Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Malaassot - le blog de mordehai              -           ! ברוך הבא

Israël, entre espoir et inquiétude

4 Mai 2011 , Rédigé par mordeh'ai Publié dans #Politique

Par Daniel Haïk,

No 168 04 mai 2011,

http://www.hamodia.fr/

 

En Israël, on veut espérer que l'accord entre le Hamas et le Fatah permettra finalement de torpiller le projet de reconnaissance unilatéral d'un État palestinien par l'ONU en septembre. Mais on redoute également que la mauvaise foi des Occidentaux et leur désir de se débarrasser du conflit israélo-palestinien les poussent malgré tout vers une légitimation du Hamas.

« Les Palestiniens n'ont jamais raté une occasion de rater une occasion ». Cette phrase prononcée dans les années 70 par le diplomate israélien le plus célèbre au monde, Abba Eban, est brusquement redevenue d'actualité, le mercredi 27 avril avec la conclusion, au Caire, d'un protocole d'accord entre le Hamas et le Fatah. De prime abord en effet, les Palestiniens viennent de scier la branche sur laquelle ils s'étaient assis. Sur la voie de la reconnaissance de leur état indépendant par l'ONU en septembre prochain, les leaders du Fatah

« modéré » ont, sous prétexte d'œuvrer à l'unité palestinienne, remis en selle leurs ennemis jurés du Hamas et ce faisant, ils offrent à Israël une opportunité presque inespérée d'alerter la communauté internationale afin qu'elle torpille la proclamation d'un état qui de facto sera dominé par les intégristes et qui pourrait devenir sous peu une base avancée de l'idéologie négationniste iranienne de Mahmoud Ahmadinejad. Cependant, il convient d'être clairvoyant et ce qui apparaît d'emblée comme une bouée de sauvetage pour Israël risque également de se transformer en une menace presque existentielle pour l'État hébreu. En effet, dans un cas de figure plus réaliste qu'il y paraît, les Occidentaux pourraient se laisser séduire par une unité palestinienne de façade et, en dépit des risques inhérents, encourager à la création d'un état Hamas-Fatah dans un souci prioritaire de se débarrasser une fois pour toutes de ce casse-tête insoluble que représente le conflit israélo-palestinien.

De telle sorte que la surprise provoquée par l'annonce de cet accord n'a d'égale que l'incertitude dans laquelle il plonge le Proche-Orient en général et Israël en particulier. Face à cette incertitude, deux scénarios majeurs semblent se dégager : l'un favorable, l'autre hostile à Israël

 

Le scénario le plus favorable à Israël

Binyamin Nétanyaou, épaulé d'un Shimon Pérès farouchement opposé à l'accord parvient à convaincre les dirigeants américains et européens que la présence du Hamas au sein d'un gouvernement palestinien représente un véritable danger pour Israël et offre à l'Iran d'Ahmadinejad une plateforme avancée aux frontières d'Israël et de l'occident. Et il explique également que le monde libre ne peut d'une main, éliminer Ben Laden et lutter contre le terrorisme et de l'autre légitimer le Hamas.

Pour ce faire, le Premier ministre pourrait mettre en exergue dans son discours du 24 mai devant le Congrès et lors de ses prochains déplacements à Londres (mercredi) et à Paris (jeudi) les multiples déclarations hostiles du Hamas envers Israël, son refus de reconnaître les conditions du Quartet, et les liens étroits que le mouvement terroriste entretient avec El Quaïda.

Le Congrès américain décide de geler l'aide américaine à l'Autorité palestinienne et Barack Obama refuse de recevoir Abbas tant que le Hamas ne reconnaîtra pas Israël.

Nétanyaou, attire l'attention des Occidentaux sur l'ouverture du poste de Rafiah et sur les risques d'entrée dans la bande de Gaza de terroristes membres des cellules d'El Quaïda. La campagne lancée par le Premier ministre parvient à effrayer la communauté internationale qui annonce son opposition à toute reconnaissance d'un état palestinien dont le gouvernement compterait des membres du Hamas. Abbas privé de son bras droit Salam Fayed, se retrouve isolé et affaibli au profit du Hamas. Même s'il décide alors de proclamer un état indépendant avec le soutien de la majorité automatique du Tiers monde, il se heurte au veto des Américains et de certains pays européens au conseil de sécurité de l'ONU. De facto, aucun changement n'intervient sur le terrain. Une fois de plus, comme conséquence directe de cet accord Hamas-Fatah, l'état palestinien est un mort-né.

 

Le scénario le plus hostile à Israël

L’accord de réconciliation est ratifié par Mahmoud Abbas et Ismaïl Anyeh mercredi au Caire.

Sans reconnaître l'État d'Israël et sans abandonner la voie du terrorisme, le Hamas ébloui par le feu des projecteurs, décide tactiquement de lâcher du « lest » en acceptant par exemple de reconnaître certains des accords conclus par l'Autorité palestinienne. Trop heureuse de damer le pion à l'administration Obama, l'Union européenne et Nicolas Sarkozy en tête estiment qu'il y a dans cette démarche et dans la capacité des Palestiniens à s'unir une « opportunité pour la paix ». Les Européens font valoir que désormais Abbas est le président de l'ensemble du peuple palestinien. Qu'importe si le Hamas devient prédominant dans un tel gouvernement comme le prédisent tous les experts. L'Union européenne décide de reconnaître en septembre le nouvel état palestinien. Reste à savoir ce que fera alors l'administration Obama. Avec des conseillers tels que James Clapper qui considèrent les Frères musulmans comme une nébuleuse de mouvement non violent et laïc, rien n'empêche de penser que le président américain se laisse lui aussi tenter par une reconnaissance du Hamas qui soit un prélude à une reconnaissance américaine d'un état palestinien « Hamas-Fatah ». Seul le Congrès pourrait encore sortir ses griffes et mettre en garde le président Obama. Au sein du ministère israélien des Affaires étrangères, plusieurs diplomates avancent ces derniers jours ce cas de figure embarrassant pour Israël.

L'un d'eux aurait déclaré en prenant connaissance de l'accord : « Le Hamas a parfaitement joué son coup » !

 

Hamas-Fatah, ou des relations en constante dégradation depuis 2006

Janvier 2006

Ariel Sharon autorise le Hamas à participer aux élections palestiniennes du 21 janvier. Le mouvement intégriste obtient une nette majorité. Le Fatah rejette ces résultats et décide de créer son propre cabinet à Ramallah. Ismaïl Anyeh s'autoproclame Premier ministre à Gaza.

Février 2007

Le Hamas et le Fatah signent à La Mecque leur premier accord de gouvernement d’union, qui s’effondrera quatre mois plus tard…

Juin 2007

Après des mois d’affrontements, parfois meurtriers à Gaza entre le Hamas et le Fatah, le mouvement intégriste prend le contrôle de l'ensemble de la Bande de Gaza et s'empare de toutes les institutions étatiques de l’Autorité palestinienne. Des dizaines d'officiers palestiniens du Fatah sont tués, des centaines d'autres expulsés. Le Hamas, seul maître à Gaza, impose sur place la charia, la loi islamique.

Printemps 2008

En marge de frictions plus ou moins graves entre le Hamas et le Fatah, les deux clans ennemis tentent de parvenir à un accord de réconciliation. Le régime de Hosni Moubarak et d'Omar Souliman entame un premier round de négociations où ils reçoivent les délégués du Hamas et du Fatah pour tenter de rapprocher leurs points de vue.

Octobre 2009

Signature, par le Fatah seulement, d’un accord d’union nationale prévoyant une distribution des portefeuilles ministériels du gouvernement palestinien commun à des « technocrates » et à des « apolitiques ». Craignant de voir son emprise sur Gaza s’affaiblir, le Hamas refuse de signer cet accord. Mais à peu de choses près, c’est le même texte que ses délégués signeront cette fois le 27 avril dernier…

Courant 2010

Les tentatives de la diplomatie et du pouvoir égyptiens pour relancer les pourparlers Hamas-Fatah échouent pour les mêmes raisons qu’en 2009.

Le Fatah procède à une vague d’arrestation de responsables des cellules du Hamas en Judée-Samarie, pendant que le mouvement islamiste fait de même à Gaza avec des chefs clandestins du Fatah. À Gaza comme à Ramallah, ces prisonniers sont torturés par leurs geôliers respectifs.

27 avril 2011

Le Hamas et le Fatah paraphent au Caire un protocole d'accord prévoyant la formation d'un gouvernement d'Union nationale composé d'experts apolitiques qui gouvernera les territoires palestiniens pendant un an. Ensuite, des élections législatives et présidentielles devront se tenir pour désigner le futur président palestinien et la composition du nouveau parlement et d'un gouvernement permanent.

Évènement commun préparé en 2009. Même si cette démarche est censée appuyer la campagne diplomatique de l’AP et du Fatah pour une reconnaissance de l’état palestinien en septembre prochain par l’Assemblée générale de l’ONU, c’est bien le Hamas qui apparaît comme le grand gagnant de ce pacte : cet accord le laisse au pouvoir à Gaza, ne l’oblige pas à accepter la « solution des deux États » (puisqu’il continue de nier à Israël tout droit à l’existence, même dans ses frontières d’avant juin 1967), ni à engager des pourparlers de paix avec l’État hébreu. De surcroît, le Fatah s’engage à libérer tous les détenus politiques du Hamas enfermés dans ses prisons.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :