La nakba pour les nuls
Dimanche dernier, quelques centaines de militants pro-palestiniens appelaient dans les rues de Montréal à une troisième intifada pour commémorer la nakba, ou catastrophe de la fondation de l’État d’Israël.
Selon ce mythe national palestinien, la fuite de centaines de milliers de Palestiniens du territoire israélien ne serait pas le résultat de la guerre d’annihilation livrée par les pays arabes pour tuer dans l’oeuf l’État d’Israël naissant en 1948, mais la conséquence d’une prétendue politique israélienne de nettoyage ethnique largement démentie par l’historiographie du conflit.
L’objectif de la commémoration de la nakba n’est pas de revendiquer le droit légitime des Palestiniens à l’autodétermination politique, mais de nier ce même droit aux Israéliens en contestant la légitimité de la souveraineté israélienne sur son territoire d’avant 1967. En témoigne le choix de milliers de Palestiniens du Liban et de la Syrie de marquer la nakba en violant la souveraineté israélienne.
En fait, chaque 15 mai, les Palestiniens rappellent au monde par leur commémoration de la nakba que, pour eux, le nerf du conflit israélo-palestinien n’est pas l’occupation de la Cisjordanie et de Gaza dans la foulée de la guerre des Six jours en 1967, mais la fondation de l’État d’Israël en 1948 en vertu du plan onusien de partage de la Palestine mandataire britannique accepté par les Juifs et rejeté par les Arabes.
Alors que pour les Israéliens la création d’un État palestinien doit être le couronnement d’un accord de paix qui résoudrait définitivement le conflit israélo-palestinien, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, écrit pas plus tard qu’aujourd’hui dans le New York Times que la proclamation unilatérale de l’État palestinien prévue cette année n’est qu’une étape dans un conflit que ses dirigeants prolongeront:
Palestine’s admission to the United Nations would pave the way for the internationalization of the conflict as a legal matter, not only a political one. It would also pave the way for us to pursue claims against Israel at the United Nations, human rights treaty bodies and the International Court of Justice.
Autrement dit, Abbas admet que la création d’un État palestinien ne suffira pas à satisfaire les exigences nationales palestiniennes maximalistes telles que le « droit de retour » de millions de Palestiniens en Israël même.
Les Palestiniens savent qu’aucun gouvernement israélien n’acquiescerait à ce « droit de retour » dans le cadre de négociations puisqu’il serait démographiquement suicidaire pour l’État juif. Et c’est pourquoi Mahmoud Abbas se tournerait, même après la création d’un État palestinien, vers des forums internationaux pour y faire entériner les aspirations palestiniennes tributaires de la nakba qui renverseraient le cours de l’histoire et, avec lui, l’État d’Israël.
Ou comme a répondu il y a quelques jours une Palestinienne de 92 ans à un journaliste de la télévision al-Aqsa (Hamas) qui lui demandait si elle se souvenait de la nakba :
Et pourquoi est-ce que je ne m’en souviendrais pas ? Qu’Allah nous soutienne. J’espère que nous oublierons cette époque. Si Allah le veut, vous allez enterrer [Israël] et massacrer les Juifs de vos propres mains. Si Allah le veut, vous allez les massacrer comme nous les avons massacrés à Hébron. (Source: Memri)
Voir video: http://www.memritv.org/embedded_player/index.php?clip_id=2929