Un Etat de Trop / Des Cendres et des Larmes
Par Fabien Guez
Auteur du livre Un Etat de trop
Israël est un Etat non voulu par la communauté internationale, mais subi. Il n’a jamais été véritablement accepté, et a fait l’objet d’un rejet consensuel à peu près universel. Il a toujours occupé une place sans rapport ni avec sa taille ni avec la dimension du conflit au centre duquel il se trouve. Toutes les mesures qu’il a prises pour assurer sa défense ont été mises à l’index et ont fait l’objet de violentes critiques, y compris de la part de ses « amis ».
Il n’est pas étonnant dans ces conditions, de constater que ce qui se passe au sud d’Israël en ce mois d’août 2011, est une réédition de ce que vit le pays depuis sa création.
Agression-Réplique-Condamnation
Le déroulement des faits est immuable : les réactions des médias, celles des Etats musulmans et arabes, celles des organisations internationales, celles des hommes politiques, sont d’une année sur l’autre, d’une décennie à l’autre, d’un siècle à l’autre, rigoureusement semblables. C’est toujours la même chose : dans un premier temps l’Etat juif subit une agression, dans un deuxième temps il réplique militairement, dans un troisième temps il est condamné. Et cela immuablement.
C’était ainsi lors des guerres qu’il du affronter ; la guerre d’indépendance de 1948 ; la guerre de 1967 ; la guerre de 1973 ; celle de 1982 au Liban ou l’opération plomb durci de 2009 à Gaza…
Médias - Route d’Eilat-Roquettes
Israël subit aujourd’hui une agression violente du Hamas, initiée jeudi 18 août 2011 par des attaques terroristes sanglantes sur la route d’Eilat, qui se poursuit encore par des lancements ininterrompus de missiles sur les villes du sud du pays. Plus d’une centaine de roquettes et obus divers ont été tirés en deux jours causant dégâts et victimes.
Du coté des médias on en a parlé, un peu à droite un peu à gauche, sur quelques télés, dans quelques journaux, relevant quelques morts par ci, quelques blessés par là, mais on s’est bien vite lassé. On n’y est revenu qu’après que l’Etat juif ait réagi pour souligner, avec force interviews et images, les misères subies par les pauvres gazaouis innocents, pour compter les morts palestiniens ou pour rapporter les propos de dirigeants arabes hostiles. De l’agression dont Israël avait été la victime, plus rien… au point qu’une télévision française choisissait de ne mentionner le 20 août, dans son journal du soir, que les conséquences des représailles de l’Etat juif, effaçant délibérément ce qui les avait provoquées.
La présidence du Hezbollah
Du coté des Nations Unies, le Conseil de Sécurité proposait timidement de voter une déclaration qualifiant de « terroristes » les attaques sanglantes perpétrées jeudi en Israël. Rien qu’une déclaration
Une toute petite déclaration énonçant simplement que les «…parties entendent, non pas créer des obligations contraignantes, mais seulement exprimer certaines aspirations » [1] . Loin, très loin d’une résolution dont la valeur juridique est contraignante et « ..consacrée dans le droit international par l’article 25 de la Charte des Nations
unies »[2].
Une toute petite déclaration…sans compter avec le Liban, membre provisoire du Conseil, qui veillait et en empêchait l’adoption. Le Liban est pris en otage par le Hezbollah, reconnu internationalement comme une organisation terroriste. Le Hezbollah fait partie du gouvernement libanais. Absurdement, l’organisation terroriste devient ainsi, par le biais du représentant libanais, membre du Conseil de sécurité des Nations Unies, et va en assurer la présidence pendant trois mois.
Les agressions israéliennes
Depuis le 18 août les Palestiniens ne cessent d’arroser les villes du sud d’Israël de roquettes. Comble de la dérision, ils parlent de « vengeance » et Ahmad Bahar, un des responsables du Hamas, ose déclarer qu’il n’y aura pas de cessez-le feu « tant qu’Israël ne cessera pas ses agressions contre le peuple palestinien ».
Du coté des pays arabes, la Ligue Arabe, qui a mis des mois pour se prononcer mollement sur les massacres en Lybie ou en Syrie ayant fait plusieurs milliers de morts, décide de se réunir d’urgence le dimanche 20 août « à la demande de la Palestine, pour examiner les répercussions de la dangereuse situation suite à l'agression continue d'Israël contre Gaza ». Résultat : elle condamne « les raids aériens menés par Israël sur l'enclave palestinienne », et demande au Conseil de sécurité des Nations unies « d'adopter les mesures nécessaires pour mettre fin à l'agression israélienne ».
A Damas, la Syrie dont le Raïs extermine jour après jour ses opposants avertit Israël « des retombées d'une nouvelle agression, et affirme son soutien absolu à la lutte du peuple arabe palestinien pour la récupération de sa terre et de ses droits ».
Le très « modéré » Mahmoud Abbas
De son coté Mahmoud Abbas, le « très modéré » leader de l’Autorité palestinienne, incapable du moindre contrôle sur la bande de Gaza dirigée par le Hamas, appelle à une réunion d’urgence du Conseil de sécurité des Nations Unies « pour faire arrêter les attaques d’Israël sur Gaza ». C’est assurément de cette façon qu’il envisage de jeter les bases d’une paix avec l’Etat juif. Mahmoud Abbas qui s’obstine à vouloir réclamer de l’Assemblée générale des Nations Unies l’admission à l’ONU d’une Palestine bicéphale incontrôlable, aura certainement le soutien de la France du président Sarkozy, dont le ministre des affaires étrangères Alain Juppé déclarait le 14 mars 2011 lors d’une intervention devant la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée Nationale que la reconnaissance de
« l’Etat palestinien » par l’Union européenne, « en l’absence d’accord de paix avec Israël», était « une hypothèse qu’il fallait avoir en tête ».
Condamnation et usage disproportionné de la force
Y aura-t-il cette fois encore des condamnations internationales ? Selon ce que fera Israël, peut-être, peut-être pas. Tout dépend. Car les nations condamnent systématiquement l’Etat juif, au nom de ce qu’elles appellent «l’usage disproportionné et excessif de la force »…
Ce dont est coutumier le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon qui par exemple, et ce n’est pas la seule fois, condamnait le 13 mars 2008, dans son discours d'ouverture du 11e sommet de l'Organisation de la conférence islamique, Israël pour usage « inapproprié et disproportionné de la force » lors d’une opération de représailles. Ce qu’il refit le 15 mai 2011 en accusant Tsahal d'un « usage disproportionné » de la force contre les manifestants libanais qui avaient envahi la frontière.
Ce que fit aussi Alain Juppé qui, après avoir rappelé de façon « touchante », son amour d’Israël, écrivait sur son blog le 10 janvier 2009 « ..aujourd’hui, j’avoue que je ne comprends plus…. Où donc l’attaque sauvage qu’elles mènent contre Gaza peut-elle les mener? …[le vote du conseil de sécurité de l’ONU sur ] un cessez le feu immédiat…. devrait être le signal, pour le gouvernement israélien, que maintenant, c’est assez.. »
En attendant, Israël, quoiqu’il fasse ou quoi qu’il dise, ne convaincra de son juste droit, ni les médias acquis à une autre cause, ni les organisations internationales dominées par l’OCI [3], ni la plupart des hommes politiques soucieux de préserver leur électorat musulman. Il ne peut et ne doit compter que sur lui-même, sur ses soldats, sur ses moyens de défense, sur sa créativité, surtout pas sur ses « amis », et il doit s’attendre encore à bien des cendres et des larmes.