Lundi semble avoir été le jour le plus humide de tout l'hiver, mais personne n'en aura la certitude. Le niveau du Kineret (lac de Tibériade) a
pu remonter de plusieurs centimètres, mais aucune mesure n'a été réalisée. La raison : une grève des employés de l'Autorité des eaux qui dure depuis deux mois.
Cette semaine, des nappes d'eau ont progressivement recouvert le pays, des tempêtes ont bloqué et tué des voyageurs dans leurs voitures. Mais
personne n'a mesuré le niveau des pluies ni celui du Kineret depuis le 3 décembre 2009. A l'époque, le niveau du lac était de 5,51 mètres au-dessous de la "ligne
rouge".
Des tempêtes meurtrières
Un automobiliste israélien s'est noyé lundi, son véhicule emporté dans une crue subite dans le sud du pays, où la route principale allant des
stations de la mer Morte à Eilat est bloquée.
Ailleurs au Moyen-Orient, les intempéries et les crues subites ont fait cinq morts lundi. Parmi les victimes, un touriste britannique, tué
dans le naufrage de son bateau sur le Nil. En Egypte, une dizaine d'habitations en terre ont été détruites dans le Sud, et trois personnes sont décédées, près de la
frontière israélienne. L'Etat hébreu a temporairement fermé ses frontières avec la Jordanie et l'Egypte à cause des pluies.
L'Autorité des eaux bloquée par la grève des employés
Dans les bureaux de l'Autorité des eaux, les machines à l'arrêt se recouvrent peu à peu de poussière. Depuis deux mois, des données majeures,
destinées à servir de base pour établir la stratégie du pays face à la crise de l'eau, n'ont pas été enregistrées. Aucun permis n'a été délivré, les compagnies d'eau sont
sans ressources, et les éléments nécessaires à une gestion effective de l'eau du pays - raison d'être de l'Autorité - ont été négligés.
Les employés de l'Autorité pointent du doigt le Trésor public. "Nous en sommes à notre huitième semaine de grève et personne ne mesure le
niveau du Kineret ni n'observe les intempéries. Pire, le ministère des Finances refuse d'entrer en négociations avec nous", témoigne Amir Shisha, chef du syndicat des
employés de l'Autorité des eaux. Les motifs de la contestation concernent une augmentation de la charge de travail et la restructuration au sein de l'Autorité en 2007,
imposée sans le consentement des employés. Le Trésor a rejeté les réclamations des employés il y a quelques semaines, et a refusé lundi de répondre aux interrogations de la
presse.
Des intempéries salvatrices face au problème de l'eau ?
Pendant ce temps, Mekorot, la Compagnie nationale des eaux, dit travailler d'arrache-pied pour recueillir l'eau des pluies. L'entreprise
gouvernementale aurait ainsi pu capter 8,5 millions de mètres cubes d'eau, alors que la sécheresse des dernières années n'avait pas permis d'effectuer de tels stockages.
Mekorot déclare également avoir pu pratiquer largement l'ensemencement de nuages, pratique consistant à favoriser les précipitations en déversant dans les nuages des sels
d'iodure d'argent ou de sodium.
Par ailleurs, Israël semble avoir définitivement fait de la désalinisation son pilier stratégique pour faire face à la crise de l'eau. Le pays
espère avoir amplifié suffisamment la pratique pour pouvoir résister à cinq nouvelles années de sécheresse, telles que celles qui ont frappé le pays depuis 2005.
Il semble que les discussions à Berlin entre les gouvernements allemand et israélien aient été fructueuses sur ces questions. Berlin a décidé
d'aider les Palestiniens pour la construction d'usines de traitement des eaux usées. Les thèmes de l'eau et des technologies alternatives ont été débattus entre le ministre
du Commerce, de l'Industrie et du Travail, Binyamin Ben-Eliezer, et son homologue allemand.
L'Allemagne a aussi confirmé sa présence à la Conférence sur les Energies renouvelables qui se tiendra à Eilat à la mi-février.