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Malaassot - le blog de mordehai              -           ! ברוך הבא

La contre-visite de Netanyahou à Washington, entre retrait d’Irak et timing messianique-suicidaire

11 Juillet 2010 , Rédigé par mordeh'ai Publié dans #Tribune libre

Par Marc Brzustowski

Pour ©2010 lessakele et ©2010 aschkel.info

11-07-2010

Entre les 6 et 8 juillet, s’est déroulé le premier échange sans heurt entre Netanyahou et Obama, depuis l’arrivée des 2 hommes au pouvoir. La rencontre était condamnée à réussir, du fait des intérêts de court terme de l’un et de l’autre. Les messages délivrés par le locataire de la Maison Blanche ont veillé à apaiser les tensions : si Israël est toujours invité à contresigner le traité de non-prolifération nucléaire, Obama « comprend » ses besoins spécifiques de sécurité et accepte « l’exception israélienne ». L’heure est au renforcement de la dissuasion, dans l’incertitude quant à l’efficacité des sanctions contre l'Iran.

En attendant, l’éventualité d’une frappe préventive reste en suspens. Si le gel des implantations devait durer dix mois, il est temps, selon l’Amérique, que débutent les pourparlers en face-à-face, auxquels se dérobe toujours Mahmoud Abbas./ En termes diplomatiques, Israël, par l’application de ce gel, a déjà plié aux exigences américaines. Abbas serait bien inspiré d’entrer en négociations directes, plutôt que de mettre Obama et le processus de paix en état d’échec, juste avant les échéances de novembre…

La Maison Blanche a, également, accueilli favorablement les nouvelles mesures d’assouplissement du blocus de Gaza, depuis l’incident de la flottille. Comment expliquer ce changement d’approche? Les échéances des élections de mi-mandat, en novembre prochain, ne sont pas propices à la remise en cause des alliances.

L’actuelle Administration a dû affronter des mises en garde en cascade contre sa politique hostile envers Jérusalem, de la part du Sénat, du Congrès et de différentes personnalités. Elles restent sans précédent dans l’histoire des présidences US.

Obama en vient même à saluer l’avantage d’avoir affaire à un faucon réputé, plutôt qu’à une colombe, dans l’effort de construction de la paix avec les Palestiniens. Bref, il doit constater la solidité de la coalition autour de Netanyahou, au moment où s’affaiblit le prestige des Etats-Unis au Moyen-Orient, et opérer un virage à 180°.

Elle n’est pas, non plus, en mesure d’annoncer clairement ses priorités, à quelque distance des législatives. Cette posture en « retrait » peut aussi être interprétée à la lumière des échéances que le Président américain s’est fixé :

 1) Obama doit opérer le repli de ses troupes combattantes d’Irak d’ici le 31 août. Rien ne garantit que les Etats-Unis laisseront derrière eux une région en ordre. Il faudra en confier la gestion aux pouvoirs régionaux les plus fiables. Dans ce tableau, les bonnes dispositions d’Israël et le renforcement militaire des régimes arabes alliés seront nécessaires.

 2) Les dernières consultations d’Israël avec l’Egypte et la Jordanie démontrent que la rhétorique anti- iranienne enfle chez les régimes sunnites et pays du Golfe. L’Ambassadeur Hamad al-Kaabi, représentant permanent des Emirats auprès de l’AIEA, s’est dit favorable à une frappe contre les installations nucléaires. C'est une première, dans le domaine public.

 3) Les unités américaines les plus aguerries iront renforcer le Général Petraeus en Afghanistan, afin de stabiliser cette autre plaque sismique. Le Général, sauveur de Bush en Irak, annonce une présence américaine de long terme, contrairement aux déclarations d’Obama, il y a un an.

 4) Le Général Mattis le remplacera au CentCom. Celui-ci devra donc superviser la cohérence des 3 fronts les plus importants pour l’Amérique : l’Afgha-Pak, la consolidation de l’Irak, et les risques liés au « volcan » iranien en fusion… Un autre élément de stabilité régionale s’effrite à vue d’œil : le récent incident maritime de la Flottille et son exploitation diplomatique ont révélé au grand jour le double-jeu de la Turquie : - d’abord, parce que les Turcs n’ont pas prêté main forte aux Etats-Unis, en 2003, lors de la libération américaine de l’Irak. -

Parce que c’est encore ce moment de retrait programmé d’Irak qu’Erdogan et ses islamistes ont choisi pour abattre leurs cartes : en 4 ans, l’AKP s’est montré favorable au nucléaire et au commerce énergétique avec l’Iran ; elle est, avec la Chine, son principal fournisseur de carburant raffiné ; farouchement anti-israélien et pro-Hamas ; hostile à l’autonomie kurde et allié des Mollahs dans l’étouffement des minorités ; prêt à modifier l’équilibre régional selon ses seuls intérêts, même s'ils s'avèrent non-compatibles avec ceux du leader de l’OTAN. -

D’autre part, la Turquie présidera le Conseil de Sécurité de l’Onu, en septembre et s’en servira pour accentuer l’inflation du discours antisioniste dans les instances internationales. Israël a besoin de s’assurer que les Etats-Unis sauront mettre leur veto quand leurs intérêts conjoints sont menacés.

Pour limiter les effets de cette défection progressive, l’Alliance atlantique devra assurer ses arrières. Alors que la crise battait son plein, Israël tissait, depuis un certain temps déjà, un renforcement de ses relations avec deux pays européens intéressés à combler le vide laissé par la Turquie : - - la Grèce, son ennemie de toujours, à cause du conflit ouvert à Chypre ; - - et la Roumanie, qui appartient au sud de l’Europe directement menacée par l’influence de l’ancien empire ottoman.

D’autres pays, nés de l’éclatement de l’ex-Yougoslavie (Croatie, Serbie) peuvent trouver intérêt à renforcer ce pôle de la défense du sud de l’Europe, et contribuer à l’envoi de troupes en Afghanistan.

Le recentrement de la Turquie sur elle-même bénéficie, d’abord, à l’alliance irano-syrienne. Mais, à terme, la concurrence entre les deux hégémonies ottomane et perse, peut aussi neutraliser l’influence iranienne sur la cause palestinienne, à travers ses filiales du Hezbollah et du Hamas.

Ce dernier fait l’objet de la convoitise turque. Le Liban peut être tenté de se tourner vers la proche Turquie, pour contrer la mise sous tutelle de l'Iran... Ils peuvent, en revanche, s’entendre sur le grignotage progressif de l’autonomie kurde et le dépeçage de l'Irak, par des campagnes conjointes de répression dans le Sud-Est turc, le Kurdistan irakien et le Nord-Ouest de l’Iran.

Rien qui puisse rassurer ni l’Amérique sur le départ, encore moins, les pouvoirs sunnites, si les puissances du Levant se partageaient les restes de l’Irak. Cette entente est susceptible de pousser à l’émergence des Frères Musulmans au cœur de la Jordanie, de l’Egypte, dans un désastreux contre-effet-domino, qui renverserait la jarre de l’islamisme à travers tout le Moyen-Orient, les pays du Golfe, Bahrein, Emirats et Arabie Saoudite et bien au-delà, vers le Maghreb et l’Europe …

Depuis l'affaire du Mavi Marmara, l’Iran et le Hezbollah ont tenté, par diverses provocations, de rappeler leur dangerosité aux Occidentaux : Les incidents se sont multipliés au Sud-Liban, à l’encontre des éléments français et espagnols de la FINUL, perçue comme une présence étrangère, et, par conséquent, hostile. Tsahal a diffusé des images de l’infiltration des 20 000 supplétifs et forces spéciales du Hezbollah dans les villages, comme al-Khiam.

Ces mouvements suspects coïncident également avec la disparition de l’Ayattollah Fadlallah : en dépit de son soutien au terrorisme, il restait opposé à l’allégeance au Guide Suprême iranien, Ali Khamenei. Il avait rang de marja, la plus haute distinction, dans la hiérarchie chi’ite.

Tout comme l’Ayattollah Ali Sistani, en Irak, également âgé de 81 ans, il était tourné vers Nadjaf, et non vers Qom, l’école religieuse de la Révolution islamiste concurrente. Son successeur pressenti, Afif Nabulsi, est d’un avis bien différent : totalement inféodé à Téhéran, il devrait être un acteur –pivot de l’iranisation croissante des Chi’ites libanais.

Les Mollahs préparent, depuis des années, ce cycle de successions, avec Moqtada Sadr en Irak, dès qu’Ali Sistani aura quitté cette terre. Ce remplacement pourrait alors favoriser leur mainmise sur le Sud-irakien : Nadjaf, Kerbala, ses centres spirituels, et Bassorah, son terminal pétrolier…

C’est dans ce contexte qu’un espion iranien au service de la CIA, « Reza Kahlili », a jugé urgent de tenter de réveiller l’Administration Obama, lors d’une tribune-électrochoc au Washington Institute : il l’a accusé d’aveux de faiblesse répétés, de lâchage délibéré de l’opposition iranienne et a fustigé les assauts de naïveté d’Obama en direction des fous de Dieu de Téhéran : il ne devrait faire aucun doute, selon lui, que l’Iran est prêt à mettre Israël, mais aussi l’Europe et les pays du golfe à feu et à sang.

Obama, tout sucre et miel envers Netanyahou, est-il seulement capable d’entendre ce langage qui va à l’encontre des illusions qu’il dispense depuis son arrivée à la Maison Blanche ?

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