Encore la Turquie
Date : 03/11/2010
Bulletin hebdomadaire d'André NAHUM.
Apparemment, les Américains ont infligé comme prévu une sévère défaite au parti démocrate avec ces élections de mi-mandat et le président Obama en sort particulièrement affaiblli deux ans après sa victoire triomphale.
Quel impact cela aura-t-il sur la politique étrangère des USA, on ne peut encore le dire, mais ce n’est certainement pas une mauvaise nouvelle pour Nathanyaou auquel l’administration américaine propose un choix cornélien : Arretez les constructions en Judée Samarie pour satisfaire Mahmoud Abbas ou vous n’aurez plus notre soutien pour conserver votre force atomique de dissuasion. En d’autres termes prolongation du moratoire ou perte de Dimona..
Comme il est trop tôt pour prévoir la nouvelle politique d’Obama, tournons donc nos regards vers la Turquie.
La Turquie qui vient de faire un pas de plus dans sa prise de distance avec Israel en l’inscrivant dans la liste des pays representant une menace à son endroit.
Venant d’un pays qui a été longtemps un allié sratégique de l’état hébreu , cette décision n’est pas anodine. Elle est même particulièrement inquiétante parcequ’elle entraine de nombreuses conséquences comme l’arrêt des exercices militaires communs, un embargo diplomatique et l’arrêt de toutes formes de coopération.
On peut se demander pourquoi le “parti de la justice et du developpement” de Monsieur Erdogan, qui a gardé d’excellentes relations de partenariat avec Israél, pendant plusieurs années après son arrivée au pouvoir en 2002, multiplie actuellement les signes d’hostilité à l’égard de son ancien allié.
Cela procède-t-il d’une politique déliberemment programmée depuis les débuts ou est-ce la conséquence de l’opération “plomb fondu” puis de l’humiliation que Dany Ayalon vice-ministre des affaires étrangères a cru bon de faire subir à l’ambassadeur de Turquie et enfin de l’affaire de la flottille pour Gaza ?
En d’autres termes les “Islamistes modérés” turcs ont-ils décidé de longue date une rupture avec Israél ou y ont-ils été amenés par les événements ?
Dans le premier cas, il n’y a évidemment rien à faire et Israél n’a aucun moyen de stopper à lui seul cette “Iranisation” de la Turquie.
Mais si la politique actuelle des gouvernants turcs leur a été dictée par les facteurs que nous venons d’évoquer plus la déception de voir leur tentative de médiation entre la Syrie et Israél ne pas aboutir, l’alliance turque pourrait être sauvée et Israel devrait tout faire pour y arriver, car quelque soit l’interet du rapprochement actuel avec la Grêce, il ne peut en aucun cas la remplacer .
Israél ne devrait-il pas, se demande l’éditorialiste de Haaretz, surmonter l’obssession du prestige et multiplier les efforts pour éviter une rupture totale ?
L’état hébreu a déjà accédé sous la pression internationale à au moins trois des exigences de Monsieur Erdogan :
1) Il a assoupli considérablement le blocus de Gaza.
2) Il a restitué les navires.
3) Il a accepté le principe d’un commission d’enquête.
Restent aujourd’hui, les demandes d’excuses et d’indemnisation des victimes de l’opération israélienne.
S’il est exclu de presenter des excuses officielles, serait-ce desastreux pour Israél, suggère Haaretz, d’exprimer de la compassion ou des regrets pour les morts turcs et d’offrir une compensation symbolique à leurs familles?
La sauvegarde des interêts supérieurs de l’état est bien plus importante dit le journnal de gauche que des questions de prestige.
On saurait alors si la colère et le ressentiment d’Erdogan sont circonstantiels ou si son gouvernement a décidé depûis longtemps de rompre avec Israél et peut-être avec l’OTAN et les Etats-Unis pour former avec la Syrie, le Hezbollah , les Palestiniens et demain l’Irak, un puissant bloc anti-israélien et anti-occidental.
“Suis le menteur jusqu’à la porte de la maison”, dit un proverbe de chez moi..
Israél ne serait-il pas bien inspiré de suivre le menteur pour savoir ce qu’il a dans le ventre ?
Qui le sait ?
André Nahum.