Le tout nouveau piège d’Obama
Par CAROLINE B. GLICK
Jerusalem Post 13/05/2011
http://www.jpost.com/Opinion/Columnists/Article.aspx?id=220307
Adaptation française de Sentinelle 5771 ©
Netanyahou n’a pas à céder. Il peut s’en tenir à ses forces et défendre son pays.
C’est difficile à croire, mais il semble qu’à la suite de l’accord d’unité palestinienne qui place le Hamas, le franchisé génocidaire
local des ‘Frères Musulmans’, aligné sur al Qaïda, dans un partenariat avec le Fatah, le président des USA Barack Obama a décidé d’entamer un nouvel épisode de pression sur Israël pour l’obliger
à abandonner sa terre et ses droits nationaux aux Palestiniens. Il est difficile de croire que c’est le cas. Mais apparemment ça l’est.
Mercredi, le ‘Wall Street Journal a rapporté que, alors que le Premier ministre Benyamin Netanyahou sera à Washington la semaine prochaine, et avant qu’il n’ait la possibilité de prononcer son discours prévu devant une session conjointe du Congrès, Obama fera une nouvelle adresse au monde arabe.
Dans ce discours, Obama chantera la louange des mouvements populistes qui se sont élevés contre des tyrannies arabes et les adoubera comme modèle pour l’avenir. Pour ce qui concerne Israël, l’article déclarait que le gouvernement Obama s’efforce toujours de décider s’il est temps de serrer les écrous encore davantage sur Israël. D’un côté, le conseiller adjoint à la Sécurité Nationale Ben Rhodes a déclaré au journal que les dirigeants arabes réclament une nouvelle initiative des USA pour contraindre Israël à faire de nouvelles concessions. Se joignant à ces réclamations alléguées, on retrouve le lobby pro-palestinien J-Street et le journal ‘New York Times’, alliés du gouvernement américain.
D’un autre côté, le gouvernement Netanyahou et le Congrès des USA appellent à l’arrêt de l’aide américaine à l’Autorité Palestinienne. Avec le Hamas, organisation terroriste étrangère, désormais partenaire du Fatah pour gouverner l’AP, il est illégal que le gouvernement des USA continue d’avoir la moindre chose à voir avec l’AP. Aussi bien le gouvernement Netanyahou et les membres de haut rang de la Chambre des Représentants et du Sénat mettent en avant avec force qu’il n’y a aucun moyen pour Israël de faire la paix avec des Palestiniens maintenant, et que les USA doivent abandonner leurs efforts visant à obliger les parties à un accord.
Les arguments israéliens et du Congrès sont certainement irréfutables. Mais les signaux émanant de la Maison Blanche et de ses media associés indiquent qu’Obama est prêt à se réinvestir davantage malgré cela. Avec la nouvelle crédibilité en matière de sécurité internationale qu’il a conquise en supervisant l’assassinat réussi d’Oussama ben Laden, Obama croit apparemment qu’il peut résister à la pression du Congrès et monter l’affaire pour exiger qu’Israël cède Jerusalem, la Judée et la Samarie au Hamas et à ses partenaires du Fatah.
Les signaux qu’Obama met en place visiblement pour contraindre Israël à accepter de céder sa capitale et le cœur du pays au Hamas et aux partenaires du Fatah sont parvenus sous trois formes cette semaine. D’abord, les officiels du gouvernement américain s’efforcent d’abaisser la barre que le Hamas doit passer pour être considéré comme une force politique légitime.
Après la signature par le Fatah et le Hamas de leur premier accord d‘unité en 2007, les USA et leurs collègues du dénommé Quartette – Russie, UE et l’ONU – ont émis trois conditions que le Hamas devait accepter pour être accepté par eux comme légitime. Il devait reconnaître le droit à l’existence d’Israël, accepter de respecter les accords déjà existants avec Israël, et renoncer au terrorisme.
Ce ne sont pas des conditions difficiles. Le Fatah est perçu comme les ayant atteintes même s’il demeure une organisation terroriste et que ses chefs refusent d’accepter le droit à l’existence d’Israël et refusent de se plier au moindre des engagements majeurs qu’ils ont pris dans le faible nombre d’accords avec Israël. Le Hamas pourrait facilement suivre la direction du Fatah.
Mais le Hamas refuse. Aussi, s’adressant à l’éditorialiste du ‘ Washington Post ' David Ignatius il y a deux semaines, les officiels du gouvernement américain ont abaissé la barre.
Ils ont déclaré que le Hamas a fait des concessions majeures au Fatah dans leur accord parce qu’il a accepté les dispositions de l’accord d’unité de 2009 dessiné par le gouvernement Moubarak, projet qu’il avait rejeté deux années auparavant, et parce que le Hamas avait donné son accord pour que le gouvernement d’unité soit dirigé par des « technocrates » plutôt que par des terroristes.
Mêmes si ces assertions sont vraies, elles sont totalement ridicules. En fait, tout ce que l’accord de 2009 déclare, c’est que le Hamas s’abstiendra d’exiger de rejoindre l’armée du Fatah formée et financée par les USA en Judée et Samarie. De même que pour le gouvernement « technocratique » : qui contrôlera ces « technocrates » croit-t-on dans l’administration Obama ? Et de même sur la véracité de ces assertions, dans un entretien la semaine dernière avec le ‘ New York Times ’, le maître terroriste Khaled Mashaal a nié avoir accepté les termes de l’accord de 2009.
En fait, il a indiqué que le Fatah a accepté d’ajouter des annexes reflétant les positions du Hamas.
Le deuxième argument que le gouvernement US et ses amis ont adopté avant le discours d’Obama la semaine prochaine, c’est que le Hamas est devenu plus modéré ou ‘peut’ devenir plus modéré.
Robert Malley, qui a été dans le passé conseiller de la campagne présidentielle d’Obama, a présenté cet argument la semaine dernière dans un éditorial de couverture du ‘Washington Post’. Malley a déclaré qu’en se joignant au gouvernement [palestinien], le Hamas sera plus sensible à la pression des USA. Un éditorial du ‘New York Times’ paru samedi dernier mettait en avant que le Hamas pouvait s’être tempéré, et même s’il ne l’avait pas fait, « Washington doit faire pression sur Netanyahou pour revenir à la table de négociation ».
Ajoutant leur voix à ce vacarme, les dirigeants su Moyen Orient comme Amr Moussa, le principal candidat pour occuper le poste de prochain président de l’Egypte, et le Premier ministre turc Recip Erdogan, ont donné des entretiens aux media des USA cette semaine, dans lesquels ils ont nié que le Hamas soit même une organisation terroriste.
A ce stade, il est important de remarquer qu’aucune des déclarations du gouvernement des USA sur l’accord Hamas-Fatah et aucune des couvertures associées des media n’ont mentionné le fait que le Hamas assassine délibérément des familles entières et cible particulièrement des enfants. Personne n’a mentionné l’attaque à la roquette par le Hamas qui a délibérément visé un bus scolaire israélien. Le Hamas a assassiné le jeune Daniel Viflic, âgé de 16 ans lors de cette attaque. Personne n’a mentionné les massacres dans des cafés, les attentats à la bombe contre des bus, les massacres sur les campus universitaires, les massacres après effraction dans les foyers, les massacres du Seder de Pâques que le Hamas a exécutés et dont il s’est vanté dans les années récentes. Personne n’a mentionné que quand on compare à la proportion de la population, le Hamas a tué beaucoup plus d’Israéliens qu’al Qaïda n’a tué d’Américains.
L’argument final que le gouvernement des USA et ses substituts met en avant, c’est que l’accord doit être considéré comme une partie du changement régional d’ensemble dans le sens d’une régulation populaire. Cet argument est aussi difficile à tenir.
Après tout, la première victime du changement du monde arabe vers une régulation populaire est le traité de paix de Camp David entre l’Egypte et Israël remontant à 30 ans. Maintenant que les citoyens égyptiens se sont débarrassés de l’allié des USA, Hosni Moubarak, ils se sont engagés à se débarrasser de la paix qu’il a soutenu avec Israël tout au long de son long règne.
De nouveau, malgré ces difficultés, le gouvernement Obama veut clairement défendre le dossier. Concernant l’Egypte, ils mettent en avant que l’ascension des ‘Frères Musulmans’ vers le pouvoir est une bonne chose. C’était le point clé des messages d’Obama pour la célébration de Pâques et du Jour de l’Indépendance d’Israël.
De même que pour le changement régional, le fait qu’Obama aurait l’intention de replacer le soi-disant processus de paix palestino-israélien dans le contexte régional démontre qu’il considère aussi un accord potentiel entre Israël et la Syrie. Ses conseillers ont télégraphié cet avis à Ignatius.
Les conseillers d’Obama ont mis en avant l’argument improbable que si le dirigeant syrien Bashar Assad survit aux manifestations populaires appelant à son renversement, il se sentira obligé de prendre ses distances entre son régime et celui de l’Iran parce que la majorité sunnite de la population a critiqué son alliance avec la mollahcratie shiite.
Cet argument ne tient pas étant donné que les mêmes officiels reconnaissent que si Assad survit, il devra la survie de son régime à l’Iran. Comme ils l’ont rappelé à Ignatius, les officiels du renseignement des USA ont rapporté le mois dernier que l’Iran a « secrètement fourni à Assad des gaz lacrymogènes, des équipements anti émeutes et d’autres outils de répression ».
Ce qui est peut-être le plus remarquable dans le plan apparent d’Obama pour utiliser l’ascension des ‘Frères Musulmans’ en Egypte comme excuse pour un nouvel épisode de guerre diplomatique contre Israël, c’est la médiocrité de la coordination des mesures qu’il a prises avec l’OLP-Fatah. Mahmoud Abbas et son prédécesseur Arafat considéraient toujours l’obsession des USA pour parvenir à faire signer des traités de paix entre les Arabes et Israël comme une ressource stratégique. A chaque fois qu’ils voulaient affaiblir Israël, Ils n’avaient qu’à faire retentir assez fort le faux tambour de la paix pour attirer l’attention de la Maison Blanche. Des présidents des USA recherchant une opportunité de « faire l’histoire » étaient toujours prêts à saisir leur appât.
Au contraire de ses prédécesseurs, l’intérêt d’Obama pour les Palestiniens n’est pas opportuniste. C’est un vrai croyant. Et du fait de son engagement profondément enchâssé en faveur des Palestiniens, sa stratégie politique est même plus radicalement anti-israélienne que celle de l’OLP-Fatah. C’était Obama, et pas Abbas, qui exigea que les Juifs se voient interdire de construire quoi que ce soit à Jerusalem, en Judée et Samarie. C’est le gouvernement Obama, et pas l’OLP-Fatah, qui conduit la campagne pour adouber les ‘Frères Musulmans’.
Comme sa décision tardive d’exiger une abrogation permanente des droits de la propriété juive sur Jerusalem, la Judée et la Samarie, Abbas a peut-être adopté la cause du Hamas parce que Obama ne lui a laissé aucun autre choix. Abbas n’a aucun intérêt à faire la paix avec Israël, aussi la seule chose qu’il puisse faire dans les circonstances qu’Obama à créées, c’est d’adopter le Hamas. Il ne peut pas être moins pro islamique que le président des USA.
Tout cela nous ramène à Netanyahou et à son voyage à Washington la semaine prochaine.
Evidemment la décision d’Obama de souffler la vedette au Premier ministre israélien avec ce nouveau discours de propagande pour le monde arabe mettra un plus grand enjeu à la visite de Netanyahou par rapport à celui qui existait déjà.
Clairement, Obama parie qu’en partant en premier, il sera en mesure de contraindre Netanyahou à faire encore plus de concessions sur les terres et les principes.
Certainement, les décisions antérieures de Netanyahou de céder davantage à la pression d’Obama avec l’acceptation d’un Etat palestinien et l’acceptation consécutive d’un gel de la construction juive, donnent à Obama une bonne raison de croire qu’il peut pousser Netanyahou dans ses retranchements. Les avertissements hystériques du ministre de la défense Ehud Barak sur un « tsunami » diplomatique à l’ONU en septembre si Israël refusait de capituler devant Obama aujourd’hui ajoutent sans doute à la perception d’Obama qu’il peut s’attendre à ce que Netanyahou danse au son de ses tambours, aussi hostiles soient-ils.
Mais Netanyahou n’a pas à céder. Il peut s’en tenir à ses forces et défendre le pays. Il peut continuer sur le bon chemin qu’il a forgé en répétant la vérité sur le Hamas. Il peut avertir de la menace croissante de l’Egypte. Il peut décrire la boucherie soutenue par l’Iran qu’Assad exécute contre son propre Peuple et remarquer qu’un régime qui assassine les siens ne fera pas la paix avec l’Etat juif. Et il peut souligner le fait que, en tant que démocratie libérale et capitaliste qui protège la vie et la propriété de ses citoyens, Israël est le seul pays stable et le seul allié fiable des USA dans la région.
Il est vrai que si Netanyahou fait tout cela, il ne se gagnera aucun ami à la Maison blanche.
Mais il n’a jamais eu aucune chance de se gagner de toute façon Obama et ses conseillers. Il renforcera les alliés d’Israël au Congrès cependant. Et encore plus important, qu’il soit aimé ou haï à Washington, si Netanyahou réalise ces choses, il pourra revenir à la maison à Jerusalem avec la certitude qu’il a bien gagné son salaire ce mois-ci.