Un soulagement teinté d'inquiétude…
L'éditorial de Laly Derai pour Hamodia No 139
28 Tishri 5771 06 Octobre 2010
La fin de la période de gel de la construction a certes été accueillie avec soulagement par les habitants de Judée-Samarie, mais personne ne se fait
d'illusions quant aux pressions que va subir Binyamin Nétanyaou ces prochains mois et qui se traduiront sans doute par de nouvelles contraintes pour la population locale. La construction a donc
reprise le 27 septembre, mais sans tambours ni trompettes !
Les dirigeants des localités juives de Judée-Samarie ont préféré faire profil bas le 27 septembre, lors des
différentes cérémonies qui commémoraient la fin de la période du gel de la construction. Quelques équipes de télévision étaient certes là, deux ou trois discours ont été effectivement prononcés,
mais il semble bien que les habitants des localités situées au-delà de la Ligne verte préfèrent rester prudents en cherchant surtout à ne pas attirer l'attention des médias… et surtout de l'hôte
actuel de la Maison Blanche ! À Ariel, par exemple, seule une équipe de télévision était présente lorsque les expulsés de la localité de Netsarim, chassés du Goush-Katif voilà 5 ans, ont vu avec
émotion les tracteurs aplanir le terrain où devrait être construit le nouveau quartier qui remplacera enfin, après des années d'attente, les caravanes et les maisons en placo-plâtre dans
lesquelles ils vivent toujours.
Au Likoud, par contre, on a décidé de '' mettre le paquet '' pour fêter cette victoire contre le ministre de la Défense Ehoud Barak. Ainsi, le député Dany Danone a-t-il organisé dans la localité de Revava une cérémonie lors de laquelle des milliers de ballons bleus et blancs ont été lâchés. Danone a ensuite entamé un compte à rebours signifiant la fin de la période des dix mois. Durant cette cérémonie, on pouvait voir des dizaines de Chrétiens évangélistes - avec lesquels Danone entretient des liens soutenus - venus témoigner leur appui à la population de Judée-Samarie.
Le ministre des Transports, Israël Katz, a pour sa part choisi de réunir près de 2 500 membres du Likoud dans sa Soucca, à la veille de l'échéance du moratoire. Lors d'un discours très vindicatif, Katz a félicité Nétanyaou, qui selon lui, « a respecté le principe de pourparlers sans condition préalable » en renonçant à prolonger le gel, et il a encore affirmé : « Dès cette nuit, les pionniers de Judée-Samarie possédant des permis de construire peuvent entamer la construction de leur maison ».
Le président du conseil régional de Samarie, Gershon Messica, a également choisi de féliciter le Premier ministre qui « a tenu bon face aux pressions internes et externes ». Il a aussi appelé Nétanyaou à « remettre à sa place » le ministre de la Défense, Ehoud Barak, et de lui « retirer le droit de s'acharner sur les habitants des implantations ».
Le président du Comité des habitants de Samarie, Benny Katsover, a quant à lui choisi un ton plus pessimiste dans son allocution. Selon lui en effet, « Ehoud Barak se complaît à torturer ces populations, et il est plus que probable que ce phénomène perdurera ». Katsover, un '' vieux de la vieille '' pour tout ce qui concerne la lutte contre les concessions territoriales en Eretz Israël , a donc préféré préparer le public à un combat acharné : « Le monde aurait voulu que nous n'existions pas ! On nous parle de concessions, mais je ne connais aucun pays qui soit prêt à renoncer à sa terre. Lorsqu'on parle de 'blocs d'implantations', on nous dit en fait que des maisons seront construites sur 10 % de la Judée-Samarie et que le gel se poursuivra dans les 90 % restants. Ne faites surtout pas l'erreur d'utiliser ces termes ! », a-t-il souligné.
Nétanyaou entre le marteau (d'Obama) et l'enclume (de la droite)
Binyamin Nétanyaou a réussi à éviter les écueils : d'un côté, il a, sans trop d'encombres, renouvelé la construction en Judée et en Samarie. De l'autre, il est manifestement parvenu à convaincre la scène internationale que les Palestiniens étaient ceux qui '' refusaient la paix '' et a donc jeté la balle dans le camp du Président de l'Autorité palestinienne, Abou Mazen.
Nétanyaou, pas plus qu'Abou Mazen, n'ont envie d'être tenus pour responsables de l'échec de la reprise des pourparlers, en tous cas pas avant la date fatidique du 4 novembre, où doivent avoir lieu les élections de la '' mi-mandat '' aux États-Unis.
Ce sont ces élections, cruciales pour un Barak Obama qui voit s'étioler son pouvoir, qui poussent Washington à redoubler d'efforts en vue d'éviter l'arrêt des négociations. Et Obama a bien laissé entendre qu'il serait intraitable envers celui qui ferait torpiller ses efforts. Alors que Nétanyaou a - poliment - refusé de prolonger le gel de la construction au-delà du 26 septembre, le président américain lui a alors écrit une lettre dans laquelle il s'engageait à ne voter aucune résolution contre Israël au Conseil de Sécurité de l'ONU durant une période d'un an et à autoriser l'armée israélienne à maintenir sa présence dans la vallée du Jourdain. En échange, Obama demandait à Nétanyaou de reconduire le moratoire sur le gel des constructions pendant 60 jours.
Pour faire bonne figure, Nétanyaou a réuni mardi le Forum des sept pour débattre de la proposition américaine. Quatre ministres sur sept - Élie Ichaï, Avigdor Lieberman, Moché Yaalon et Benny Bégin - avaient pourtant déjà annoncé qu'ils s'opposaient à toute prolongation du gel. Côté palestinien, on se cache derrière la décision du comité exécutif de l'OLP qui s'est prononcé pour une rupture des négociations avec Israël suite au '' dégel '' de la construction en Judée et en Samarie. " Israël doit choisir entre la paix et les colonies ", a affirmé le responsable des négociations au sein de l'Autorité palestinienne, Saëb Erekat.