Pourquoi nombre d'Arabes et de musulmans ne font pas confiance à Obama

Par Khaled Abu Toameh
http://www.gatestoneinstitute.org/4705/obama-arabes-musulmans

Adapté par Mordeh'aï pour malaassot.com

Beaucoup d'Arabes et de musulmans s'identifient aux objectifs idéologiques anti-occidentaux des terroristes; ils ont peur d'être traités de traîtres doublés d'agents américains pour avoir rejoint les non-musulmans dans une guerre qui entraînerait la mort de nombreux musulmans, et ils ont peur que leurs gens se lèvent contre eux.

De nombreux dirigeants arabes et musulmans considèrent l'Etat islamique comme un sous-produit de la politique américaine en faillite, en particulier le soutien faiblard actuel de l'administration américaine pour Nouri al-Maliki en Irak. Certains de ces dirigeants, comme Abdel Fattah al-Sisi d'Egypte, considèrent que les Etats-Unis sont des alliés majeurs des Frères musulmans. Al- Sisi et son régime ne pardonneront jamais à Obama son soutien aux Frères musulmans.

En outre, ils ne semblent pas avoir beaucoup confiance dans l'administration Obama, qui est perçue comme faible et incompétente quand il s'agit de la lutte contre les islamistes.

"Ce n'est pas notre guerre et nous ne devrions pas y prendre part."

C'est ainsi que de nombreux arabes et musulmans ont réagi au plan du président américain Barack Obama pour former une coalition internationale pour lutter contre l'État islamique [ESI] organisation terroriste, qui opère en Irak et en Syrie et menaçant d'envahir d'autres pays arabes.

Les terroristes de l'État islamique ont tué et blessé des dizaines de milliers d'Arabes et de musulmans, la plupart du temps au cours de ces derniers mois. En revanche, l'État islamique a ciblé quelques Occidentaux, dont trois ont été décapités au cours des dernières semaines.

Les terroristes de l'état islamique sont également responsables du déplacement de millions d'Irakiens et de Syriens, et ont l'assassiné de nombreux autres.

Pourtant, les atrocités commises par l'Etat islamique contre les Arabes et les musulmans, en plus de la menace immédiate qui en découle pour la plupart de leurs pays, ne semblent pas être une raison suffisante pour eux de déclarer la guerre au groupe.

Alors que certains Arabes et musulmans préfèrent que les États-Unis et leurs alliés occidentaux battent l'Etat islamique, d'autres ont exprimé une forte opposition à la nouvelle coalition menée par les USA contre le groupe, principalement parce qu'ils s' identifient avec les objectifs et l'idéologie anti-occidentale des terroristes.

Les dirigeants arabes ont dit la semaine dernière au Secrétaire d'Etat américain John Kerry qu'ils contribueraient "dans plusieurs domaines" à la coalition contre l'Etat anti-islamique. Mais la plupart ne sont pas prêts à engager des troupes au sol pour la lutte contre ses environ 30.000 djihadistes.

Les dirigeants arabes qui veulent que les Etats-Unis entrent en guerre contre l'Etat islamique ont peur d'être des traîtres doublés d'agents américains pour avoir rejoint les non-musulmans dans une guerre sur un groupe qui cherche à établir un califat islamique. Leur principale crainte est que leurs gens se lèvent contre eux une fois qu'ils auraient été vu se battre aux côtés des non-musulmans dans une guerre qui entraînerait la mort de nombreux musulmans.

Les la plupart de ces dirigeants arabes sont prêts à tout faire pour aider la nouvelle coalition menée par les USA, de fournir une aide logistique et de renseignements pour les Américains et leurs alliés occidentaux dans la guerre contre l'État islamique.

La Jordanie, pour sa part, a accepté de former les membres des tribus irakiennes pour les aider à combattre les terroristes de l'Etat islamique en Irak. La Jordanie et la plupart des pays du Golfe se sont également opposés à servir de rampe de lancement pour des attaques aériennes sur les bases terroristes en Irak et en Syrie.

Bien qu'ils aient officiellement accepté de se joindre à la coalition anglo-américaine contre l'Etat islamique, il semble que les dirigeants arabes ne font pas confiance l'administration Obama quand il s'agit de la lutte contre l'intégrisme islamique dans le Moyen-Orient.

Certains de ces dirigeants, comme Abdel Fattah al-Sisi d'Egypte, considèrent l'administration américaine d'être un allié majeur des Frères musulmans. Al-Sisi et son régime ne pardonneront jamais à Obama son soutien aux Frères musulmans et à Mohamed Morsi président déchu.

Pire, il ne manque pas d'Arabes et de musulmans qui sont convaincus que l'Etat islamique est en fait une invention des Américains et des «sionistes» pour détruire le monde arabe et ternir l'image de l'Islam.

La tête de l'Université Al-Azhar en Egypte, le plus haut siège de l'islam sunnite pour l'apprentissage de la religion, a récemment été cité comme disant que les terroristes état islamique étaient des «créations coloniales» servant un régime «sioniste» pour «détruire le monde arabe.»

Beaucoup d'Arabes et de musulmans probablement n'aiment pas l'Etat islamique et le considèrent comme une menace réelle. Mais en même temps, ils ne semblent pas avoir beaucoup confiance dans l'administration Obama, qui est perçue comme faible et incompétente quand il s'agit de la lutte contre les islamistes. Ils ne font pas confiance tout simplement à l'administration Obama.

Sheikh Yusuf al Qaradawi, président de l'Union internationale des savants musulmans basée au Qatar, qui n'est pas fan de l'Etat islamique, s'est également prononcé contre la nouvelle coalition menée par les USA.

Al-Qaradawi a expliqué « Nos différences idéologiques avec l'État islamique ne signifient pas que nous sommes d'accord pour une attaque américaine sur le groupe,» . «L'Amérique ne se soucie pas des valeurs de l'Islam. Elle ne se soucie que de ses propres intérêts.»

Si il est un dirigeant arabe qui est vraiment préoccupé par les répercussions de la guerre sur l'État islamique, c'est le roi Abdullah de Jordanie, qui fait face à la pression intérieure croissante de rester loin de la coalition sous commandement américain.

Ironie du sort, cette opposition vient de la Jordanie bien qu'elle apparaît clairement comme la prochaine cible des djihadistes de l'état ​​islamique. Certains rapports ont même suggéré que les terroristes de l'état ​​islamique ont déjà réussi à s'infiltrer dans le royaume.

Le dilemme du roi Abdallah est que si il se joint à la coalition menée par les USA, son pays sera plongé dans le chaos et l'instabilité. Pourtant, le monarque est bien conscient que le fait de prendre part à la guerre facilitera la mission d'invasion de son royaume par des djihadistes.

Au cours de la semaine dernière, de nombreux Jordaniens sont publiquement contre l'idée que la Jordanie rejoigne la nouvelle coalition. Ces voix ne viennent pas seulement des Frères musulmans de Jordanie, mais aussi des individus et des groupes laïques.

La semaine dernière, 21 membres du Parlement jordanien ont écrit une lettre à leur gouvernement le mettant en garde d'aider les Américains et leurs alliés dans la guerre contre l'État islamique.

Six partis laïques jordaniens se sont également joints à l'appel dans une déclaration adressée au gouvernement: « Nous devons résister à des régimes impérialistes et continuer à soulever la devise de la démocratie, l'indépendance et la liberté.»

Reflétant un scepticisme généralisé sur les intentions d'Obama, l'écrivain jordanien Maher Abu Tair, qui est étroitement associé au roi Abdallah, a sonné l'alarme: " Obtenir que la Jordanie soit impliquée dans la confrontation avec l'État islamique est une question dangereuse Si tout le monde est vraiment préoccupé pour la Jordanie, pourquoi pas la. soutenir socialement et économiquement au lieu de l'entraîner dans un bourbier? "

Reflétant des sentiments similaires, un autre écrivain jordanien, Abdel Hadi al Katamin, a déclaré : " Oui, ce n'est pas notre guerre et nous n'avons rien à voir avec cela et nous n'en avons pas besoin, nous ne voulons pas faire la guerre au nom d'autres en échange de rien et seulement pour apaiser Obama. Tout ce que nous entendons et montrons est correct. La meilleure solution est pour nous de protéger nos frontières et de prévenir l'État islamique de s'infiltrer dans notre pays. S'ils viennent, Ce sera alors notre guerre. "