Où sont-ils? Ni représentations, ni flotilles, ni héros de pacotille, ni boycott, ni artistes indignés, rien du tout !
Par Pilar Rahola
Article traduit de l’Espagnol par Florica R.
source:http://www.terrepromise.net/
Que serait-il de nos villes si ce qui arrive actuellement en Syrie se produisait juste un peu en dessous de la carte? Autrement dit, si au lieu d’un dictateur arabe massacrant sa propre population, ' as usual ' dans cette région, il y avait eu un autre coup de Ramalla dans le conflit israélo-arabe ? Qu’est ce qui se passerait alors par ici ? Les rues seraient remplies de criards pro-palestiniens appelant à l’excommunication d’Israel, les universités exigeraient des boycotts, les suspects habituels du milieu artistard feraient des vidéos de propagande, et aux coins des consciences s’installerait encore la bonne vieille idée que les Juifs sont le plus grave problème du monde. Et tout ceci serait élaboré au moyen des paramètres sans commune mesure avec n’importe quel autre pays.
En Israël personne ne massacre lors des manifestations, aucun dictateur ne tue son propre peuple, à la place il y a un complexe conflit alimenté ad vitam eternam par les pays voisins intéressés à ce que la guerre contre Israël ne finisse jamais. Et comme si cela ne suffisait pas, pèse la menace iranienne de destruction massive. Et pourtant, bien que les missiles tombent quotidiennement sur sa population, que des groupes fanatiques se réarment au sud et que toute une armée d’islamistes harcèle sa frontière nord, quand Israël tire une seule balle nos rues crient leur indignation. Israel n’a jamais eu le droit de se défendre et pour beaucoup n’a même pas le droit d’exister.
Toutefois, quand des morts tombent sous les balles des vieux amis de l’Internationale socialiste, ceux qu’il y a deux jours étaient encore considérés comme les libérateurs des peuples, quel silence étourdissant ! Bien sûr, le lendemain de la chute tous élèvent leur voix contre le tyran renversé et oublient les vieilles complicités. Etait-ce une attaque d’amnésie qui a atteint certains à propos de Moubarak, leur faisant oublier que quelques mois auparavant il avait été un grand ami du socialisme mondial? Et concernant Ben Ali? Et Kadhafi qui arpentait La Castellana en s’y promenant avec sa tente ? Et quid de la Syrie, ce grand allié du bloc soviétique, ce «paradis de la lutte des peuples du Tiers-Monde contre l’impérialisme yankee et le sionisme» ? Je garde toujours à l’esprit ses brochures à l’usage des européens de gauche et ses victimes qui n’ont jamais intéressé personne. En fait, l’actuel président ne fait qu’honorer et continuer les tueries de son père sous la plus totale l’impunité planétaire. Mais rien de rien. Ni Artistes, ni flotille, ni manifestations, ni héros de pacotille, ni boycott ni indignés. Absolument rien. Pas des larmes de solidarité pour les morts de la Syrie car toutes les larmes se sont déjà séchées contre Israël. Alors où est-ce que tous ces dévots porteurs de bannières situent-ils le cœur de leur mobilisation: dans l’amour des uns ou dans la haine des autres? S’il s’agissait de l’amour pour les peuples opprimés ils auraient eu beaucoup de travail dans la région avant d’arriver jusqu’à Israël. Ils auraient surement commencé leurs protestations par la Syrie et l’Iran, le Yémen et l’Arabie. Et pourtant, il n’y en a que pour Israël, ce qui en dit long sur l’étendue de leurs préjugés en montrant leur énorme hypocrisie morale.