Les 96 heures qui ont scellé la révolution égyptienne

Par Daniel Haïk,

Hamodia No 158 http://www.hamodia.fr/

16 février 2011,

Mercredi 9 février

Après plusieurs jours d'accalmie, et face au refus persistant de Moubarak de démissionner, les organisations syndicales appellent à la grève générale. Les manifestations redoublent d'intensité sur la place Ta'hrir. Quatre manifestants sont tués lors d'un rassemblement dans le sud de l'Égypte. Depuis plusieurs jours, les dirigeants de l'armée américaine et des élus du Congrès sont en contact avec l'armée égyptienne et Omar Souliman. Objectif : procéder à une passation de pouvoir dans le calme. Le soir, les responsables de la CIA et du Pentagone débattent avec les dirigeants de l'armée égyptienne de la situation. Ces derniers les informent de leur intention de former un conseil militaire d'urgence qui retirera à Moubarak ses prérogatives de président afin de calmer la colère des manifestants. D'un commun accord avec les Américains, il est décidé que le raïs devra choisir entre un départ de son plein gré et le passage du pouvoir à l'armée.

Jeudi 10 février

Dans l'après midi, l'armée forme un conseil militaire d'urgence. Et l'on apprend alors que le président Moubarak doit prononcer vers 22 heures un discours. Sur la place Ta'hrir, les manifestants sont persuadés que le raïs va annoncer sa démission. Barak Obama, sur la base des estimations de la CIA, commet une dernière erreur d'appréciation. Croyant que Moubarak va annoncer sa démission, le président lance prématurément : « Nous sommes les témoins de l'Histoire. Les États-Unis feront tout pour garantir un passage calme vers une démocratie ». Mais Moubarak va duper le monde entier. Il prononce un discours totalement déconnecté de la situation et annonce le transfert de nouvelles prérogatives à son second, Omar Souliman. La colère fait suite à la stupéfaction sur la place Ta'hrir au Caire mais également à Washington.

Vendredi 11 février

Toujours d'un commun accord avec les États-Unis, les chefs de l'armée égyptienne lancent, en matinée, un ultimatum à Moubarak : soit une démission soit la destitution humiliante. Poussé dans ses derniers retranchements, Moubarak comprend qu'il n'a pas d'autre alternative que de démissionner. À 17h57, dans un bref message Omar Souliman annonce en direct la démission du président Moubarak. 38 mots d'un communiqué qui mettent fin à 18 jours de révolution et à 30 années de règne. *

 Moubarak s'enfuit avec sa famille à Charm el-Cheikh.

Le conseil militaire suprême publie un communiqué dans lequel il annonce qu'il prend le pouvoir provisoirement en Égypte.

Samedi 12 février

Dans un nouveau communiqué, l'armée promet de respecter tous les accords internationaux y compris les accords de Camp David signés avec Israël. Cette annonce rassure les dirigeants israéliens. Binyamin Nétanyaou publie un message dans lequel il félicite les manifestants égyptiens et leur souhaite bonne chance dans la voie qu'ils ont choisie. Ehoud Barak téléphone à son homologue égyptien, Mohamed Tantaoui, qui dirige désormais le pays.