L'arrogance de l'administration Obama face à Israël repose sur un dangereux « acte de foi » !
Par La rédaction d'Hamodia,
Editorial No 123 26 mai 2010,
Le moins que l'on puisse dire au vue de l'actualité de ces derniers mois, c'est que la politique étrangère américaine, tout au moins en ce qui concerne le Moyen-Orient, souffre du syndrome de la « pensée unique » ! De surcroît, cette situation est aggravée par une assez malsaine dose d'arrogance lorsqu'on en vient à déterminer, depuis les bureaux de Washington, « ce qui est bon pour Israël »…
On peut ainsi définir cette orientation de la « pensée unique » : comme le problème israélo-palestinien se trouve au cœur de toutes les crises au Moyen-Orient et qu'il insécurise les intérêts américains dans cette région, il faut d'abord et avant tout résoudre ce problème – comprenez créer un Etat palestinien le long des frontières d'avant juin 1967 avec Jérusalem pour capitale –, et tous les autres problèmes deviendront secondaires…
Cette arrogance américaine refait régulièrement surface dans toutes les interviews accordées par les responsables officiels. Ainsi, l'un des anciens ambassadeurs américains en Israël, Martin Indyck – qui est aujourd'hui conseiller de George Mitchell, l'envoyé spécial de la Maison Blanche au Moyen-Orient – vient-il de déclarer sur les ondes de Galei Tsahal, la radio de l'armée israélienne : « Si Israël est une superpuissance qui se débrouille toute seule, elle n'a qu'a prendre aussi ses décisions seule... Toutefois, si vous avez besoin des États-Unis, alors vous devez tenir compte des intérêts américains ! ».
Quelques jours auparavant, dans une tribune assez virulente parue dans le New York Times, il avait été encore plus loin en déclarant que la vie des soldats américains dans la région était
« mise en danger » par la politique israélienne : « Il ne s'agit plus seulement d'aider un allié à résoudre les problèmes qui l'affaiblissent. Car avec quelque 200 000 soldats américains engagés dans deux guerres au cœur du grand Moyen-Orient, et avec un président américain déployant un effort international d'envergure pour bloquer le programme nucléaire iranien, résoudre le conflit israélo-palestinien est devenu une priorité stratégique pour les États-Unis ».
Si vous lisez bien entre ces lignes, vous parviendrez à l'indéniable conclusion qu'Israël doit être acculé à résoudre son conflit avec les Palestiniens, sous peine de mettre les Américains en danger et d'agacer les Iraniens qui ont décidé de construire des armes nucléaires…
A partir de là, il est simple de passer à la conclusion suivante, à savoir que l'Amérique a été prise pour cible le 11 septembre 2001 par les terroristes d’Al Qaïda uniquement à cause de son soutien à Israël et que le seul moyen de se protéger de futurs attentats de ce genre est de se démarquer et de s'éloigner de l'Etat hébreu !
Mais il existe fort heureusement d'autres points de vue mieux avisés concernant le Moyen-Orient, dont celui exposé récemment par Aaron David Miller, qui fut entre 1988 et 2003, conseiller de six secrétaires d'Etat pour les négociations israélo-arabes et participa aux efforts américains afin de parvenir aux accords entre Israël, la Jordanie, la Syrie et les Palestiniens.
Dans un article paru dernièrement dans la très sérieuse revue stratégique Foreign Policy, il décrit l'influence de cette pensée unique concernant la nécessité d'une énergique médiation américaine entre Israéliens et Palestiniens comme « une fausse religion », en ajoutant d'ailleurs : « Je ne suis plus croyant ! »… Dans cet article qui a fait grand bruit et lors de différentes interviews, Miller affirme que Washington fait en ce moment une véritable
« fixation » sur le conflit israélo-arabe au détriment de considérations beaucoup plus graves et prioritaires. Il accuse ainsi le président américain qui « apparaît sans cesse dans les médias arabes en se présentant comme le chef de file d'un grand mouvement d'empathie, en allant au devant des exigences arabes, même lorsque les Israéliens le trouvent de plus en plus hermétique à leurs propres demandes et besoins ». Et d'ajouter : « Dans une région si volatile, si blessée et en proie à tant de préoccupations – depuis des économies stagnantes et déséquilibrées, à des formes de gouvernement autoritaires qui bafouent les droits de l'homme ainsi que leur propre légalité, en passant par une culture populaire qui s'embourbe dans la croyance en de perpétuelles 'conspirations' et le déni de l'autre –, la position prétendant que le conflit israélo-arabe est la question ‘la plus cruciale’ et que sa résolution assurerait la stabilité de toute la région, défie les limites de la crédulité ! ».
Miller poursuit en affirmant que Washington saborde ses propres intérêts en ne se fixant pas des priorités plus urgentes comme celles d'empêcher l'Iran de se doter de l'arme nucléaire ou encore celle de combattre efficacement et avec le but affirmé de les vaincre les différents groupes terroristes en Irak et en Afghanistan. Mais en diplomate expérimenté, Miller ne remet évidemment pas en question la nécessité de négociations, mais avec le temps, il dit avoir compris que les conditions ne sont pas réunies pour qu'elles aboutissent : « En conclusion, explique-t-il, les pourparlers de paix pourraient réussir si les Arabes et les Israéliens – ainsi que les dirigeants américains – avaient une réelle volonté d'aboutir et qu'ils étaient capables d'en payer le prix. Or ce n'est pas le cas... ». De plus, toutes ces pression exercées sur Israël lors des derniers mois pour faire cesser la construction à Jérusalem et en Judée-Samarie et accepter de discuter les questions les plus ardues lors de négociations « trilatérales » ne font qu'aggraver les problèmes sérieux posés par les Palestiniens. Car ces derniers, alors qu'ils n'ont même pas de dirigeant unique apte à représenter à la fois les populations de Judée-Samarie et de Gaza, n'ont pas du tout renoncé à leurs exigences de voir leurs « réfugiés » revenir en Israël, s'obstinent à revendiquer Jérusalem comme leur future capitale – bien qu'ils ne jouissent pour cela d'aucune légitimité – et ils refusent d'intégrer Israël sur les cartes de leurs manuels scolaires, etc.
Cet intéressant point de vue de Miller sur le prétendu « processus de paix » désormais élevé au rang de « religion » et de véritable « foi aveugle » illustre le vieux mystère de ces gens cartésiens qui se mettent à croire qu'une solution est en vue en faisant tout, par ailleurs, pour ignorer la haine indéfectible des Arabes envers les Juifs. Car pour Miller, cette fameuse formule en vogue depuis des décennies « La terre en échange de la paix » n'est en rien fondée sur la logique mais sur une véritable « religion » et un « acte de foi ».
Certes, en tant que Juifs, la foi ne nous est certainement pas étrangère… Mais la question est de savoir ici vers qui et quoi cette foi est dirigée… Pour nous, Juifs religieux, elle doit être évidemment consacrée à D.ieu et non pas en mettant sa confiance dans certaines illusions démenties par les faits. Car nous croyons que le Créateur dirige le monde pour le bien du peuple d'Israël, et nous attendons le jour où le monde entier le comprendra.