Luttes interpalestiniennes
A Gaza, le Hamas s’en prend aux dernières positions du Fatah
Après le coup de force du Hamas contre les derniers bastions du Fatah dans la bande de Gaza, Israël a dû transférer près de 200 Palestiniens en danger de mort vers la Cisjordanie
Quelques drapeaux du Fatah flottent encore sur les toits, mais les rues sablonneuses qui forment le bastion de la famille Helles, dans le quartier de Choujaïya à Gaza, appartiennent désormais aux forces du Hamas. On ne croise plus guère que des femmes et des enfants parmi les façades noircies par les explosions et les fortins de sacs de sable, témoins des combats qui ont vu la déroute de la famille Helles et de sa soldatesque, l’un des derniers clans affiliés au Fatah dans la bande de Gaza et ont fait onze morts et plus de cent blessés.
Un policier du Hamas montre une cavité dans le sol d’une maison. « Ils cachaient des armes », assure-t-il, tandis que son collègue déguste un fruit. « J’espère que tu vas t’empoisonner ! », invective une femme depuis la fenêtre de son immeuble criblé de balles. « Regardez ce qu’ils nous ont fait ! » Les policiers grondent : interdiction formelle d’adresser la parole aux habitants du quartier. « C’est une zone militaire fermée. »
« Avec le Hamas, tu ne sais pas si tu ressortiras vivant »
Quelques rues plus loin, de jeunes recrues islamistes défilent au pas de course en uniforme de camouflage. « Ils ont pris le club de sport du quartier et l’ont transformé en camp d’entraînement militaire, s’étrangle Abou Hamdi, un militant du Fatah C’était le seul espace de récréation pour 100 000 habitants. » Cet ancien soldat de l’Autorité palestinienne a passé dix jours dans le redouté camp de détention de Meshtal, accusé d’être en contact avec des militants de Ramallah.
Un souvenir plus cuisant que son incarcération de deux années en Israël pendant la première Intifada. « Chez les Israéliens, tu peux être interrogé et humilié, mais tu ne crains pas pour ta vie. Avec le Hamas, tu ne sais pas si tu ressortiras vivant », soupire-t-il. Il secoue la tête à l’évocation des plus de 180 hommes de la famille Helles qui ont trouvé refuge en Israël puis en Cisjordanie, pour fuir le Hamas. « Quand je vois que nos ennemis font preuve de plus de pitié que nos frères palestiniens, j’ai envie de pleurer », ajoute-t-il.
L’attentat du 25 juillet dernier sur le front de mer de Gaza, qui a tué sept personnes dont cinq militants du Hamas, a ravivé le feu mal éteint des affrontements entre factions palestiniennes. Le mouvement islamiste a immédiatement pointé du doigt « une tentative de déstabilisation du Fatah » et lancé une vague de répression sans précédent depuis son coup de force de juin 2007. Plus de 200 partisans du parti de Mahmoud Abbas ont été arrêtés en quelques jours, parmi lesquels les deux principaux dirigeants du mouvement à Gaza, Ibrahim El Naja et Zakarya Al Agha
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La loi du Hamas a un goût amer
« Ce ne sont pas des affrontements entre le Hamas et le Fatah. Il s’agit de lutter contre le crime. Dans le cadre d’une enquête, il est normal de procéder à des vagues d’arrestations », affirme Ahmed Youssef, l’une des têtes pensantes du Hamas, qui se dit gêné des excès de brutalité, mais rejette la responsabilité sur l’attitude des clans, comme la famille Helles, rebelles à l’autorité du Hamas.
« J’espère que ce sera la dernière bataille pour ces familles qui abritent des activités criminelles et pensent qu’elles sont au-dessus des lois. Je n’aime pas voir le sang couler, mais comme dans les débuts d’une révolution, il faut que les gens acceptent de se plier à la loi et à l’autorité du gouvernement. »
Pour beaucoup, la loi du Hamas a un goût amer. Selon le Centre palestinien pour les droits de l’homme, 155 associations ont été fermées au cours des dernières semaines. Des clubs de sport, des organisations de charité, dont une grande partie n’ont pas de liens connus avec le Fatah.
Du jamais vu, assure Jaber Wishah, directeur adjoint du Centre pour les droits de l’homme. « Le Hamas ne vise pas seulement le Fatah et ses militants, mais la société civile tout entière. Une fois que les associations séculaires n’existent plus, la seule alternative est les associations religieuses. Cela peut mener à l’instauration d’un État islamique. »
Karim LEBHOUR, à Gaza
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Le HAMAS, règne sur Gaza
05/08/08
Le quotidien La Croix publie dans son édition du mardi 5 juin 2008 un entretien avec Ziad Medoukh, professeur à l’université Al-Aqsa de Gaza, sur les luttes interpalestiniennes ayant cours en ce moment dans les territoires palestiniens.
Selon lui, les méthodes brutales des forces du Hamas ont choqué les populations. Le Hamas est en train d’écraser tous les pouvoirs qui lui résistent encore dans la bande de Gaza comme c’est le cas avec la puissante et nombreuse famille Hellis. Indiquant avoir été surpris par le nombre de « soldats » que le Hamas avait mobilisé dans l’offensive contre ce clan, il estime qu’en réalité, grâce à la trêve en vigueur avec Israël depuis le mois de juin, le Hamas a tout loisir de concentrer ses forces contre les opposants. « C’est une politique programmée de maintien au pouvoir par la force ». Un signal qui signifie : « Nous sommes les maîtres de Gaza et rien ne peut se faire sans nous ». Le professeur y voit un double message, adressé à la fois à Israël et au président Mahmoud Abbas. Le Hamas montrerais au premier qu’il est le seul capable de faire taire les factions armée et de faire respecter la trêve, et à Mahmoud Abbas que l’Autorité palestinienne (AP) n’a pas d’autre alternative que de négocier une sortie de crise entre le Hamas et le Fatah.
Sur la position actuelle du Fatah à Gaza, M. Medoukh estime qu’on ne peut plus vraiment parler d’une présence du Fatah sur ce territoire : « Les caciques de l’AP et les hauts responsables du Fatah sont tous réfugiés en Egypte, ou à Ramallah (Cisjordanie). Les cadres intermédiaires sont dans les prisons du Hamas, se cachent ou se font discrets. Le Fatah reste une force d’opposition mais c’est une opposition cachée qui n’a pas les moyens de se défendre ou de s’exprimer ».
Enfin, en ce qui concerne les desseins du Hamas pour la Bande de Gaza, Ziad Medoukh rappelle que le Hamas ne laisse rien au hasard et procède par étape. Dans un premier temps, il a chassé l’AP et ses forces de sécurités. Puis dans un second, il a dirigé ses foudres contre le Fatah lui-même avec l’arrestation de la plupart de ses dirigeants politiques. Aujourd’hui semble correspondre à un troisième palier, qui voit le Hamas s’attaquer à la population civile (associations, presse, grandes familles). La future quatrième étape apparaît être pour M. Medoukh la négociation d’une alliance objective avec Israël, mais sans être forcé de reconnaître l’Etat hébreu. Ainsi, à condition de ne pas attaquer Israël, le Hamas pourra mener son projet islamique, qui est au cœur de son idéologie, dans les limites de la bande de Gaza.
Rare cruauté dans la bande de Gaza entre terroristes palestiniens du
Hamas et combattants (?) palestiniens fidèles à Mahmoud Abbas.
Plus au sud - je veux parler d’Israël - il y a actuellement des combats d’une rare
cruauté dans la bande de Gaza entre terroristes palestiniens du Hamas et combattants (?) palestiniens fidèles à Mahmoud Abbas.
A ce propos hier lundi 4 août à 17:15 Sami El Soudi sur Metula News Agency écrivait : «...188 membres du clan Khilès
(ndlr : pro Mahmoud Abbas) qui s’étaient battus contre les intégristes (ndlr : le Hamas) au pouvoir à Gaza allaient être déportés (ndlr : depuis Israël où ils se sont réfugiés)
dans la Bande à la demande de Mahmoud Abbas (ndlr : et non pas à la demande d’Israël qui les accueille). (...) Une petite minorité de ces exilés continue à recevoir des soins dans les
hôpitaux de Beer Sheva et d’Ashkelon (ndlr : donc en Israël). (...) Lors des combats auxquels ils ont pris part, 11 personnes ont trouvé la mort
et une centaine d’autres ont été blessées, dont celles qui reçoivent des soins dans l’Etat hébreu. Ledit Etat hébreu, qui a pris unilatéralement la décision de transférer ces hommes dans la ville de Jéricho, sous contrôle de
l’Autorité Palestinienne. (...) Le gouvernement de Jérusalem, agissant avec infiniment de tact dans cette affaire, a laissé entendre qu’il avait le sentiment que Messieurs Abbas et Fayyad se repentaient de la requête qu’ils avaient adressée à Ehoud Barak, le pressant de renvoyer les combattants du Fatah à Gaza. (...) Dans ces conditions, il me paraît pour le moins
discutable de désigner Tsahal comme l’ennemie de ces hommes. Tout comme il est hautement contestable de définir la direction de l’AP comme leurs amis. De ce qui ce dégage de cet incident,
la seule autorité qui soit venue en aide au clan (ndlr : pro Mahmoud Abbas) et sur laquelle il peut compter est Israël. (...) Dans les dépêches
de nos confrères des autres agences de presse, en général, la narration du déroulement des faits a
manqué de lumière. Aucune n’a salué comme il se doit – clairement et sans ambages – la conduite exemplaire du gouvernement israélien, faisant un
usage abusif du conditionnel ». Voilà. Israël a accueilli et soigné des palestiniens membres du Fatah puis les a envoyés en lieu sûr soit à Jéricho en Judée Samarie. Retenez bien cela. Et
à l’occasion reparlez-en. Car c’est-là une fois encore la différence entre la Thora et la Charia. Entre autre.
Miguel Garroté http://monde-info.blogspot.com/