EAU : La chasse au gaspillage est ouverte.La campagne " Israël se désertifie " n'est pas un cri de détresse

Par Mati Ben Avraham
Publié IsraelValley le 24 juin 2010

Les fortes pluies du début de l’année ont créé l’illusion, l’entrée dans la période estivale a remis les pendules à l’heure : le déficit accumulé au cours des cinq dernières années demeure en l’état. D’où le mot d’ordre lancé par l’Office des Eaux: ne touchez pas aux robinets sans une bonne raison. Et éviter d’arroser pour un oui ou pour un non. Et si vous avez soif, l’eau minérale fait très bien l’affaire!

La chasse au gaspillage est donc ouverte. Cette année, l’Office des Eaux ne s’en tiendra pas aux seules recommandations, mais innovera : des économiseurs d’eau, fixables au robinet, seront distribués à l’ensemble de la population. Trois par foyer, dont deux destinés à la salle de bain et l’autre à la cuisine. Mais, en fins experts de la mentalité israélienne, les fonctionnaires de l’Office envisagent, en parallèle, une modification des tarifs afin que les gaspilleurs patentés – soit pratiquement tout le monde, soient pénalisés.

Mais, fait-on remarquer dans les bureaux de l’Office, la campagne " Israël se désertifie" n’est pas un cri de détresse, mais un appel à la raison du consommateur, pour atténuer la crise en attendant que des solutions se mettent en place. Et la plus importante d’entre elles est le dessalement de l’eau de mer. Selon le plan établi par l’Office, la mise en service de nouvelles stations assureront, d’ici 2020, 750 millions de mètres cubes, pour 277 cette année. Rien n’est donc perdu !

Hormis pour le Jourdain, si les états limitrophes, soit la Syrie, la Jordanie, Israël et pour une petite part, l’Autorité palestinienne, ne tombent d’accord sur un traitement d’urgence. En effet, la partie sud de ce fleuve, soit de la sortie du lac de Tibériade à son débouché sur la Mer morte ressemble de plus en plus à un égout à ciel ouvert.

Il y a encore une quarantaine d’années environ, le Jourdain charriait un milliard de mètres cubes par an. Son débit actuel se situe entre 20 et 30 millions de mètres cubes. Et qui donc s’accapare, d’une manière ou d’une autre, chacun avec sa raison propre, quelques 98% des eaux ? Israël pour 46%, La Syrie pour 25% et la Jordanie pour 23%.

Ces statistiques figurent dans un rapport, fruit de cinq années de travail, présenté à Amman au cours d’un colloque qui avait réuni 180 spécialistes, hauts-fonctionnaires et militants d’associations de défense de la nature, à l’invitation de l’organisation " Les amis de la Terre". Des Jordaniens, des Israéliens et des Palestiniens.

Nul n’a caché la gravité de la situation. La disparition pure et simple du Jourdain a été évoquée, si les états impliqués ne décident pas, rapidement, d’un plan de sauvetage collectif. En attendant que les contacts pris avec la Syrie aboutissent, Israël et la Jordanie prendront en charge la première phase de ce plan, soit restituer au Jourdain 400 millions de mètres cubes par an, dont 200 millions pour Israël et 200 millions pour la Jordanie, la Syrie si… et l’Autorité palestinienne pour la plus petite part