Nous ne sommes pas à vendre
Date : 05/11/2010 , Par CAROLINE B. GLICK
Nous ne sommes pas à vendre Par CAROLINE B. GLICK Jerusalem Post 04/11/2010 http://www.jpost.com/Opinion/Columnists/Article.aspx?id=194074
Adaptation française de Sentinelle 5771 ©
Si Netanyahou veut qu’on se souvienne de lui comme de quelque chose de plus qu’un autre bourrin, non différent de Livni et tous les autres, il doit mettre fin à ces pourparlers destructeurs et dire la vérité à l’administration Obama.
Le Premier Ministre Benjamin Netanyahou joue avec le feu. Au cours de la semaine passée, on a largement rapporté que l’administration Obama et le gouvernement Netanyahou mènent des négociations secrètes concernant les futures cessions de territoire israélien aux Palestiniens dans la Vallée du Jourdain et à Jerusalem. Selon ces rapports, l’administration a présenté à Netanyahou un plan selon lequel Israël cèdera ses droits sur Jerusalem Est et la Vallée du Jourdain aux Palestiniens puis louera ces zones aux Palestiniens pour une période limitée.
Les rapports varient sur la durée de la location. Certains déclarent que la Maison Blanche offre un bail de sept ans. D’autres déclarent que les américains offrent à Israël des baux sur Jerusalem et la Vallée du Jourdain pour plusieurs décennies avant qu’ils n’y renoncent complètement.
Netanyahou aurait accepté en principe la proposition d’Obama. La seule discussion en suspens porte sur la durée du bail. Netanyahou exige qu’Israël soit autorisé à louer Jerusalem et la Vallée du Jourdain aux Palestiniens pendant 40 à 99 ans. Les Américains projettent une durée plus courte.
Le fait que ces discussions aient simplement lieu est profondément troublant aussi bien pour ce qu’elles nous révèlent sur la vision d’Israël par l’administration Obama et pour ce qu’elles nous disent de la sagesse et de la personnalité de Netanyahou.
En appelant Israël à céder la Vallée du Jourdain aux Palestiniens, le président des USA Barack Obama ignore la réalité la plus fondamentale au Moyen-Orient : Israël est assiégé par ses voisins qui cherchent sa destruction. Sans la Vallée du Jourdain, Israël deviendrait l’équivalent moderne de la Tchécoslovaquie dépouillée du territoire des Sudètes en 1938. Il serait complètement indéfendable.
Aucun des voisins d’Israël n’a accepté son droit à l’existence. La majorité absolue des Arabes de tous les Etats voisins d’Israël veulent la destruction d’Israël. En cédant la Vallée du Jourdain, Israël commettrait un suicide national en invitant à une invasion qu’il serait incapable d’empêcher.
C’est vrai aujourd’hui, et étant donnée la profondeur de la haine arabe des Juifs, selon toute probabilité, cela restera le cas dans 40 et dans 99 ans. En tous cas, la suggestion d’Obama à Israël de faire reposer son avenir sur l’espoir sans fondement d’un monde arabe fondamentalement transformé est à la fois grossière et dangereuse.
De même pour Netanyahou, il n’a absolument pas le droit de parier l’avenir d’Israël. Il n’a aucun droit d’engager les générations futures dans un suicide stratégique fondé sur la myopie stratégique d’Obama.
La notion même qu’Israël devrait simplement céder le contrôle de la Vallée du Jourdain est erronée et inacceptable. En proposant qu’Israël procède ainsi, l’administration Obama détruit les derniers vestiges de sa crédibilité en tant qu’allié de l’Etat juif. Mais ceci n’est pas le pire aspect de la proposition des USA à Israël.
Le pire aspect de la proposition des USA, c’est qu’elle enjoint à Israël de céder Jérusalem et la Vallée du Jourdain aux Palestiniens puis à les louer aux Palestiniens.
S’adressant à la radio de l’armée, le ministre de la science Daniel Herschkowitz a expliqué : « Si nous acceptons l’offre, nous diffuserons aux Palestiniens que la terre est vraiment à eux ».
En effet, nous le ferions. Mais c’est pire encore.
Jerusalem est au centre de l’histoire, de la civilisation, de la culture et de la foi juives. C’est le sang vital de l’Etat juif et du Peuple juif. De même pour la Vallée du Jourdain, Jerusalem ne peut pas être défendue sans elle. Quand les USA demandent à Israël de louer ces zones aux Palestiniens, ce que les USA font savoir à Israël c’est qu’ils rejettent la notion même des droits nationaux juifs sur l’Etat d’Israël.
Peut-être un jour les dirigeants d’Israël seront-ils assez stupides pour se retirer de Jerusalem et de la Vallée du Jourdain. Peut-être un jour seront-ils assez stupides pour se retirer de la Galilée et du Negev. Mais aucun dirigeant israélien n’a le droit de céder les droits nationaux du Peuple juif sur la Terre d’Israël à qui que ce soit.
Au cœur des choses, la proposition des USA inclut la soumission israélienne aux Palestiniens. Elle exige que les dirigeants d’Israël déclarent que les Palestiniens ont tous les droits. Nous avons seulement une faible sécurité et des considérations politiques. Ces considérations à leur tour sont de durée limitée et lorsqu’elles seront en place, nous serons dénués de tout recours. Les Palestiniens seront libres de jouir de leurs droits sans les Juifs perturbateurs pour les ennuyer.
Netanyahou sait parfaitement bien qu’Israël ne peut pas survivre sans la Vallée du Jourdain. Il sait aussi que la Terre d’Israël appartient au Peuple juif et que nous sommes les propriétaires légitimes de ce territoire. Alors qu’est-ce qui explique son action ?
Agissant ainsi, Netanyahou essaie clairement d’empêcher une nouvelle crise avec l’administration Obama. Il n’y a pas de doute qu’il croit que les Palestiniens vont encore gagner du temps en refusant de passer un accord avec Israël. Exactement comme les Palestiniens refusent d’accepter le droit à l’existence d’Israël, exactement comme ils refusent d’abandonner leur exigence de détruire Israël en lui faisant accepter des millions d’Arabes nés à l’étranger comme citoyens à part entière dans le cadre d’un « accord de paix » ; et exactement comme ils refusent d’accepter la moindre limitation sur la souveraineté d’un futur Etat palestinien, de même Netanyahou croit-il qu’ils refuseront de louer la Vallée du Jourdain et Jerusalem pour 40 ou 99 ans.
Netanyahou peut bien avoir raison de penser cela. Les Palestiniens peuvent rejeter l’accord. Mais il prend un risque énorme.
Yasser Arafat n’avait aucun problème pour mentir à Yitzhak Rabin en 1993. Pour obtenir que Rabin installe l’Autorité Palestinienne, arme l’OLP, lève des milliards de dollars en aide internationale pour l’AP, et lui permette de s’étendre à la périphérie des plus grandes villes israéliennes, Arafat a menti et déclaré que l’OLP reconnaissait Israël et vivrait à ses côtés en paix avec l’Etat juif.
Il est facile d’imaginer Mahmoud Abbas, adjoint d’Arafat pendant 40 ans, agir de la même façon.
Et alors, que ferait Netanyahou ?
Si la tactique de Netanyahou pouvait ne causer qu’un dommage tactique à Israël, son pari sur le refus des Palestiniens de cet accord pourrait se défendre. Mais sa tactique cause un dommage stratégique à Israël même si les Palestiniens rejettent aussi cet accord. Aussi est-elle inexcusable. Israël ne peut pas survivre sans la vallée du Jourdain. En négociant sa cession, Netanyahou rend acceptable pour les USA et le reste du monde l’exigence de voir Israël commettre un suicide national. Pire que cela, la volonté de Netanyahou de négocier avec les USA sur la base d’un plan qui rejette le droit du Peuple juif à la Terre d’Israël jette la confusion chez les amis d’Israël et condamne à l’échec leur défense d’Israël. En acceptant le légitimité de cette proposition, Netanyahou déclare aux partisans d’Israël à l’étranger que les Palestiniens ont raison. Israël appartient aux Arabes plus qu’il appartient aux Juifs. Par ce message, la seule chose que les partisans d’Israël puissent faire, c’est d’encourager le gouvernement israélien à faire des concessions territoriales qui sont suicidaires pour le pays. Cette croyance désastreuse a été engendrée depuis l’origine du processus d’Oslo en 1993. Son influence délétère à l’étranger est prouvée par le flot de déclarations au long des années par les partisans d’Israël proclamant qu’Israël doit évacuer la Judée, la Samarie, Jerusalem, la Vallée du Jourdain et les Hauteurs du Golan. Prenez une récente déclaration du sondeur américain Franck Luntz. Celui-ci conseille souvent des groupes américains pro-Israël sur la façon d’améliorer l’image d’Israël dans le monde. Pourtant, de la façon dont cet ami d’Israël voit les choses : « la seule manière pour Israël de créer de la sympathie, c’est d’être la partie travaillant le plus dur à faire la paix. La meilleure défense d’Israël est de démontrer qu’il veut aller deux fois plus loin que ses voisins pour établir la paix ». Et pendant que des décisions comme celles de Netanyahou jettent la confusion chez les amis d’Israël à l’étranger, sa volonté d’envisager un plan qui nie les droits du Peuple juif sur Israël et appelle Israël à commettre des retraits suicidaires nationaux, démoralisent les Israéliens à l’intérieur. Pour preuve de cette démoralisation, il suffit de regarder la Parti Kadima. Comme la chef du Parti Kadima Tzipi Livni le rappelle à chaque fois qu’elle ouvre la bouche, le plan de Kadima pour Israël est de s’autodétruire en se retirant aux lignes d’armistices indéfendables de 1949 aussi vite que possible. Livni déclare jour après jour que les intérêts d’Israël sont mieux servis en cédant la Judée, la Samarie, Jerusalem et la Vallée du Jourdain aussi vite que possible. Dans la mesure où Netanyahou essaie de résister à la pression des USA contre la cession de toutes ces zones, Livni l’accuse de mettre le pays en danger. L’attaque cinglante la plus récente de Livni est survenue mercredi à la Knesset. Là, elle a attaqué le gouvernement Netanyahou pour soi-disant réagir avec bonheur aux informations sur la prise de contrôle du Congrès aux USA par les Républicains lors des élections de mardi. Comme elle l’a formulé :
« Pour ceux d’entre vous qui croient que la défaite d’Obama est une bonne chose pour Netanyahou, je me demande si vous êtes devenus dingues ?... Celui qui dit que… un président américain faible est bon pour Israël ne parle pas seulement stupidement, il encourage une chose qui met en danger Israël lui-même ». Evidemment, Livni a tort. Israël n’est pas mieux servi en préférant les chances politiques d’un président des USA hostile à ses doits et intérêts nationaux. Si Netanyahou et ses associés avaient exprimé leur joie après le résultat des élections américaines, ils auraient eu parfaitement raison de la faire. L’immense majorité des Israéliens, qui considère avec raison Obama comme hostile, le comprend. Mais en dépit de la stupidité des arguments de Livni, et de la folie de la politique de Kadima, l’opinion constante dans les sondages montre que Kadima suit de près le Parti Likoud. Et Netanyahou mérite en grande partie le blâme pour cet état de choses. Quand Netanyahou est d’accord pour négocier dans une position de faiblesse morale et de cécité stratégique, le message qu’il adresse au public est que nous devrions prendre au sérieux les émules de Livni. Il nous fait savoir que la différence entre Kadima et le Likoud concerne juste la forme, pas la substance. Ils nous racontent tous les mêmes salades, aussi nous devrions aussi voir la vie en rose. Depuis 17 longues années, les dirigeants israéliens successifs sont venus à leur poste engagés dans la défense du pays, pour se voir réduits en quelques mois brefs à chicaner le prix de la cession. Des dirigeants de Droite ont espéré que les Palestiniens saborderaient les accords. Des dirigeants de Gauche ont supplié les Palestiniens de les accepter. Si Netanyahou veut qu’on se souvienne de lui comme de quelque chose de plus qu’un autre bourrin, non différent de Livni et tout le reste, il doit mettre fin à ces pourparlers destructeurs et dire la vérité à l’administration Obama : la survie d’Israël n’est pas négociable et les droits du Peuple juif ne sont pas à vendre.