Suite au "Printemps arabe": Le Hamas relève la tête
Par Dore Gold
Source:Le CAPE de Jerusalem
Link: http://www.jcpa-lecape.org/
29/01/2012
Ces dernières semaines, les Etats Unis ont été plus proches que jamais pour négocier avec les Talibans dans le cadre des efforts de l'administration Obama pour mettre fin à l'implication de l'armée américaine en Afghanistan. Par la suite, les Talibans ont ouvert un bureau de liaison à Doha, Qatar. Depuis déjà une année que l'administration américaine applique cette nouvelle politique supposant que le processus conduira finalement les Talibans à déposer leurs armes, qu'ils condamneraient Al-Qaïda et le terrorisme en général et s'engageraient à agir uniquement dans le cadre de la constitution Afghane.
Dans le passé, les Américains ont posé ces exigences comme conditions préalables aux négociations et non pas comme objectifs. En 2001, les Etats Unis sont entrés en guerre contre les forces des Talibans parce qu'ils avaient accordé un refuge à Oussama Ben Laden et à Al Qaïda avant les évènements du 11 septembre. De ce fait, les dirigeants Talibans figuraient dans les listes des terroristes internationaux de l'ONU et les Talibans ont été considérés comme une organisation terroriste à part entière.// Les pourparlers des Etats Unis avec les Talibans ne sont qu'un exemple d'un Etat cherchant par tous les moyens une possibilité de négocier avec ses ennemis et en particulier avec des organisations terroristes internationales. Ce type d'initiative a de nombreux précédents. Deux experts de l'histoire de l'Irlande à l'Université Cambridge, John Bio et Martin Farmfton, ont rédigé un ouvrage important intitulé: "Parler avec les terroristes", où ils présentent les différents critères de négociations possibles.
Ce livre est basé sur la décision de la Grande Bretagne de négocier avec l'IRA qui a conduit en 1998 au" Traité du bon vendredi", servant souvent les politiciens britanniques comme preuve d'utilité pour négocier avec les terroristes. En effet, durant plusieurs années des fonctionnaires britanniques ont prié Israël d'entamer des pourparlers avec le Hamas. A Londres, des commissions parlementaires exigeaient également du gouvernement britannique d'ouvrir un canal de communication avec les Frères musulmans.// Les auteurs de cet ouvrage ont averti leurs lecteurs que des négociations avec des terroristes dans des conditions non propices pourraient entrainer une spirale de la violence et ils apportent en exemple l'une des premières tentatives des Britanniques en 1972.
L'IRA a accepté un cessez-le-feu temporaire sans renoncer à la violence, mais peu de temps après elle a violé la trêve en lançant 22 attaques terroristes en une seule journée.
Toujours selon les auteurs, les pourparlers ont réussi que longtemps plus tard parce que les forces britanniques ont infligé dans les années 90 une cuisante défaite à l'IRA: elles se sont infiltrées dans les rangs de la résistance irlandaise et ont gravement endommagé leur capacité opérationnelle.
Lorsque le 22 décembre dernier, Mahmoud Abbas et la direction de l'OLP ont rencontré les dirigeants du Hamas et du Jihad islamique au Caire, les porte-parole palestiniens ont déclaré que le Hamas subit un processus de modération. Ils ont tenté de rationaliser l'existence d'un accord de réconciliation entre le Fatah et le Hamas en le présentant comme une réussite diplomatique. D'autres, avaient également déclaré que suite au Printemps arabe et à la montée des Frères musulmans, le Hamas est devenu moins isolé et donc plus ouvert à adopter de nouvelles positions. Dans son rapport sur la réunion au Caire, le correspondant du "Washington Post" s'est référé à "des signes de pragmatisme" de la part du Hamas.
La plupart des analyses sur la modération du Hamas n'est qu'un vœu pieux dans le meilleur des cas et sans doute l'effet de la propagande palestinienne.
Cinq jours après la réunion au Caire, le Hamas a publié un communiqué officiel en arabe: "Nous soulignons notre attachement à notre droit de combattre par tous les moyens et en particulier par la lutte armée pour pouvoir mettre fin à l'occupation. Seuls la résistance, le Jihad et la mort des martyrs pour Allah sont les seules voies pour obtenir nos droits et la libération de notre terre, d'Al-Qouds (Jérusalem) et les lieux saints."
Ces propos ont été repris par le Premier ministre du Hamas, Ismaïl Hanyeh et par la suite par plusieurs dirigeants du mouvement islamiste. Encouragé par la montée des Frères musulmans dans les pays arabes, le Hamas poursuit ses diatribes de plus belle. Le Hamas ne se présente pas comme vaincu et donc ne pense pas changer d'attitude pour survivre. C'est le cas des Talibans avec les Américains qui d'ailleurs mettront fin à leurs opérations militaires en 2014.
En conclusion, Les pressions exercées sur Israël durant les prochaines années pour le forcer à mener des négociations directes avec le Hamas, seront probablement influées par les suites de l'expérience américaine dans les pourparlers avec les Talibans.