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Malaassot - le blog de mordehai              -           ! ברוך הבא

Découverte : le jardin du baron

3 Juillet 2009 , Rédigé par mordeh'ai Publié dans #Société

Par ANN GOLDBERG 02.07.09 

Depuis la poussiéreuse époque des pionniers qui l'a vu naître, le village pastoral de Mazkeret Batya est devenu un hâvre de paix bienvenu pour qui souhaite échapper, l'espace de quelques heures ou de quelques jours, à la bruyante agitation de Tel-Aviv. 

C'est un plaisir intense de flâner dans les ruelles de
Mazkeret Batya, d'admirer ses maisons pittoresques
ou de se reposer sur l'un de ses nombreux bancs des
petites cours cachées. Photo: DR , JPost


Qui pourrait se douter qu'à 28 km de la trépidante et cosmopolite Tel-Aviv, se trouve le ravissant village à l'ancienne de Mazkeret Batya ? Ici, le temps s'est semble-t-il arrêté il y a quelques dizaines d'années. Et pour cause : de nombreux efforts ont été consacrés à cette ravissante et pittoresque moshava, dont on a reconstruit les maisons afin de replonger le visiteur dans l'ambiance du début du XXe siècle.
A ses débuts, Mazkeret Batya ressemblait à beaucoup d'autres implantations agricoles financées par le baron Edmond de Rothschild. Toutefois, contrairement à la plupart d'entre elles, cette communauté-ci s'est développée et a fructifié. Sans doute doit-elle son succès à la personnalité des pionniers sélectionnés pour la créer : dix agriculteurs expérimentés et consciencieux, à qui l'on a demandé de quitter leur Pavlovka natale, en Russie (près de la frontière biélorusse) pour venir tenter leur chance sur la terre de leurs ancêtres. Par bonheur, le sol qu'on leur avait destiné se prêtait bien à la culture céréalière, leur spécialité. C'est le grand rabbin de Bialystok, Mohilever, qui a encouragé ces dix hommes à partir pour la Palestine. Le rabbin Mohilever comptait parmi les fondateurs du mouvement sioniste religieux et était parvenu à convaincre le baron de Rothschild de financer de nombreuses implantations nouvelles. Il a activement aidé un grand nombre d'autres pionniers à s'installer en Israël.
A l'origine, Mazkeret Batya s'appelait Ekron, du nom d'une ville philistine antique située non loin du site actuel. A la mort de sa mère cependant, le baron a demandé aux agriculteurs de la moshava de rebaptiser leur village en sa mémoire. En 1883, la vie était rude pour les pionniers venus en éclaireurs, laissant leur famille derrière eux pour deux ans. Deux années pendant lesquelles Rothschild finançait le projet Mazkeret Batya et subvenait aux besoins des familles restées en Russie.
Le musée de Mazkeret Batya retrace l'histoire de ces dix premiers pionniers. Il est installé dans l'une des quatre maisons d'origine encore sur pied, qui servait à l'époque de quartier général aux agents du baron. On y voit des objets de l'école communale, dont des jouets et des instruments de musique. Au bout de quelques années, les pionniers étaient presque parvenus à s'assumer financièrement. Ils pensaient être bientôt prêts à couper les liens financiers qui les unissaient à leur bienfaiteur lorsqu'est survenue l'année de la première shmita. Très pieux, ils tenaient à la respecter, mais le baron et ses agents, pour leur part, ne l'entendaient pas de cette oreille. "Pas de travail de la terre, pas d'argent", ont-il décrété. Le rabbin Mohilever a alors tout fait pour préserver ses protégés de la fureur du baron, allant jusqu'à intercepter une lettre injurieuse que celui-ci leur avait adressée. Au moment de sa mort, Mohilever a même demandé que cette lettre soit enterrée avec lui.
Selon le film documentaire diffusé dans le musée (en hébreu, avec sous-titres anglais), les fermiers de Mazkeret Batya étaient déterminés à respecter les lois de la shmita dans leur sens le plus strict. La colère des agents du baron est donc allée croissant, jusqu'au moment où ils ont bel et bien résolu de couper les vivres aux familles, qu'ils ont également privées de traitements médicaux et d'éducation pour les enfants. Les agriculteurs ont tenu bon, malgré les conditions d'extrême pauvreté dans lesquelles cette année-là les avait plongés.
En face du musée, s'élevait la première synagogue de la moshava, utilisée jusqu'au moment où elle a commencé à s'effondrer en raison des matériaux défectueux qui la constituaient. En 1928, le baron a fait construire à cet emplacement une nouvelle grande et belle synagogue, qui reste la plus fréquentée du village aujourd'hui. Le bâtiment abrite également une partie du conseil municipal où des films sur les premières années du yishouv sont projetés. Quelques agréables minutes de marche mènent à la roue à eau, reconstruite elle aussi, l'une des rares de ce type en Israël. Actionnée par des bœufs, elle comportait une série de seaux qui y étaient accrochés et se remplissaient, puis rejetaient l'eau dans des conduits qui acheminaient celle-ci jusqu'au réservoir voisin. Après la destruction de la roue d'origine, on a peu à peu oublié son emplacement exact.Ce n'est qu'en 1994, lorsque le village a décidé de la reconstituer et a engagé des fouilles près du réservoir, qu'il a mis au jour le site de la roue de jadis.
C'est un plaisir intense de flâner dans les ruelles du village, d'admirer ses maisons pittoresques ou de se reposer sur l'un des nombreux bancs des petites cours cachées, des parcs ou des jardins.

Les visiteurs qui souhaitent se ressourcer quelques jours dans ce décor idyllique trouveront plusieurs beds & breakfast à leur disposition.

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