Israël connaîtra un excédent d’eau potable en 2014
Par Jacques Bendelac,
No 206 de Hamodia du 15 fevrier 2012,
Les pluies abondantes de ces derniers jours ont permis de reconstituer une partie des réserves en eau du pays. Mais ce n’est pas la seule raison d’optimisme pour les responsables israéliens de l’eau : le directeur de la Compagnie nationale des Eaux Mékorot vient de déclarer à la Knesset qu’Israël est en passe de mettre un terme à sa pénurie chronique d’eau. Il a même annoncé que le pays va prochainement devenir excédentaire en eau potable ! Le passage de la pénurie à l’abondance sera rendu possible par le doublement de la production d’eau dessalée d’ici au début de 2014. L’augmentation de la quantité disponible d’eau potable permettra non seulement de combler la pénurie, mais aussi de dégager un excédent qu’il faudra gérer avec prudence. Mais si la pénurie est en train de se résoudre, pourquoi alors le prix de l’eau continue-t-il à augmenter ?
Dessalement : pari gagné
Israël a rapidement misé sur le dessalement. Pour un pays aride, victime de la désertification croissante et pauvre en sources naturelles, dessaler l’eau de mer s’est vite imposé comme la seule
solution à moyen terme pour disposer d’une quantité d’eau quasiment illimitée. D’autant plus que les contrats de concession-BOT (Build-Operate-Transfer) permettent à l’État de ne pas dépenser un
seul shekel : des investisseurs privés construisent les installations et vendent l’eau à l’État pour un prix convenu d’avance. La première grande usine de dessalement (Ashkelon) a commencé à
produire en 2005, puis deux autres installations ont été construites : l’une à Palma'him (2007) et l’autre à 'Hadéra (2009). Au total, Israël dessalera 320 millions de m³ d’eau de mer en
2012.
Le tournant dans la production d’eau potable aura lieu en 2014 : la production d’eau dessalée va presque doubler puisqu’elle bondira à 620 millions de m³ par an. Cette augmentation de la
production sera rendue possible par la mise en activité de deux nouvelles usines de dessalement en cours de construction, l’une à Ashdod et l’autre à Sorek. Au total, l’eau dessalée couvrira le
tiers de la consommation nationale d’eau qui se monte à 1,8 milliard de m³ par an.
Eau potable : une inflation de 100 % en trois ans
À en croire le directeur de la Compagnie des Eaux Mékorot, le spot publicitaire qui, tous les soirs, invite les Israéliens à économiser de l’eau fera bientôt partie de l’histoire. Devant la
commission de l’Économie de la Knesset qui l’auditionnait cette semaine, Shimon Benhamou s’est montré optimiste : « dès le début de 2014, il y aura des excédents courants d’eau potable en Israël
». Selon lui, il existe aujourd’hui un déficit de 1,5 milliard de m³ d’eau dans les réservoirs de Mékorot ; dans un premier temps, la production excédentaire va permettre de reconstituer toutes
les réserves en eau du pays, tout en permettant aux Israéliens de jouir d’une eau potable abondante.
Si la pénurie d’eau est en passe de disparaître, le consommateur israélien a du mal à comprendre pourquoi le prix de l’eau continue à augmenter. De janvier 2009 à janvier 2012, le tarif de l’eau
a fait un grand bond en avant : le prix réduit du m³ (pour une basse consommation) est passé de 4 à 8 shekels, soit une augmentation de 100 % ; quant au tarif plein, il est passé de 8 à 13
shekels le m³, soit une hausse de 60 %. Sans compter que depuis 2010, le prix de l’eau est soumis à une TVA de 16 %. Certes, il faut éviter les gaspillages, même en période d’abondance ; mais
pour de nombreuses familles modestes, la facture de l’eau est devenue une lourde charge qui leur est de plus en plus difficile à supporter.
Eaux usées : un recyclage accéléré
Autre motif d’optimisme : la technologie du traitement des eaux usées
(les effluents) s’améliore et le rendement du recyclage augmente. Dorénavant, Israël recycle chaque année 400 millions de m³ d’eaux usées domestiques et urbaines, dont la majorité est destinée à
l’agriculture et aux espaces verts. Cela représente 20 % de la consommation nationale, mais ce sont 40 % des besoins de l’agriculture qui sont couverts par le recyclage des eaux usées. Certes,
lorsque les pluies d’hiver sont abondantes, comme cette année, les besoins en eaux recyclées pour l’agriculture sont plus faibles ; une partie des eaux usées est réinjectée dans les aquifères
souterrains pour être utilisée plus tard par Mékorot.