Le journaliste gauchiste israélien Ben Caspit pense qu'il sait ce qui se trame, entre Obama et Netanyahu, et il peut très bien avoir raison:
Alors, quel est ce grand plan? Dans les grandes lignes, ses principes sont les suivants. C'est un plan ourdi entre l'administration américaine et Netanyahu, avec accointance palestinienne ainsi que la connaissance tacite par d' autres éléments du Moyen-Orient. Son principe général sous-jacent est " l'Iran contre la Palestine." Les promesses américaines du Président Barack Obama, en donnant aussi sa propre garantie personnelle, pour empêcher l'Iran d'acquérir une capacité nucléaire. En retour, Netanyahu va rendre la pareille en lui décernant un succès diplomatique vis-à-vis des Palestiniens. Nous avons vu le premier pas dans cette direction au cours des dernières semaines dans l'arrangement qu'Obama a travaillé afin de désarmer la Syrie de ses armes chimiques. Netanyahu ne critiquait pas cet arrangement, en partie parce qu'il avait reçu des assurances des États-Unis que ce ne sera pas un précédent, que la question iranienne est tout à fait différente de celle syrienne et que la «menace crédible» d'une frappe militaire contre la Syrie reste envisagée.
Netanyahu est incapable de parvenir à un accord sur le statut permanent avec les Palestiniens. Tout le monde le sait de Ramallah, àWashington, de Jérusalem aux implantations. Selon le plan, à un certain point dans les négociations toutes les parties auront atteint cette conclusion, et c'est à ce moment-là que les Américains vont exposer leur proposition alternative. Elle sera composée d'un arrangement permanent par phases, en commençant par un accord intérimaire entre Israël et les Palestiniens dans le cadre duquel un Etat palestinien sera établi en vertu de frontières provisoires.
Netanyahu espère qu'il n'aura pas à expulser des colonies de peuplement dans le cadre de cet arrangement et que l'Etat palestinien sera établi dans les zones A et B, qui sont sous la sécurité palestinienne ou son contrôle civil. Les Etats-Unis vont donner à l'Autorité palestinienne (AP) des garanties que cette disposition n'est pas la finale, mais plutôt une étape intermédiaire qui est limitée dans le temps. Les questions de Jérusalem, des réfugiés et des frontières définitives seront reportées à des phases ultérieures. L'Etat palestinien sera reconnu par les Nations Unies, avec le soutien d'Israël, qui se retirera à la clôture de séparation.
Si c'est vrai, cela explique beaucoup de choses, y compris l'accord de Netanyahu à la honteuse libération de prisonniers le mois dernier. Cela explique aussi pourquoi Washington continue de pousser Israël à négocier avec l'OLP, malgré de nombreuses preuves qu'un véritable accord final est inaccessible. Ce plan atteint l'objectif de la politique américaine de haute priorité multi-décennie de faire sortir Israël des territoires, sans un accord final. Et si Israël en sortait est-ce qu'Obama et le Département d'État s'en soucient.
Un accord avec l'OLP comme il est décrit ci-dessus serait très mauvais pour la sécurité d'Israël, depuis un Etat palestinien souverain en Judée / Samarie car l'armée israélienne ne pourrait plus entrer sans violer la Charte de l'ONU et la région va devenir une base terroriste bien plus dangereuse que Gaza. Et retarder les problèmes insolubles de Jérusalem, des réfugiés, etc... qu'après qu'Israël se retire d'une grande partie du territoire signifie qu'Israël va perdre de son influence sur eux quand ils seront finalement posés sur la table de négociations.
Je comprends pourquoi Netanyahu pense que le problème de l'Iran est d'une importance primordiale, car il l'est. Mais bien sûr, il y a une faille fatale littéralement dans la logique qui vante la soumission à l'OLP contre l'action américaine anti-Iran.
Même en tenant compte des meilleures intentions, aujourd'hui on ne peut pas faire confiance aux États-Unis pour tenir leurs engagements. S'il ya une leçon à tirer de la maladresse choquante incompétente de la situation syrienne, c'est que l'on ne peut pas compter sur l'Amérique. Et nous ne pouvons assumer les meilleures intentions d'Obama, par le biais de son anti-israélianisme évident dès le début de sa présidence.
Ouvertures récentes entre Obama et le Président iranien Rouhani indiquent qu'Obama est prêt à accepter une sorte de «solution» diplomatique. Mais il est certain que l'Iran n'acceptera pas quelque chose qui désavouera les armes qu'il a eu tant de mal à développer en dépit de la condamnation internationale et des sanctions économiques, depuis plus d'une décennie. Comme dans le cas de la Syrie, Obama veut un prétexte pour déclarer une victoire. Mais il n'y a seulement qu'une menace crédible de la force militaire qui réussira à obtenir de l'Iran le démantelement de son programme d'armes nucléaires.
Un état terroriste de l'OLP à quelques kilomètres de son centre de population ou une bombe iranienne sont à la fois inacceptables pour Israël. Il n'existe aucun moyen qui peut échanger l'un pour l'autre - ce n'est pas du pouvoir de Barack Obama, pas plus qu'il ne le désire, de garder une telle aubaine.
L'accord américain proposé, tel qu'il est décrit, est une chimère. Israël a besoin de prendre la route difficile, pour détruire le programme nucléaire de l'Iran lui-même et de garder la souveraineté sur les territoires, au moins pour le proche avenir.