Heureux et optimistes pour Israël, pessimistes pour la paix
Heureux et optimistes pour Israël, pessimistes pour la paix
Par Daniel Haïk,
Hamodia No 188 du 05 octobre 2011,
À l’occasion de Roch Hachana, les grands quotidiens ont publié dans leurs suppléments spéciaux des sondages particulièrement éloquents puisqu’ils sont tous parvenus à la même conclusion. À l’aube de cette nouvelle année 5772, les Israéliens et en particulier la population juive sont heureux de vivre dans ce pays et sont optimistes tant pour l’avenir sécuritaire d’Israël que pour leur avenir personnel./ Selon le Yediot A’haronot, 88 % des Juifs israéliens sont heureux de vivre dans leur pays, 41 % sont même persuadés que l’avenir sera encore meilleur et 74 % sont satisfaits de leur situation économique ! Selon le Maariv, 74 % des Israéliens sont optimistes face aux défis sécuritaires d’Israël et selon le Israël Ayom 76,5 % sont optimistes pour leur avenir personnel ! Par contre, ces mêmes sondages sont nettement moins optimistes lorsqu’il s’agit des chances de règlement du conflit israélo-palestinien. Ainsi le Yediot constate que 66 % soit deux tiers, des Israéliens considèrent qu’il n’y a aucune chance de parvenir, même dans un avenir lointain, à un règlement du conflit israélo-palestinien et 55 % sont opposés à un retrait israélien sur les frontières de juin 67. Selon le Maariv, ils sont 54 % à ne pas croire à un règlement du conflit. Enfin selon Israël Ayom, 48 % sont persuadés qu’il n’y aura pas de règlement et 33 % supplémentaires se disent sceptiques à ce propos. Seuls… 15 % des Israéliens croient encore en la paix avec les Palestiniens… Selon Israël Ayom, plus de 55 % des Israéliens sont satisfaits de la manière dont Binyamin Nétanyaou a géré la confrontation avec les Palestiniens à l’ONU en septembre. Selon le Maariv, M. Nétanyaou reste pour 27 % des Israéliens le plus apte à être Premier ministre , alors que 17 % accordent leur confiance à Tsipi Livni, 15 % à Shelly Yé’himovitz et 14 % à Avigdor Lieberman. Et toujours selon ce quotidien, la menace la plus sérieuse pour l’État d’Israël, aujourd’hui n’est ni le terrorisme palestinien (19 %) ni même la bombe nucléaire Iranienne (21 %), mais plutôt le fossé social qui sépare les plus riches des plus pauvres en Israël ! Enfin 88 % des Israéliens, probablement ceux qui sont heureux de vivre en Israël, n’ont jamais envisagé de quitter le pays !
La stabilité de la Tékia
Les observateurs de la presse ont visiblement eu du mal à commenter ces sondages qui voguent allègrement de l’optimisme au pessimiste, de la joie à la préoccupation. Et ils l’ont reconnu. Toutefois, pour tenter d’expliquer de telles variations, ils auraient pu s’inspirer du commentaire de Rabbi Shimchon Refaël Hirsch sur la fête de Roch Hachana (Parachat Emor). Dans ce commentaire édifiant, le rav Hirsch se penche sur la signification des différentes sonneries du chofar de Roch Hachana et surtout, sur leur structure. Il constate que la Tékia (son unique prolongé) précède et conclut les sons de fracture (Chevarim et Troua). Pour le rav Hirsch, cette construction précise est le reflet fidèle de l’approche que nous devons avoir de notre présence sur terre et il est normal que ce soit à Roch Hachana, jour du jugement que nous en prenions pleinement conscience : certes, notre vie est ponctuée de Chevarim, de crises. Certes, elle peut être également rythmée au son de la Troua, de l’hébreu Raoua qui signifie fragilité et instabilité. Mais, ce serait une erreur que de ne percevoir notre existence qu’à travers ces sons fragmentés. Car ceux-ci ne sont pas seulement introduits par le son pur de la Tékia, ils sont également suivis par ce même son.
Or en hébreu, la Tekia est issue de la racine TKH, qui est assimilée à la solidité d’un accord (Tékiat Kaf) ou au clou planté solidement (Litkoa masmer) ! Rabbi Shimchon Refaël Hirsch vient nous indiquer par le biais de la Tékia, que la stabilité, la sécurité, et d’une certaine manière la émouna la plus pure doivent dominer notre existence. Elles doivent être la base de départ, mais aussi le point d’ancrage de notre vie. Elles doivent envelopper de certitude les périodes les plus incertaines.
Et puisque nous nous référons aux sondages, il n’est pas impossible que cette leçon de vie ait été perçue par ces 88 % d’Israéliens qui comprennent l’immense privilège qui est le leur, de vivre dans la stabilité et la sécurité sur la Terre d’Israël… tout en admettant que le conflit avec leurs voisins arabes perdure. Et peut-être comprennent-ils, aussi en cette veille de Yom Kippour, que derrière les tensions diplomatiques onusiennes, les menaces nucléaires iraniennes et les protestations sociales israéliennes, se profile à l’horizon le grand chofar de la Délivrance, celui de la grande Tekia qui annoncera la reconnaissance par les Nations de la Royauté du Maître de l’Univers ainsi que la quiétude et la stabilité définitives pour Son peuple.