LES FRONTIÈRES DE 1967 EMPORTENT RECONNAISSANCE INTERNATIONALE DE L’ANNEXION ARABE DE JERUSALEM EN 1949
Par Maître Bertrand Ramas-Mulhbach
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20 juin 2011
Le 13 juin 2011, le frère du roi Fahd d’Arabie Saoudite a indiqué que les Etats-Unis commettraient une faute grave s’ils opposaient leur véto lors du vote sur la reconnaissance de l’Etat palestinien à l’Onu, en septembre prochain : « Si les Américains pensent qu’Israël est un allié indispensable, ils vont bientôt s’apercevoir que d’autres acteurs dans la région ne sont pas moins indispensables ». Faisant une nouvelle fois référence aux frontières « dites » de 1967, le prince saoudien a ajouté : « en 1967, les arabes ont dit non à la paix. Ils ont eu ce qu’ils méritent. Maintenant, ce sont les israéliens qui disent non ». Aussi, et menaçant Israël dans un chantage déguisé, il a ajouté préférer « ne pas être là quand ils auront ce qu’ils méritent ».
Bien que le raisonnement du prince saoudien relève manifestement du sophisme (s’agissant de situations qui ne sont en rien comparables), il est encore et toujours repris la délimitation géographique des frontières « dites » de 1967, comme s’il s’agissait du point de départ non négociable dans la recherche d’une normalisation israélo palestinienne. En focalisant le débat sur ces frontières, il est sous-entendu que la victoire de juin 1967 est la faute originelle d’Israël, nécessitant un rétablissement de la situation qui prévalait antérieurement. Ces frontières de 1967 confortent alors les condamnations d’Israël concernant la réunification de sa capitale mais également le refus de reconnaître sa loi fondamentale du 30 juillet 1980 qui a fait de Jérusalem, entière et unifiée, sa capitale éternelle.
Cette date reprend enfin les termes de la résolution 242 du 22 novembre 1967 qui a ordonné à Israël de se retirer des « territoires occupés ».
Ce faisant, la communauté internationale fait preuve d’une extraordinaire amnésie dans la mesure où les frontières de 67 valident, a posteriori, l’annexion illégale de Jérusalem réalisée par la Transjordanie le 24 janvier 1949, en parfaite violation de la résolution du 29 novembre 1947 sur le partage de la Palestine.
En effet, les frontières de 1967 occultent la déclaration de guerre faite au jeune Etat hébreu le 15 mai 1948 et le refus arabe, en 1947, de respecter la résolution 181. Aussi, passent-elles sous silence l’annexion de Jérusalem par le Royaume Hachémite le 24 janvier 1949, entérinée par le Parlement jordanien lors de l’unification des rives du Jourdain le 15 avril 1950.
Or, la communauté internationale n’a jamais sanctionné la Jordanie pour son annexion de Jérusalem qui avait vocation à être placée sous contrôle et souveraineté internationale. Elle n’a jamais annoncé publiquement son refus de reconnaître cette annexion illégale, ni exigé de la Jordanie qu’elle renonce à Jérusalem conformément aux dispositions internationales.De même la résolution 181 prévoyait l’interdiction de porter atteinte aux lieux Saints, affirmait la liberté de culte et envisageait de laisser un libre accès de visite aux Lieux Saints, sous réserve de considérations de sécurité nationale et du maintien de l’ordre public et de la bienséance. Or, à la suite de son annexion illégale, la Jordanie a défendu aux juifs de se rendre au Mur occidental entre 1950 et 1967 sans que personne n’y trouve vraiment rien à redire.
De plus, la résolution de 1947 exigeait un respect des rites religieux de chaque communauté et du droit familial traditionnel, l’interdiction de prendre des mesures qui feraient obstacle à l’activité religieuse voire encore, de toute discrimination entre les individus du fait de la religion et de la nationalité. Ainsi, était-il prévu d’assurer un enseignement primaire et secondaire aux minorités religieuses, conformément à leurs traditions culturelles. Cette mesure n’a pas non plus été respectée par la Jordanie entre 1949 et 1967 et ce, dans le plus grand silence.
Il était enfin prévu que les lieux saints et les édifices ou les sites religieux seraient préservés avec interdiction de commettre tout acte de nature à compromettre leur caractère sacré. La légion arabe a néanmoins essayé de détruire toutes les traces du judaïsme dans la vieille ville en s’en prenant aux synagogues, aux édifices religieux juifs et aux cimetières sans la moindre sanction de la communauté internationale. Une fois encore, en replaçant le débat au niveau de la date du 6 juin 1967, la communauté internationale fait l’impasse sur ces violations répétées par la Jordanie des décisions qui lui étaient opposables.
Plus grave, en validant l’annexion illégale de Jérusalem par la Jordanie et en exigeant d’Israël qu’il revienne sur ses positions antérieures au 6 juin 1967, la communauté internationale, fait, depuis 44 ans, preuve d’un extraordinaire parti pris : dans sa résolution 267 du 3 juillet 1969, le Conseil de sécurité a censuré « toutes les mesures prises [par Israël] pour modifier le statut de Jérusalem » alors qu’aucune mesure similaire n’a été prise contre la Jordanie lorsqu’elle a modifié le statut de Jérusalem.
L’on ne compte plus les résolutions qui font mention de « territoires occupés » s’agissant de Jérusalem telle la résolution 672 du Conseil de sécurité des Nations Unies, adoptée le 13 octobre 1990, alors que de tels reproches n’ont jamais été adressés à la Jordanie. La quasi-totalité des ambassades étrangères en Israël se situe à Tel Aviv rappelant que Jérusalem n’est pas considérée comme la capitale de l’Etat juif. Ce parti pris international se traduit désormais au niveau des décisions de justice telle une décision de la Cour de Justice de l’Union Européenne rendue le 25 février 2010 (en matière de saisie douanière) selon laquelle « les frontières de 1967 sont la limite de la souveraineté israélienne », qualifiant les territoires de Judée Samarie de « territoire palestiniens occupés ».
A force de répéter que la terre était plate, un bon nombre d'individus a fini par s’en convaincre. Cette forme géométrique de la terre a certainement rassuré, confirmé que les hommes étaient au centre du monde, illustré que les principes religieux dominants de l’époque étaient avérés et justifié la torture et le meurtre de tous ceux qui soutenaient le contraire.
La référence aux frontières de 1967 est du même acabit. La référence internationale aux frontières de 1967 est une ineptie d’une gravité identique, un mensonge universel, une obsession paranoïaque internationale qui permet de nuire à Israël tout en se retranchant derrière des principes d’une pseudo légalité. Sur ce point, le danger ne tient pas tant à cet acharnement de la communauté internationale contre Israël mais bien à son refus d’appliquer le droit international, voire de laisser le politique prendre le pas sur les considérations d’ordre juridique.
Les frontières de 1967 étaient israélo-jordaniennes, syriennes et égyptiennes, non palestiniennes. Par ailleurs, elles se sont déterminées sur une configuration qui violait les dispositions internationales de 1947 notamment par l’annexion illégale de Jérusalem. La communauté internationale se doit donc d’être juste et équitable. Le 23 mai 2011, le premier Ministre Netanyahou a déclaré « Je veux vous assurer d’une chose, (la paix) doit garantir la sécurité à Israël et donc Israël ne peut retourner aux frontières indéfendables de 1967».
En réalité, le retour aux frontières de 1967 est impossible, non pas parce qu’elles sont indéfendables mais bien parce que rien ne les justifie.