"Rahmbo" le danger pour le futur premier ministre d'Israël
28 Janvier 2009 , Rédigé par mordeh'ai Publié dans #Politique
Le futur directeur de la Maison Blanche est lié à Israël de toutes ses fibres. Mais cela ne rassure pas Jérusalem.
« Evidemment que mon fils encouragera le président à soutenir Israël ! Pourquoi ne le ferait-il pas ? Ce n’est pas un Arabe, que je sache ! Il n’a pas été engagé à la Maison Blanche pour y
laver les planchers… »
Ce sont les propos que Benjamin Emanuel, un pédiatre octogénaire de Chicago, a tenu après la nomination de son fils Rahm, 48 ans, au poste de « chief of staff » (« chef
d’état-major », c’est à dire directeur de cabinet) de la Maison Blanche. Les organisations arabes et islamiques américaines en ont immédiatement dénoncé le caractère « raciste
». Rahm Emanuel a présenté des « excuses », au nom « de toute la famille » : « Nous n’avons pas été élevés dans de telles valeurs ».
Deux traditions se mêlent dans la famille Emanuel. Du côté du père, le nationalisme juif. Benjamin est né en Palestine, sous le mandat britannique. Dans sa jeunesse, il a fait partie de
l’Irgoun, l’organisation de résistance dirigée par Menahem Begin, nettement orientée à droite. Après l’indépendance d’Israël, en 1948, il va faire des études de médecine aux Etats-Unis. Il
s’y marie, y fonde une famille, et finit par rester. Mais sans oublier son pays d’origine. Ses enfants vont dans une école juive, apprennent l’hébreu, effectuent des séjours fréquents en
Israël. Rahm, le cadet, a effectué un « volontariat » non-combattant dans l’armée israélienne en 1991, au lendemain de la première guerre d’Irak.
Du côté de la mère, Martha Smulevitz, le socialisme. Le père de Martha était syndicaliste. Elle a elle-même milité dans le mouvement des droits civiques. Sa profession ? Assistante sociale
spécialisée dans les problèmes psychologiques et psychiatriques. Elle tient à donner à ses enfants une éducation « ouverte ». Rahm fera ainsi, pendant toute son adolescence, de
la danse classique et moderne.
Son mariage aurait pu faire basculer Rahm Emanuel du côté de son père. Son épouse, Amy Rule, d’origine non-juive, s’est convertie au judaïsme orthodoxe et veille au respect des lois
traditionnelles, notamment le repos sabbatique et l’alimentation cachère. Et les juifs orthodoxes américains sont en général plus proches de la droite israélienne, héritière de l’Irgoun, ou,
aux Etats-Unis, du parti républicain qui, au moins depuis Ronald Reagn, passe pour plus engagé en faveur d’une alliance stratégique américano-israélienne.
Mais Rahm reste fidèle, sur ce point, à sa mère. Il adhère au parti démocrate dès les années 1980. En 1992, il révèle ses dons au sein l’équipe électorale de Bill Clinton, en l’aidant à
réunir un budget de campagne, alors sans précédent, de 72 millions de dollars (il a notamment utilisé les contacts de son frère Ari, agent artistique à Hollywood). Le voici, à partir de 1993,
dans l’entourage direct du 42e président des Etats-Unis. Il y joue un rôle de « responsable à l’organisation », avec une efficacité qui paraît « stalinienne » à certains, et
qui lui vaut, chez d’autres, le surnom de « Rahmbo ».
En 1998, à l’âge de 38 ans, il quitte provisoirement la politique pour les affaires. Hautement « connecté », il devient « banquier d’investissement » , dans la communication
puis dans l’immobilier : la profession qui a été par la suite au cœur du désastre des subprimes et de l’effondrement de Wall Street. En 2001, il doit démissionner du conseil d’administration
de Freddie Mac, l’un des deux « crédits fonciers » fédéraux américains, en raison de plusieurs scandales. Retour à la case politicienne : en 2002, il est élu « congressman »
(membre de la chambre des Représentants) pour le 5e district de l’Illinois.
En 2006, il rejoint l’équipe de Hillary Clinton. Mais quand Barack Obama entre également en lice, il avoue qu’il est confronté à un dilemme. Il est en effet en bons termes avec le sénateur
démocrate de son Etat, et plus encore avec le chef de campagne de ce dernier, David Axelrod. Obama ayant gagné les primaires en mai 2008, Emanuel se rallie officiellement le 4 juin. Dans sa
corbeille de mariage, deux cadeaux : un flux continu de donations venant de Hollywood et des milieux financiers, et le vote juif. Traditionnellement démocrate, celui-ci se méfie d’Obama et ne
le soutient qu’à un peu plus de 50 %. Emanuel fait le forcing et parvient à le rassurer : en définitive, 77 % des électeurs juifs se portent sur Obama le 4 novembre.
La nomination de « Rahmbo » à la tête de la Maison Blanche consterne les pays arabes et islamiques. Mais elle est accueillie avec beaucoup de réserves en Israël. En 1993, Emanuel a
joué un rôle essentiel, auprès de Clinton, dans la finalisation des accords d’Oslo. C’est lui, en particulier, qui a mis en scène la fameuse poignée de mains Rabin-Arafat. Or celle-ci, en
légitimant la cause palestinienne, a délégitimé en proportion celle d’Israël.
On s’attend à ce que Rahm Emanuel prône une politique interventionniste au Moyen-Orient en 2009 : aider la centriste Tzipi Livni à gagner les élections israéliennes de février ;
et si le conservateur Benjamin Nethanyahu l’emporte, le soumettre à des pressions sans précédent. D’autres collaborateurs du président élu
sont du même avis, notamment le général James Jones, futur chef du Conseil national de sécurité. « Il faut s’attendre à un choc frontal entre Israël et l’administration Obama », écrit
vendredi dernier le journal de gauche Haaretz.
© Bruno Rivière & Valeurs Actuelles, 2009
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