Obama a lancé son offensive contre Israël pour l’empêcher d’attaquer l’Iran
par Noé Pollak
pour Commentary Magazine
Date de parution : le 13 mars.2010
Traduction : Objectif-info
pour Commentary Magazine
Date de parution : le 13 mars.2010
Traduction : Objectif-info
Le nouveau point bas des relations entre la Maison Blanche et Israël est particulièrement préoccupant pour deux raisons
qui n’existaient pas lors des administrations précédentes. D’un coté les réticences personnelles d'Obama envers Israël et son désir de mettre les États-Unis à distance de l'état juif pour le
rapprocher des Arabes ; et de l’autre le programme nucléaire iranien.
Sur le premier point, il semble que la politique officielle de l’actuelle administration consiste à d’utiliser le
processus de paix comme l’occasion de reconsidérer la position des États-Unis vis-à-vis des Juifs et des Arabes dans la région. L'incitation à la haine des Palestiniens, la célébration
publique du terrorisme par l’Autorité palestinienne (AP), les émeutes à Jérusalem, les accusations d’assassinat de Yasser Arafat contre Israël, le refus palestinien permanent de participer à des
négociations, etc., rien de tout cela n’a justifié le moindre commentaire du coté américain. En fait, je ne peux me souvenir d’une seule circonstance où un responsable de l'administration Obama a
critiqué l’AP pour quoi que ce soit.
Pourtant l'administration a publiquement réprimandé Israël sur une base quasi hebdomadaire. L'administration a adopté une
position très confuse. L'accord de Netanyahou pour un gel de dix mois dans les implantations à l’exception de Jérusalem a donné lieu à des félicitations chaleureuses ; et pourtant chaque fois
qu’Israël approuve un programme de construction à Jérusalem, il est âprement critiqué, et pas par des fonctionnaires de bas niveau. Généralement on fait émettre les protestations par Robert Gibbs
devant la presse nationale. Il ne faut pas être un sioniste ardent pour comprendre pourquoi l'hypocrisie multicouche de l'administration,- jamais la moindre critique pour les Palestiniens,
l’approbation et l'éloge d’un gel des implantations que l’on fustige ensuite régulièrement -, est une source d’exaspération pour les Israéliens.
Et il y a aussi la question de l'Iran. Je pense qu'il est évident à présent qu’Obama ne souhaite pas de confrontation
avec l'Iran au cours de sa présidence. Comme je l'ai écrit il y a quelque temps, cela signifie que les craintes d’Israël pour sa sécurité deviennent un problème majeur pour l'administration :
Obama pense donc sûrement que l'une de ses tâches les plus importantes est d’empêcher les Israéliens d'attaquer l’Iran.
Comment s’y prendre ? Traditionnellement, pour réduire les préoccupations de sécurité d’Israël, les États-Unis
réaffirment l’importance de la relation stratégique entre les deux pays. Mais sur la question de l'Iran cela ne marche pas pour deux raisons : 1) Le message d'Obama au monde arabe serait faussé
par cette proximité puisqu’il exige un éloignement des Israéliens ; 2) et dans le cas de l'Iran nucléaire, la question n’est pas vraiment de savoir si les liens entre Israël et les États-Unis
sont étroits ou pas. La crainte d’Israël vient de ce qu’une seule bombe iranienne peut détruire l’état juif, et que même en l'absence d’une frappe de ce genre, Israël serait confronté à un axe
Syrie-Hezbollah-Hamas renforcé, avec plus de guerres, des menaces constantes (et crédibles) d’annihilation, et sur la longue durée un phénomène d'usure psychologique, démographique, et économique
du pays.
Quand nous suivons cet enchainement logique jusqu’à sa conclusion, nous constatons que la seule option d'Obama pour
empêcher une attaque israélienne est celle qui se dévoile sous nos yeux. Il s’agit d’un effort des États-Unis pour affaiblir méthodiquement la relation entre les deux pays, consistant à provoquer
des crises, à user le gouvernement de Netanyahou avec cette détérioration programmée. Et plus important, il s’agit de créer une ambiance d'imprévisibilité, faisant craindre aux Israéliens qu'une
attaque contre l'Iran ne rencontrerait pas seulement la désapprobation américaine mais également un veto et peut-être une opposition active [souligné par le traduteur].
La réaction de l'administration d'Obama à la visite de Biden a été trop impatiente et trop irritée pour n’être que la
réponse à une insulte, surtout qu’il est clair que Netanyahou n'était pas au courant de l'annonce sur les logements et que les États-Unis avaient accepté les limites au gel des implantations dont
Jérusalem était exempté. Ceci dit, l'annonce était un coup bas aux proportions épiques qui allait provoquer inévitablement une réaction furieuse d'une administration qui a fait de la critique
d'Israël l’une de ses politiques les mieux rodées. Il me semble que cette réaction a été conçue par l’administration pour résoudre l’un de ses plus grands problèmes au Moyen-Orient, l’éventualité
d’une attaque d’Israël contre l’Iran.
Lire également : Comprendre la crise israélo-américaine
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