Les fruits infects de la doctrine Obama
14 septembre 2011
par Guy Millière
Reproduction vivement encouragée, avec les mentions et le lien suivant : © Guy Millière pour www.Drzz.fr/
A peine le onze septembre est-il passé qu’il importe de se confronter à la réalité du lendemain, que dis-je : à la réalité des jours qui ont précédé.
Le dix septembre, des islamistes excités (pléonasme) ont tenté de prendre d’assaut l’ambassade d’Israël au Caire. Au cours des jours qui ont précédé, le premier ministre turc s’est livré à des déclarations incendiaires qui équivalaient à une déclaration de guerre tiède avec Israël, et il a continué dans la même veine le onze, puis le douze septembre.
Le douze a été le jour où l’Iran a annoncé la mise en marche de la centrale nucléaire de Bushehr. Une agression anti-israélienne s’est produite encore sur la frontière avec le Sinaï.
Les tirs émanant de Gaza ont cessé. Pour le moment.
Mais le 20 septembre approche rapidement, et chacun sait ce qui se passera le vingt septembre : plus de cent quarante pays voteront aux abomi-nations unies pour la reconnaissance d’un Etat palestinien sans frontières définies, ayant pour capitale Jerusalem Est, et il y aura parmi ceux qui émettront un vote favorable plusieurs pays européens. Au Conseil de Sécurité, un seul pays émettra son veto : les Etats-Unis, et ce sera à contrecoeur ; ni la France ni la Grande-Bretagne n’auront la dignité minimale de faire ce geste. Il est vrai que dès lors qu’on porte des islamistes au pouvoir en Libye, il n’y a pas de raison de ne pas être cohérent lorsqu’on passe au Proche-Orient. L’anomalie est la présence de troupes françaises et britanniques en Afghanistan : c’est une incohérence qui sera corrigée pour ce qui concerne la France si un Président socialiste entre à l’Elysée.
Au lendemain du vingt septembre, les abomi-nations unies verront se tenir, au nom usurpé de la lutte contre le racisme, la conférence de Durban III. Je ne sais quel jour Mahmoud Ahmadinejad parlera, mais ce qui est certain est qu’il parlera, et qu’il recevra une ovation chaleureuse.
Dans les jours qui suivront, je m’attends à des émeutes anti-israéliennes en de multiples endroits, à des manifestations en plusieurs capitales d’Europe, à une montée en puissance des organisations appelant au boycott d’Israël, à l’organisation de petites nuits de cristal dans diverses villes.
Puis viendront les élections en Tunisie et en Egypte, et les résultats sont très prévisibles. Le parti En-nahda aura, en Tunisie, vingt, peut-être trente pour cent des voix, et pourra continuer à disséminer son venin. En Egypte, les Frères musulmans feront quelques pas supplémentaires vers le pouvoir absolu. Dans les médias français, on parlera de victoires de la démocratie. En Syrie, la situation semble se stabiliser, et Bachar Al Assad restera sans doute au pouvoir. Quelques mois encore, et on le trouvera à nouveau fréquentable. Un allié de l’Iran ne peut qu’être fréquentable, non ?
Jamais Israël, depuis sa (re)naissance n’a été à ce point isolé. Jamais l’islam radical n’avait remporté autant de batailles successives. Jamais, depuis que l’islam radical a déclaré la guerre à la civilisation occidentale, celle-ci n’a paru aussi désarmée.
Quand Oussama Ben Laden a décidé des attentats du onze septembre, il pensait, et il l’a dit, que le monde occidental n’aurait pas l’endurance et la constance dans le courage qui lui permettrait de l’emporter. Il ne s’était pas trompé pour ce qui concerne l’Europe : les derniers dirigeants européens debout, Tony Blair et Jose Maria Aznar, ont quitté leurs fonctions. Et il ne reste que des serpillières.
Il s’était trompé concernant les Etats-Unis : George Walker Bush incarnait encore une Amérique digne. Il savait pouvoir compter sur la gauche américaine, et la gauche américaine a exaucé ses vœux : la campagne pour porter Barack Obama au pouvoir a commencé dès 2001. Nous sommes dans les années Obama, et dans les effets de la doctrine Obama. J’ai énoncé plusieurs fois cette doctrine. Je le fais à nouveau : placer les Etats-Unis en retrait sur la surface du monde et laisser le monde être gouverné par les abomi-nations unies et par un cartel de dictatures. Pour ce qui concerne le Proche-Orient : rendre la région plus sûre pour l’islam radical et avancer vers l’effacement d’Israël. La région est désormais plus sûre pour l’islam radical. Israël a un gouvernement qui ne se fait, fort heureusement, aucune illusion, et qui ne courbe pas l’échine de manière suicidaire. Mais Israël est seul, isolé, oui.
Comme je l’ai dit ce dimanche à Lyon, pour une journée de formation organisée par le Crif, en compagnie de Richard Prasquier, Jacques Tarnero et Clément Weil-Raynal, c’est un orage, et Israël doit tenir. Mais cela me semble honteux qu’Israël doive tenir seul, entouré par les fruits infects et purulents de la doctrine Obama.
Les jours d’Obama à la Maison Blanche me semblent comptés.
J’ai, cela dit, regardé le débat républicain organisé par CNN et les Tea Parties lundi 12 septembre, et ma confiance en une victoire républicaine a été légèrement ébranlée. Les sept autres candidats s’en sont pris à Rick Perry, ce à quoi on pouvait s’attendre. Mais Rick Perry m’est apparu comme n’étant pas excellent dans un débat : c’est effroyable, car face à Obama le charlatan, il faut être excellent.
Mitt Romney m’est apparu plus à même de tenir le choc d’une confrontation. Et c’est effroyable aussi, car Mitt Romney est un candidat aux idées moins cohérentes et moins conservatrices.
La campagne est en cours et je ne l’oublie pas ; ce qui est en jeu est bien davantage que les Etats-Unis. Si Obama devait être réélu, c’en serait fini de bien davantage que les Etats-Unis, et, pour le coup, Israël aurait beaucoup à craindre. Cela pourrait devenir plus qu’un simple orage.
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PS : On m’a demandé si je pensais que la Turquie pouvait entrer en guerre avec Israël. Ma réponse a été : non. La Turquie aurait trop à y perdre. Car elle dépend économiquement de ses échanges internationaux.
La Turquie essaie de se placer en chef de file du monde sunnite, et cela implique pour Erdogan de s’en prendre verbalement à Israël. Au delà de 2012, si Obama restait à la Maison Blanche, ma réponse pourrait être différente.
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