La campagne pour Shalit: le "bon" Hamas et le "méchant" Netanyahou et la brute réalité!
27/06/2010
Par Freddy Eytan
Pour Le CAPE de Jerusalem
Jamais dans l'histoire contemporaine, une nation entière s'est mobilisée spontanément pour la libération d'un seul soldat. Jamais un peuple entier a marché des kilomètres à pied pou libérer un jeune homme en détention. Seul en Israël cela est possible. Nous agissons toujours selon les valeurs du judaïsme et les droits de l'Homme. La campagne pour la libération de Guilad Shalit est justifiée, noble et à l'honneur de la famille qui depuis 4 ans se bat avec dignité et un courage exemplaire pour leur fils. C'est normal, naturel, et chaque parent dans ces conditions douloureuses devrait réagir ainsi.
Cependant, nous devons focaliser l'attention directement contre le Hamas et exercer des pressions sur les chancelleries et la Croix Rouge pour qu'ils permettent l'échange de détenus. La récente campagne ne se déroule pas dans les rues de Gaza mais dans les boulevards des villes israéliennes et devant les ministères. Elle est organisée par différents lobbies et des stratèges en communication et elle risque au contraire d'affaiblir considérablement les efforts du gouvernement.
Le Premier ministre est plongé dans un immense dilemme. Benjamin Netanyahou qui a perdu son grand frère dans l'opération Entebbe est déchiré entre les inquiétudes de la famille Shalit et la raison d'Etat. Il ne peut décider à la légère la libération massive de terroristes et encourager de nouveaux actes odieux mais ne pourra pas non plus faire la sourde oreille. Certes, Israël est capable à l'avenir de pouvoir contrecarrer de nouvelles actions terroristes mais les risques seront énormes pour la sécurité des citoyens. Dans cette triste affaire, un Premier ministre responsable devrait agir avec la tête froide et non pas avec ses tripes. Une opération militaire a été minutieusement étudiée mais elle n'est pas à ce jour envisageable pour plusieurs raisons.
Contrairement aux grands rassemblements de solidarité à Paris et à Rome, nous assistons dans cette nouvelle campagne à une mobilisation sans précédent de toute la presse israélienne. Tous les médias prennent activement et aveuglement partie pour la libération de Shalit et publie de nombreuses pages et photos. Chaque journal se dispute pour présenter ce grand show de l'été et tente de prouver son influence sur le gouvernement Netanyahou. Que dira demain la presse si de nombreuses victimes israéliennes, des femmes et des enfants innocents mourront lors d'un attentat spectaculaire que l'un des terroristes libéré par Netanyahou en est le responsable?
Face au grand débat public, aux pressions et aux dilemmes et devant l'atroce douleur de la famille, le Hamas favorise la guerre psychologique et renvoie la balle dans le camp de Netanyahou. Le Hamas marque des points et observe l'échiquier israélien en se frottant les mains et en accentuant la surenchère. Guilad Shalit représente sur tous les plans une véritable carte pour le Hamas et il fait du drame un fonds de commerce indigne et abject.
Dans ce bazar oriental, les rôles sont inversés. La presse et l'opinion publique israélienne sont pour la libération de Shalit tandis que le "méchant" Netanyahou refuse obstinément. Selon la logique de la campagne, son gouvernement finira tôt ou tard par céder en acceptant le dictat du Hamas. Rappelons que rien ne presse pour l'organisation terroriste. La vie humaine d'un "Yahoud sioniste" n'a aucune valeur pour lui et donc le jeune soldat pourra toujours rêver de retrouver un jour sa maison et ses parents. Quant au gouvernement, il est dans l'obligation de poursuivre sans relâche ses efforts pour libérer Guilad. C'est une priorité absolue et un devoir moral!