Il est temps de faire face à la réalité

éditorial: l’Etat d'Israël doit se faire à l’idée que le conflit avec les Arabes est peut-être insoluble

Par Shaul Rosenfeld

Publié  / Israël Opinion

http://www.ynetnews.com/articles/0,7340,L-4396725,00.html

Adapté par Mordeh'aï pour le blog malaassot.com    

Même si les dires de Bennett ont eu pour effet de produire un choc, l’analogie était un peu celle  " du coup de pied de l'âne " , celui du coup bas, il avait raison dans l'esprit de ses mots, et c'est une honte que l'option d'une non-solution au conflit israélo-palestinien n'ait jamais vraiment été mise sur la table lors de la discussion publique.

Lorsque le risque lié à la création d'un Etat palestinien est nettement supérieur à la chance d'une paix véritable, et lorsque le prix qu’Israël devrait payer est insupportable - en particulier lorsque le partenaire palestinien n'a jamais prouvé qu'il veut vraiment accepter un - Etat juif même à l'intérieur des frontières de 1967 - il est sûr de dire que ce que Bennett voulait exprimer, c'est que le conflit, dans son état actuel, est insoluble.

Au cœur de la majorité les points de vue politiques, le public trouve la croyance que le conflit israélo-arabe peut être résolu, et même si le dénouement de ce nœud gordien est difficile et complexe, il n'est pas impossible. Bennett est la seule figure clé politique  - de la gauche à la droite - à n’avoir jamais soulevé comme  une option vitale la possibilité de la non-résolution du conflit.

Il n'y a rien de mal à vouloir quelque chose, aussi longtemps que ces espoirs ne deviennent pas une alternative à la compréhension de la réalité. Ceux qui disent " il y a une solution à chaque problème, il vous suffit de vouloir vraiment la trouver " et " nous ne pouvons pas vivre par les armes éternellement "  mettent leurs souhaits avant un examen sérieux de la réalité et de toutes les options qu'il offre.

Le monde nous a posé de nombreux problèmes - en physique, en mathématiques, en philosophie et en biologie - qui ne peuvent être résolu. Et ce qui est vrai pour la science est tout aussi vrai pour les conflits politiques. Certains conflits ont duré des centaines d'années, d'autres ont fini lorsque l'un ou les deux belligérants a disparu, il y a eu des empires qui se sont effondrés, tout comme il y a eu des pays et des nations qui ne sont plus que des notes en  bas de pages de l'histoire. Il est raisonnable de supposer que la plupart de ceux qui ont été impliquésdans ces conflits croyaient sincèrement qu'il y avait une solution à leurs problèmes et à leurs souffrances.

En ce qui concerne le conflit israélo-palestinien qui  nous interesse, la plupart des concessions que nous sommes prêt à faire sont beaucoup moins minimales que celles que l'adversaire serait disposé à accepter, même dans le cadre d'un accord intérimaire (comme il est dit dans la «doctrine de phases "de 1974). Le monde arabe considère toujours Israël comme un élément étranger, une épine à l'arrière de la région, qu'ils considèrent comme arabo-islamique ou palestinienne par essence (" toute la Palestine, de la rivière à la mer, est occupée "- dixit Jibril Rajoub de l'AP).

Acceptation relative et temporaire  d'Israël par le monde arabe découle de ses doutes quant à la possibilité de se débarrasser d'Israël, ainsi que d'étroites relations de l'Etat juif avec Washington et les avantages financiers que certains arabes pays reçoivent des États-Unis. Mais la plupart du matériel historique, culturel, religieux et ethnique qui se nourrit de la philosophie arabe en ce qui concerne Israël n'indique pas une véritable acceptation de la communauté juive dans l'Etat et dans la région. L'inverse est tout aussi vrai.

Tout ce que nous pouvons faire c'est de gérer le conflit de manière rationnelle et s'abstenir de tomber dans des pièges tels que la Accords d'Oslo et l'initiative de paix arabe. Nous devons soigneusement essayer de résoudre ce qui est solutionable et accepter ce qui ne l'est pas tout en cherchant des solutions créatives provisoires . Tout comme les gens qui vivent avec des maladies chroniques pour toute leur vie, il n'y a aucune raison que nous ne devrions pas être en mesure d'exister depuis de nombreuses années avec le conflit chronique au Proche-Orient, des déclarations telles que celles faites par Olmert : " Le jour  où la solution à deux Etats disparait, l'Etat d'Israël est fini " et  celle de Lapid : " Les Palestiniens doivent avoir leur propre pays " ce genre de déclarations n'aident pas la cause.