Gingrich et le ‘Peuple Inventé’
Par Jonathan Tobin
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Adaptation française de Sentinelle 5772 ©
Newt Gingrich suscite beaucoup d’attachés de presse pour déclarer à une chaîne câblée juive que les Palestiniens sont un « Peuple inventé ». Ces commentaires ont constitué une longue partie du débat présidentiel de la dernière nuit des Républicains et vont, sans doute, inspirer des commentaires furieux de la part de la Gauche pro-palestinienne et des remarques de ceux qui diront que l’attitude de Gingrich n’est pas présidentielle (comme Mitt Romney et Rick Santorum l’ont sous-entendu) et n’aidera pas la cause de la paix.
Cela nous amène à trois questions : Gingrich avait-il raison ? Si oui, quelles implications cela devrait-il avoir sur la politique des USA ? Et même s’il avait raison, était-il avisé de le dire ?
La réponse à la première question est simple. Oui, bien sûr, il a raison.
Il n’y avait pas d’Etat palestinien arabe ou d’entité politique sous l’Empire ottoman ni aucun dirigeant antérieur de cette région. En fait, avant le 20ème siècle, il n’existe aucune preuve d’une quelconque conscience de la part des habitants d’être une entité politique séparée, distincte du reste des Arabes de la région.
Quand les Juifs ont commencé de revenir dans le pays en grand nombre il y a plus d’un siècle, ils y ont trouvé des Arabes et des Ottomans, pas des Palestiniens. De fait, beaucoup de ceux qui se désignent aujourd’hui comme Palestiniens sont les descendants d’immigrants arabes dans ce pays en provenance des pays alentour, venus pour trouver du travail créé par les Juifs qui commençaient à reconstruire le pays. Cela a été affirmé dans le livre controversé de Joan Peter ‘depuis les temps immémoriaux’, dont la valeur universitaire fut promptement critiquée par les « libéraux » (de Gauche, NdT) à sa publication, parce qu’ils n’aimaient pas ses conclusions. Il n’en reste pas moins que l’immigration arabe en Palestine eut bien lieu.
C’est aussi une erreur de prétendre, comme certains, que le Sionisme est une invention aussi moderne que l’identité palestinienne.
Le seul Peuple à se designer lui-même « Palestinien » avant la création de l’Etat d’Israël, c’était les Juifs qui furent les premiers, et jusqu’à cette date, le seul groupe à concevoir cette terre comme le foyer d’un Peuple séparé avec son identité nationale. Ce n’était pas par accident puisque la terre aujourd’hui dénommée Israël ou Palestine était sacrée pour un seul Peuple. Depuis des siècles, c’était une mare arabe, mais elle a été pendant deux millénaires l’objet des prières des Juifs qui non seulement n’ont jamais cessé d’espérer la restauration de leur souveraineté, mais aussi, comme cela est rarement rappelé, n’ont jamais totalement abandonné son sol. Le Sionisme était seulement le nouveau nom de la foi d’un Peuple antique mais toujours vivant sur son foyer national et sa destinée.
A l’opposé, le nationalisme palestinien est, comme Gingrich l’a dit, une invention du 20ème siècle. Il a surgi et fleuri purement en réaction au sionisme, facteur qui a fatalement compliqué la recherche de la paix alors que l’identité palestinienne semble être justifiée plus par le désir d’annihiler l’Etat juif et de délégitimer la présence juive que par la re-création d’une culture politique arabe spécifique à cette localisation.
Même 50 ans en arrière, il existait peu de notion d’une identité politique palestinienne séparée. Après tout, de 1949 à 1967, la Jordanie gouvernait la rive Occidentale et la moitié de Jerusalem et l’Egypte contrôlait Gaza. Pendant ces 19 années, il n’y avait pas de clameur internationale pour créer un Etat palestinien dans ces territoires. Ce ne fut qu’après la prise de contrôle par Israël de ces territoires pendant la Guerre des Six Jours que l’absence d’un Etat palestinien fut considérée intolérable.
Cela dit, il faut concéder que même si les Palestiniens se sont inventés eux-mêmes au cours des 100 dernières années, il n’est pas pertinent de nier qu’ils existent aujourd’hui. Des millions se considèrent comme faisant partie d’un Peuple palestinien distinct avec une histoire et un destin communs. Les Etats-Unis et Israël comprennent tous les deux que leur désir de se gouverner par eux-mêmes doit être accepté dans la mesure où il n’enfreint pas les droits et la sécurité d’Israël. Une solution à deux Etats qui permettrait à un Etat de Palestine d’exister à côté d’Israël est maintenant considérée par la majorité des Israéliens comme une idée de bon sens même si elle implique des compromis territoriaux douloureux.
Le piège est que les Palestiniens semblent incapables d’accepter l’idée de la légitimité d’un Etat juif, où que ses frontières soient tracées. Et voilà où leur histoire « inventée » s’insère. Puisque les Palestiniens ne sont montés sur la scène mondiale que comme conséquence de leur révulsion de la notion d’une souveraineté juive sur quelque partie que ce soit du pays, il leur est difficile, si ce n’est impossible, d’en arriver à une paix qui impliquerait la permanence d’Israël.
Le rôle des Etats-Unis dans ce désastre n’est pas tant de mettre en exergue les mythes de l’histoire palestinienne, bien que ce soit des mythes, de façon à impressionner les Arabes et leurs partisans pour qu’ils abandonnent leur rejet du Sionisme.
De même que dans le jugement de Gingrich faisant sa déclaration, il faut dire qu’il était rafraîchissant d’entendre un personnage politique américain de première importance déclarer la vérité sur l’histoire des Palestiniens et dire les mythes qu’ils ont créés au service d’un seul objectif : la destruction d’Israël. Procéder ainsi n’alimentera pas le terrorisme anti-américain autant qu’il détrompera les Palestiniens de l’idée qu’ils ont longtemps caressée que, tôt ou tard, les Etats Unis abandonneront Israël.
Néanmoins, il faut aussi souligner que si il est élu président, Gingrich devra traiter avec les Palestiniens et le monde arabe. Etre franc sur la proximité de l’Amérique avec Israël et qu’il sera mis fin à la pratique d’Obama de traiter l’Etat juif et ceux qui désirent sa destruction comme étant moralement équivalents est bien. Mais il reste à voir si Gingrich a la capacité d’être davantage qu’un étudiant rendant compte avec exactitude de l’histoire du Moyen Orient. Il est juste de dire qu’en tant que président, il devra être plus circonspect dans ses déclarations et même plus équilibré pour exprimer son scepticisme sur sa capacité à le faire.