter quelles circonstances historiques ont amené Israël à construire ce mur «se faufilant, lâche, sinueux mais incontournable, à travers les terres de Palestine». On omettra surtout de rappeler combien de vies ont été sauvées grâce à lui. Certes, il ne s’agit que de vies israéliennes, mais quand même ! Le pourcentage d’attentats-suicide est tout de même tombé, depuis sa finition, à… 0% !

 

Alors c’est vrai, il y a les check-points et les longues files d’attente, les récits de jeunes Palestiniens confrontés à des interrogatoires musclés de militaires israéliens. Tout cela nous est restitué avec force larmoiements et tout le pathos qui sied aux bons reportages sur les «territoires».

 

En fait, il ne s’agit que de la vie quotidienne on ne peut plus banale lors d’un conflit armé. Et ce conflit est plutôt qualifié par les spécialistes de «basse intensité». Et l’armée responsable de ces «humiliations» est plutôt reconnue par les experts militaires internationaux comme l’une des plus éthiques du monde.

 

Mais quand on hait, on ne compte pas. Foi de Tintin !

 

Les Israéliens, eux, sont évoqués comme des «colons» complètement déshumanisés. Ils n’ont pas de visage, pas d’existence réelle autre que celle d’exploiteurs des terres et des hommes. Tintin ne nous en parle que comme ceux qui vivent «en haut» et ont pour occupation favorite de balancer leurs détritus sur les humains (humains = Palestiniens dans le lexique mannaertsien).

 

Ne nous étonnons pas que le massacre de la famille Fogel, le père, la mère, et leurs trois enfants dont un bébé de quatre mois ait suscité si peu de compassion et quasiment zéro commentaire dans les médias français. Comment s’identifier à ces «colons» robotisés par les reportages de la presse écrite et audiovisuelle surtout lorsqu’ils émanent de quelqu’un d’aussi sympathique que Pascal Mannaerts? Peut-on avoir une si bonne bouille et un si joli site de photographies et être en même temps un faussaire ?

C’est la même problématique qu’avec Hessel. Comment un vieux sage de 94 ans pourrait-il se rendre coupable d’une imposture ? Impossible ! Donc, buvons ses paroles et n’imaginons même pas que l’on puisse, à cet âge, être tellement vaniteux et tellement demandeur d’ovations que l’on n’hésite pas à jeter en pâture le peuple que la foule veut voir jeter en pâture.

Tout cela est finalement plus misérable que scandaleux. Le glissement progressif d’Hessel comme celui d’un magazine qui avait, il y a quelques années, l’ambition de nous faire découvrir «un nouveau monde : la terre».

 

Aujourd’hui, Géo n’est plus qu’un organe politique, devenu pour la mouvance écologiste ce que l’Humanité fut pour le Parti communiste.

Muni de la novlangue doctrinaire qui va avec…

PS : l’auteur de ces lignes en profitera pour mettre (enfin) un terme à ses 28 ans d’abonnement à ce magazine qui n’est plus que l’ombre pâle de ce qu’il était.

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