Le gouvernement israélien doit-il se justifier chaque fois qu’il approuve un nouveau projet immobilier dans la capitale ? Alors qu’il a proclamé maintes fois, ces dernières années, sa souveraineté indiscutable sur Jérusalem, chaque construction dans un des quartiers de la ville se trouvant « au-delà de la ligne verte » suscite des protestations véhémentes non seulement à l’étranger mais également au sein de la classe politique israélienne.
De quoi s’agit-il cette fois ? De la construction de 1 600 unités de logement dans le quartier de Ramat Shlomo, au nord-est de la capitale, non loin de la Guiva Hatsarfatit. Le ministre de
l’Intérieur Eli Ishaï (Shass) a en effet donné mardi son feu vert au projet, et cette décision a provoqué immédiatement des réactions virulentes, notamment dans l’entourage du ministre de la
Défense Ehoud Barak (travailliste) qui a estimé que « le moment était mal choisi ».
Dans un communiqué, il a dénoncé cette initiative en ces termes: « Nous exprimons notre indignation et estimons que cette annonce est déplacée, surtout en ce moment, (c’est-à-dire
pendant la visite du vice-président américain Joe Biden) ». Et d’ajouter qu’une telle démarche, prise dans le contexte actuel, « entravait le processus de paix avec les
Palestiniens », qui serait « d’un intérêt majeur ». Selon les responsables du ministère de la Défense, « Israël a œuvré et continue à œuvrer aujourd’hui pour instaurer la
confiance entre les deux camps, et il faut donc que cela soit pris en compte lorsque des démarches concrètes sont entreprises ».
A droite, les réactions sont tout à fait différentes. Le ministre Benny Begin, interviewé sur la chaine de radio Reshet Bet, de Kol Israël, a réfuté les arguments de ses adversaires
politiques, qui ont estimé que « le moment était mal choisi » pour annoncer la construction de ces appartements. Il a déclaré que, de toute façon, »ce ne serait jamais le
moment propice » et que cette décision aurait suscité, quel que soit l’instant choisi, des protestations dans le monde. Il a encore souligné qu’Israël avait indiqué depuis longtemps
qu’il n’accepterait aucune restriction en ce qui concerne la construction dans la capitale.
D’après les médias israéliens, le Premier ministre lui-même aurait été surpris par l’information. Netanyahou se serait tout de suite adressé à son ministre de Intérieur Eli Ishaï et ce
dernier lui aurait répondu que les promoteurs attendaient son autorisation depuis près de trois ans. Ishaï aurait ajouté qu’il ne s’agissait que d’une coïncidence s’il avait
donné sa réponse cette semaine. Toutefois, il a laissé entendre que cette décision allait dans le sens de ses convictions.
Eli Ishaï a déclaré à la presse que lorsqu’il avait donné son feu vert à la construction de 1 600 unités de logement à Ramat Shlomo, à Jérusalem, il n’avait pas cherché à « provoquer le
vice-président des Etats-Unis Joe Biden », en visite dans le pays. A la mairie de Jérusalem, on a tenu à préciser, dans ce contexte, que la municipalité continuerait à promouvoir
des nouveaux projets immobiliers « au-delà de la ligne verte », notamment à Ramat Shlomo.
A l’étranger, les réactions fusent également: la Maison Blanche a condamné mardi soir le projet par l’intermédiaire de son porte-parole Robert Gibbs. Ce dernier a aussi indiqué, dans le
communiqué qu’il a publié, que le vice-président américain Joe Biden, en visite actuellement en Israël, s’exprimerait prochainement sur la question.
Le secrétaire général de l’Onu Ban Ki-moon a lui aussi dénoncé ce projet, affirmant que « les implantations étaient illégales selon le Droit international ». Il a en outre estimé
que « toute activité dans les implantations allait à l’encontre des engagements pris par Israël dans le cadre de la Feuille de Route et portait atteinte au processus de paix ».