Depuis plusieurs jours, un concert tournant d’ailleurs à la cacophonie résonne sur toutes les ondes de radio, les chaînes de télé, les sites web et la presse écrite : “Israël va construire 900 nouveaux logements dans la colonie de Gilo à Jérusalem-Est”.
Tout d’abord excusons les rédactions de New York, de Londres ou d’Amsterdam pour leur manque de connaissance de la géographie de Jérusalem : Gilo, quartier de quelque 32 000
habitants, se situe au sud-ouest de Jérusalem et non pas à l’est comme toutes les dépêches l’affirment. Même le Conseil Œcuménique des Églises, dont les membres ne savent
manifestement pas où situer Gilo sur une carte, y est allé, depuis Genève, de sa protestation solennelle sur la seule foi de dépêches d’agences.
Doit-on aussi excuser ces mêmes rédactions pour leur courte mémoire et le changement de terminologie opéré en l’espace de quelques années ?
Au début de la seconde Intifada, dès octobre 2000, Gilo a été la cible de près d’une centaine de tirs en tout genre depuis la localité palestinienne de Beit Jalla. Les Tanzim
pénétraient alors de force dans les maisons des chrétiens pour tirer sur Gilo, pour attirer la réplique israélienne et pouvoir dire que les Israéliens bombardaient les chrétiens. Une des
premières victimes de ces tirs sur Gilo (seulement blessée heureusement) avait été une femme arabe. Il est vrai que récemment, la presse française, dont le vocabulaire est
particulièrement indigent lorsqu’il s’agit de la réalité israélienne, a signalé le phénomène de la présence de « palestiniens » dans les « colonies »
(traduction : on trouve dans des quartiers périphériques de Jérusalem des arabes de nationalité israélienne).
A l’époque, la presse internationale ne parlait pas en général de colonies ou d’implantations mais bien “d’un quartier au sud de Jérusalem” (tiens, il y a 9 ans, on connaissait la
géographie !). Heureusement pour nous, depuis Internet, les archives sont plus facilement accessibles et on peut constater cette évolution sémantique…
Située sur la plus haute colline de Jérusalem, à 850 m d’altitude, au-delà de la ligne verte, Gilo a été fondé en 1971. Lors de sa construction, aucune instance internationale ne protesta
tant il était évident que ce quartier n’était pas construit au cœur d’une population palestinienne et qu’il n’était pas situé à Jérusalem-est. Gilo, contrairement à des implantations
comme Maalé Adoumim, Pisgat Zéev ou Har Homa, ne fit presque jamais l’objet de controverses.
Aujourd’hui, les Palestiniens considèrent que ce quartier serait construit sur une terre volée appartenant à la ville de Beit Jalla près de Bethléem. En réalité, cette terre n’a jamais
appartenu à des propriétaires arabes, et personne ne serait en mesure présenter un quelconque titre de propriété.
La classe politique israélienne dans son ensemble est unie pour déclarer haut et fort que Gilo ne peut être considéré comme une implantation. Le président de l’Etat, Shimon Pérès, est lui
aussi monté au créneau pour répondre à la Maison Blanche qui s’indigne d’une telle décision d’Israël : “Le quartier de Gilo est une partie indivisible d’Israël” a déclaré le
chef de l’Etat. Pour Israël, il n’est pas question de céder. Si Gilo est une implantation, d’autres quartiers de Jérusalem-ouest seront dans le collimateur des revendicateurs en tout
genre.
Enfin, précisons que ce n’est pas le gouvernement d’Israël ni encore moins le Premier ministre Binyamin Netanyahu qui ont pris la décision de construire de nouveaux logements à Gilo mais
la commission de planification de la ville de Jérusalem. Et pour être encore plus précis, la dite commission a seulement donné son feu vert à l’étude d’un tel projet et de nombreuses
démarches restent encore à effectuer avant que les pelleteuses commencent à creuser dans le sol.
Facile de mettre le feu aux poudres. Mission presque impossible que celle d’éteindre un incendie virtuel !
Par Jean-Marie Allafort pour Echo Israel