Juifs unis avec les amis d’Israël
Juifs unis avec les amis d’Israël
Caroline Glick , JERUSALEM POST 2 juin 2008
Adaptation française de Sentinelle 5768 ©
Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a subi un revers humiliant cette semaine dans sa quête de légitimation internationale. Ahmadinejad est attendu à Rome cette semaine pour participer à un sommet de l’ONU sur la crise alimentaire mondiale (provoquée par l’élévation des prix du pétrole qu’Ahmadinejad est si satisfait d’avoir contribué à fomenter).
Ahmadinejad espérait que, pendant son séjour dans la capitale italienne, il pourrait être en photo de couverture avec le Pape Benoît XVI. Pour assurer la rencontre, Ahmadinejad – qui a appelé toutes les nations à se convertir à l’Islam, ou à défaut d’être détruites (sauf pour les Juifs qui ne peuvent rien faire pour éviter la destruction)) – s’est adressé avec douceur au Vatican depuis des mois. Dans son dernier mouvement, pendant une rencontre en avril avec l’archevêque Jean-Paul Gobel, représentant du Vatican en Iran, Ahmadinejad a qualifié le Vatican de « force positive pour la justice et la paix ».
Mais Benoît n’a pas été troublé par la flatterie d’Ahmadinejad. Sa requête pour une audience avec le souverain pontife a été rejetée sans cérémonie.
Sans surprise, le gouvernement israélien n’a rien à dire de l’humiliation d’Ahmadinejad par Benoît. Ce n’est pas surprenant parce que le gouvernement Olmert-Livni-Barack-Yishai ne s’est jamais soucié de prêter attention à rien de ce que le Pape puisse faire. Ses options audacieuses des dernières années, pour mettre au défi les dirigeants islamistes de répudier le meurtre et la coercition au nom d’Allah, n’ont suscité aucun soutien, et de fait aucune réaction d’aucune sorte de la part de Jérusalem.
La négligence du Vatican par le gouvernement Olmert-Livni-Barack-Yishai est regrettable, mais il en est de même pour l’attitude de ce gouvernement, qui a limité la politique étrangère d’Israël à se compromettre avec les terroristes palestiniens, et à faire des courbettes au Département d’Etat. Le mieux que l’on puisse dire de cet état de choses est qu’au moins la négligence par Israël de l’Eglise catholique – ainsi que sa négligence de l’Afrique, de l’Asie, de l’Europe, de l’Amérique du Sud et de l’Australie – est bénigne. A l’opposé, le traitement que le Vatican a reçu de la part de certains dirigeants juifs américains est loin d’avoir été négligent et loin d’être bénin.
Plutôt que de se tenir aux côtés de l’Eglise catholique alors que Benoît se dresse courageusement contre l’Islam radical, les dirigeants juifs américains, conduits par le directeur de « l’Anti diffamation League » (ADL), Abe Foxman, ont attaqué l’église pour ses décisions théologiques. L’an dernier, revigoré par sa campagne acerbe contre le film de Mel Gibson sur Jésus, Foxman a commencé de cibler le Vatican pour sa décision d’utiliser la messe traditionnelle en latin, qui comprend une prière pour la conversion des Juifs au christianisme.
Bien qu’il soit déplaisant pour les Juifs de songer que des millions de catholiques prient pour que nous abandonnions notre foi, il n’est pas évident de savoir pourquoi ce qu’ils disent dans leurs églises devrait nous intéresser, aussi longtemps qu’ils n’exigent pas notre présence à des disputations ou notre conversion forcée. Après tout, dans nos prières, nous rejetons explicitement leur foi comme fausse. Et c’est ce qu’il faut attendre.
Chaque religion s’affirme comme la vraie foi, et abaisse toutes les autres comme fausses. Comme l’invité de la radio juive américaine Dennis Prager l’a remarqué dans une conférence pour le « Centre de la Liberté David Horowitz » à Santa Barbara, en Californie en fin de semaine, « il n’y a pas de foi judéo-chrétienne. Il existe des valeurs judéo-chrétiennes ».
Le judaïsme et le christianisme sont des religions différentes. Mais elles partagent des valeurs morales communes, et c’est sur le fondement de ces valeurs qu’une action commune peut être entreprise, et des actions séparées peuvent être évaluées. Les Juifs et les Chrétiens ne peuvent pas se juger sur le fondement de la théologie, mais seulement sur celui de la moralité.
Les actes du Pape Benoît montrent clairement qu’il est un ami d’Israël et du Peuple juif. Hélas, du fait de la grave absence de direction juive aussi bien en Israël qu’aux USA aujourd’hui, il peut à peine le montrer.
Mais en dépit de la négligence d’Israël, et des critiques inutiles d’hommes comme Foxman peuvent avoir provoqué chez le Pape, ne sont rien comparées aux insultes dont les dirigeants juifs ont accablé ces derniers mois notre ami protestant chrétien le plus en vue. Le traitement humiliant que le Pasteur John Hagee, fondateur et président national des Chrétiens Unis pour les Juifs (CUFI en anglais), a enduré du fait des dirigeants juifs américains est tout bonnement une parodie.
Cette semaine, à Washington DC, l’AIPAC accueille sa conférence politique annuelle. Ce sera une illustre affaire. Les grosses légumes des deux grands partis politiques américains y assisteront, de même que des universitaires et des activistes d’Israël et des USA. Mais un nom sera notablement absent du programme de trois jours. John Hagee – qui en trois ans a transformé CUFI en un mouvement pro-Israël enraciné, qui a réduit l’AIPAC à l’état de nain – n’est pas au programme. Et cela est une chose horrible.
La décision de l’AIPAC de dédaigner Hagee nous dit quelque chose de terrible sur l’état de la stratégie politique juive américaine aujourd’hui. Tout simplement, Hagee est devenu une victime de la décision des dirigeants américains juifs ‘libéraux’ de mettre en avant leurs préférences politiques gauchistes au-dessus de leur souci de la survie d’Israël, et du bien-être de la communauté juive américaine.
Le sénateur Barack Obama, le candidat Démocrate putatif à la présidence, a un problème avec son passé religieux. Jusqu’à la semaine dernière, Obama était membre depuis 20 ans de ‘l’Eglise Baptiste Unifiée de la Trinité’, à Chicago. Dans les mois récents, son ancien pasteur Jeremiah Wright, l’homme qui l’a converti au christianisme, officia à son mariage et baptisa ses filles, s’est révélé être un activiste politique anti-américain, anti-blanc et antisémite, qui prêche une version suprématiste noire des enseignements chrétiens à sa congrégation enthousiaste. Et puis aussi, l’ami catholique d’Obama, et ami de l’Eglise de la Trinité Unifiée, le Père Michael Pfleger, s’est révélé être un activiste politique anti-américain, anti-blanc et antisémite, qui prêche une version suprématiste de l’enseignement chrétien à sa congrégation enthousiaste.
Les connections prolongées et approfondies d’Obama avec ces mentors spirituels l’ont mis dans une position problématique vis-à-vis de l’électorat américain. Pour limiter les dommages, les partisans d’Obama ont cherché à contrebalancer Wright par un homme d’église conservateur de poids égal dans le camp des Républicains. Et Hagee, selon ses opinions anti-homosexuelles et anti-avortement, et sa position publique en vue, a été choisi comme cible.
Le premier partisan d’Obama à s’aiguiser sur Hagee a été le rabbin Eric Yoffie, président de l’Union pour le Judaïsme Réformé. Yoffie a cherché depuis longtemps à discréditer Hagee, qu’il perçoit comme une menace à son idée que la seule manière d’être pro-Israël est de soutenir l’établissement d’un Etat palestinien.
Hagee a soutenu le Républicain John McCain comme Président depuis mars. Au début avril, Yoffie a appelé McCain à rejeter le soutien d’Hagee, et il a appelé les Juifs américains à rejeter le mouvement CUFI, en prétendant que le soutien inconditionnel de CUFI à Israël excluait le soutien à un Etat palestinien.
Selon ses termes : « Non, nous ne pouvons pas coopérer avec les chrétiens sionistes. Ce que Hagee et ses alliés signifient par ‘soutien à Israël’ et ce que nous signifions par ‘soutien à Israël’ sont deux choses différentes. Leur vision d’Israël rejette une solution à deux Etats, rejette la possibilité d’un Israël démocratique, et soutient l’occupation permanente de toutes les terres arabes aujourd’hui contrôlées par Israël ».
Suivant la direction de Yoffie, les activistes du Parti Démocrate, désespérant de trouver uns contrepartie à Wright chez les Républicains, ont concentré leurs tirs sur Hagee. Ils l’ont attaqué pour ses remarques anti-homosexuelles. Et ils ont grossièrement déformé ses remarques sur l’antisémitisme chrétien dans l’histoire, pour le dépeindre comme un ennemi de l’Eglise catholique. Puis, ils l’ont attaqué pour un sermon qu’il a donné, argumentant que l’Holocauste était la manière de D.ieu de diriger les Juifs vers Israël, en impliquant de façon absurde qu’un homme qui a dédié sa vie professionnelle à l’amélioration des relations judéo-chrétiennes, en mettant fin aux tentatives des Chrétiens Evangélistes de convertir les Juifs et soutenant Israël, serait un antisémite ?!?
L’accusation de Juifs du Parti Démocrate contre Hagee a contraint McCain à rejeter le soutien d’Hagee, et a ainsi enfoncé un nouveau coin entre McCain et les électeurs chrétiens de la Droite Républicaine. Cela a aussi créé avec succès l’illusion d’une symétrie entre Wright et Hagee.
Cela est en soi et au-delà moralement répugnant, puisque il n’y a pas d’équivalence morale entre Hagee et Wright. Hagee aime clairement l’Amérique, n’a aucun problème avec les blancs ou les noirs et aime les Juifs. Wright est un homme défini par ses haines.
Mais encore plus insidieux que la séparation forcée d’Hagee avec McCain, il y a l’effort de le faire désavouer par la communauté juive américaine et Israël. Yoffie, et le groupe de pression juif américain pro palestinien ‘J Street’, ont mis la pression sur les dirigeants juifs américains pour que leurs organisations prennent leurs distances avec Hagee et le mouvement CUFI, et boycottent la conférence annuelle de CUFI à Washington le mois prochain. Sans surprise, Foxman a répondu à leur appel en annonçant qu’il mettait « en attente » les relations d’ADL avec CUFI. Et sans doute en s’inclinant face à leur pression, l’AIPAC a oublié d’inviter Hagee à sa conférence de stratégie politique annuelle cette semaine.
De même en Israël : exactement comme Yoffie a porté son attaque initiale sur Hagee, Hagee s’est mis en route pour Israël avec un millier de membres de CUFI pour une mission de solidarité. Il a organisé une manifestation de ses partisans au Centre de Conférence de Jérusalem. Il y a distribué six millions de dollars de contribution des membres de CUFI à des organisations de bienfaisance israéliennes, et à des institutions éducatives. Sans doute face à la pression de Yoffie, les seuls politiciens israéliens de premier plan qui ont participé à l’évènement ont été le dirigeant du Likoud Benjamin Netanyahou et l’ancien ministre du Likoud et membre de la Knesset Ouzi Landau. Aucun ministre du gouvernement n’y a assisté, et le premier ministre Ehud Olmert s’est contenté d’une réunion privée avec Hagee.
Heureusement, tous les dirigeants juifs américains n’ont pas donné leur accord pour suivre cette ligne. Le sénateur Joseph Lieberman a rejeté les demandes de Yoffie et de ‘J Street’ de boycotter la conférence de CUFI à Washington. ‘L’American Jewish Committee’ et l’Organisation Sioniste d’Amérique (‘ZOA’) ont refusé de prendre leurs distances avec Hagee. Israël et la communauté juive américaine doivent suivre leur exemple.
La communauté juive mondiale vit une époque terrible. La haine antijuive islamique est génocidaire. La Gauche internationale nous a trahis. Nos dirigeants sont faibles. Nous avons peu d’amis et sommes loin d’eux.
Si nous voulons nous maintenir dans cet environnement, nous devons nous tenir près de ceux qui nous soutiennent, en évitant ceux qui – même dans nos propres rangs – nous disent que le soutien à Israël est conditionnel. Aujourd’hui n’est pas le temps de la chicane sur la théologie chrétienne. Aujourd’hui, c’est le temps de l’union avec nos amis contre nos ennemis communs.
caroline@carolineglick.com
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