On pénètre lentement par la porte
de Jaffo, on longe le quartier des Arméniens, dépasse le Mur des Lamentations que l’on devine, puis l’on arrive à la Porte des Détritus (la bien nommée, nous verrons pourquoi)
pour se garer quelques dizaines de mètres plus loin. Nous descendons alors quelques marches pour nous retrouver en contrebas du Mont Moriah sur une terrasse d’observation face à
la vallée du Cédron dans « Ir David » (la Ville de David). « Ir David » est pour l’histoire, la grande, la véritable « Vieille Ville » de Jérusalem et l’endroit où le Roi David
installa la capitale de son royaume après avoir quitté Hébron, capitale du royaume de Juda.
David choisit Jérusalem comme capitale car la cité jébuséenne possédait de multiples atouts. Cette ville, engoncée entre plusieurs petites et discrètes montagnes de Judée et qui
sera pourtant soumise à de multiples reprises car difficile à protéger, présentait alors l’avantage de se trouver en dehors des trajectoires traditionnelles d’invasion. Centrale,
elle permettait au Roi David d’unifier toutes les tribus d’Israël après le schisme qui avait déchiré les Hébreux après la mort du Roi Saul ; c’est là que faillit avoir lieu le
sacrifice d’Isaac, acte de foi fondateur et fédérateur du Judaïsme. Ce qui avait emporté finalement le choix de Jérusalem fut la présence d’une source importante, le Gihon, qui
alimentera en eau Jérusalem et la Cité de David.
« Ir David » n’est pas un fantasme de sioniste attardé et des découvertes archéologiques de première grandeur ont
permis de reconstituer tout un pan de la grandeur juive passée. Face à nous, le Mont des Oliviers où gisent 200 000 tombes juives dont beaucoup ont été recouvertes par des
immondices. Y vit un petit village, Maalé Hazeitim, (Les Collines des Oliviers) composé de 40 familles juives perdues au milieu de 300 familles arabes et la principale
préoccupation de ces derniers est de jeter leurs poubelles sur les tombes et en particulier sur le tombeau de l’un des plus grands commentateurs du Talmud, Rabénnou Ovadia de
Bartenora. Ces actes de profanation et de vandalisme commencèrent lorsque le Royaume de Jordanie occupait Jérusalem et la soldatesque jordanienne hachémite, jusqu’à 1967 et la
Guerre des Six Jours, utilisera certaines des pierres tombales parmi les plus anciennes et les plus chargées de souvenirs historiques pour en faire des latrines. Ce qui est
préoccupant, c’est la profanation systématique et répétée du cimetière du Mont des Oliviers et l’ONU avait été saisie de l’affaire, comme elle le fut plus tard quand les Talibans
détruisirent des statues millénaires en Afghanistan, actes sévèrement jugés par la Communauté Internationale mais la protestation des Nations Unies fut cependant beaucoup plus
tiède quand le patrimoine juif de Jérusalem, lui, fut gravement souillé.
Depuis l’époque du roi David, la présence juive n’a jamais cessé sur ces collines et les enterrements juifs non plus, sauf pendant précisément cette
période allant de 1947 à 1967 jusqu’à la libération de Jérusalem par les parachutistes de Motta Gour.
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