La signification juive de l’élection d’Obama
par Arnold Lagémi
http://www.arnoldlagemi.com/?p=3922
7 nov 2012
Parmi les évidences qui émergent des urnes US, nous retiendrons une
conséquence majeure : l’orientation du Judaïsme américain désignant, par son vote, prioritaire, l’intérêt américain sur celui d’Israël et, au-delà, confirmant, le fractionnement et l’émiettement
idéologique des Juifs vivant en exil.
Certaines communautés, dont la française, accordant dans le soutien apporté à l’Etat Juif, un intérêt croissant, alors que d’autres, éprouvant des difficultés à se situer, affirment leur attachement exclusif pour le pays d’accueil, considérant l’Etat d’Israël, le choix sioniste ou la Alyah comme des éventualités individuelles.
Dans ces conditions, il ne faudra pas hésiter à évoquer une véritable fracture de l’idéal sioniste. En effet, la plupart des Juifs de la Diaspora ne masquaient ni la gêne ou le malaise quand était question de déterminer « l’endroit » où devaient vivre les Juifs. Ils reconnaissaient que la place des Juifs était en Israël et s’engageaient à envisager la Alyah « plus tard ».
Cette attitude avait l’avantage de la clarté et de la vérité, et le sionisme ne voyait pas de défaillance dans ses rangs. Peu nombreux, en effet, étaient ceux qui, par conviction ou pour justifier et donner un sens à leur maintien en exil, s’engageaient sur des discours, sinon anti sionistes, du moins, d’un sionisme modéré, expliquant, entre autres, qu’il y a toujours eu une diaspora juive.
De tels arguments, il faut le dire, faisaient partie de la panoplie orthodoxe. Et, au fur et à mesure qu’on s’éloignait des circonstances qui permirent l’avènement d’Israël, circonstances qui donnaient « mauvaise conscience » à celles et ceux qui n’allaient pas aider leurs frères qui luttant pour leur survie, poursuivaient d’une certaine manière la guerre contre le fascisme et le nazisme.
Le vote américain, renouvelant le mandat présidentiel à Barak Obama, qui, par rapport à son prédécesseur, notamment, serait plus réservé pour une inconditionnalité affirmée envers Israël, confirme, que le sionisme n’est qu’une option parmi d’autres (pour les Juifs Américains). Que l’intérêt américain ait été prioritaire dans le choix des électeurs est légitime, mais cette légitimité implique un choix. Et ce choix n’accorde plus à l’Etat Juif, les lauriers d’encouragement dont les USA le gratifiaient sans ménagement.
Parmi les variantes de cette conséquence, il faut, peut-être, songer à des effets complètement opposés voire contradictoires.
Les Américains savent qu’Israël est devenu une grande puissance. A ce titre, il ne saurait être « assisté » comme il l’a été dans le passé.
Aussi, les Américains, estimant, leur devoir d’assistance réalisé, pourraient avoir décidé de voter pour un candidat « essentiellement » Américain. En se disant, « Israël peut se défendre seul. Pensons à nous, il y a tant à faire ici. »
« Trop beau pour être vrai. » Peut être ! Mais ne perdons pas de vue qu’une des vertus les plus encensées par nos alliés « d’Outre Atlantique, » reste la combinaison subtile du pragmatisme et de l’efficacité. Difficile, en effet, d’imaginer, en dépit de toutes les approches, que la majorité des Juifs Américains ait renouvelé sa confiance à un homme, qui serait favorable à l’élimination d’Israël !