la Providence divine nous y mène !
Même si nous ne le désirons pas, la Providence divine nous y mène !
Le Judaïsme orthodoxe a été, en son temps, débordé par le mouvement sioniste laïc, à ce qu’on pourrait croire. En vérité, ce mouvement commença bien avant, quand le glas sonna pour le Judaïsme espagnol, lorsque la communauté de Tsfat, formée des exilés d’Espagne apporta au monde entier une grande lumière de Qabala et de Halakha ; les disciples du Ba’al Chem Tov puis ceux du Gaon de Vilna en arrivant à leur tour à la fin du XVIIIe siècle, donnèrent au Yichouv une expansion remarquable. Au début du XXe siècle, alors que se développait une certaine désaffection de la pratique religieuse, les Juifs en rupture avec la synagogue se sont tournés eux aussi vers cette notion ancienne de retour à la terre, mais en la défigurant et en lui attribuant un sens spirituel discuté : c’est ainsi qu’est né le sionisme actuel.
Depuis lors, le débat entre la communauté religieuse et celle qui ne pratique pas est vif, mais force est pour nous d’admettre les réussites apparentes de la conception laïque du retour à Sion : une grande partie du peuple juif s’est mobilisée en faveur de ce projet. Le pays a refleuri, le peuple y vivant s’est doté d’une armée – l’une des plus performantes du monde. Le peuple juif a l’air d’avoir pris son destin entre ses mains, il a des dirigeants politiques connus et respectés dans le monde entier, ses enfants sont prêts à se sacrifier pour cet idéal : tels sont quelques éléments que la plupart des gens considéreront comme étant positifs, au point d’y voir déjà le début de la délivrance.
Comme l’a dit en son temps le rav de Brisk zatsal., rav Yits'haq Zeèv Soloveitchik, la création de l’Etat représentait un « sourire de la Providence » après la Choa, une sorte de compensation pour toutes les souffrances passées. Mais a-t-on utilisé à bon escient cette ouverture ? Le judaïsme orthodoxe déplore le fait que l’on se soit engouffré dans une direction qui va à l’encontre de celle menant à la Délivrance : le Machia’h doit ramener le peuple juif à la pratique de la Tora, reconstruire le Temple, rétablir le Yovel et toutes les Mitswoth, conduire le peuple entièrement selon la Parole de l’Eternel et le faire arriver aux plus hauts niveaux de spiritualité. Or ce n’est pas du tout la direction qui a été prise. Du tout, du tout…
Il est toutefois remarquable de constater que, 60 ans plus tard, la Providence divine continue à diriger Son peuple, l’amenant doucement, mais screment à bon port. Certaines illusions disparaissent, et d’autres domaines, qui semblaient désespérés, connaissent un merveilleux développement !
D’abord, la Téchouva ! En 1948, 700 jeunes fréquentaient les Yéchivoth. C’est la raison pour laquelle les dirigeants de l’Etat avaient alors accepté de les exempter du service militaire, imaginant que cette arrière-garde finirait bien rapidement par disparaître elle aussi. De nos jours, le retour aux sources est extraordinaire ! Il concerne les personnes les plus éloignées de la pratique, et tous reconnaissent que c’est le vide qu’ils ont trouvé en eux qui les a amenés à revenir à la tradition de leurs pères. Il n’est plus de ville sans école toranique, y compris Eilat. Partout, on rencontre des gens pratiquants, des femmes qui se couvrent la tête comme il se doit, et le mouvement de la Téchouva se développe de plus en plus. Entre 20 et 25 % des députés à la Knesseth sont religieux. Cet état de fait ne peut que donner espoir à toute personne qui sait combien l’étude de la Tora est importante pour l’avenir et la sauvegarde du peuple juif – surtout après la destruction presque complète des centres de Tora durant la Choa.
D’un autre côté, au moment où l’Etat d’Israël fête ses 60 ans, un observateur extérieur ne peut qu’être surpris jusqu’au plus profond de son âme par ce qui se passe de nos jours, notamment en ce qui concerne les autres éléments sur lesquels le sionisme laïc pensait faire reposer son avenir. La Providence divine semble vouloir nous faire comprendre à quel point est fausse l’illusion de faire dépendre notre sécurité sur la force humaine !
L’agriculture israélienne est l’une des plus avancées du monde, mais durant cette année de Chémita, la pluie manque, et le ministre de l’Agriculture est contraint d’annoncer que l’on risque fort de ne plus voir prochainement ces paysages verts que l’on connaissait ().
Les pionniers d’hier, qui ont créé toute cette gloire, sont de nos jours tombés dans une sorte de désespoir que l’on nomme dans l’intelligentsia israélienne le « post-sionisme », et les plus actifs d’entre eux n’hésitent pas à œuvrer contre le peuple juif à l’étranger et dans le cadre des universités israéliennes, pour dénigrer le passé du peuple juif, lui contester tout droit sur sa terre et toute antériorité par rapport aux peuplades qui y vivent, et inviter leurs enfants à s’installer ailleurs de par le monde. Sans parler de la dégradation morale qui se dévoile tous les jours dans toute son étendue – cf. le dernier et éclatant scandale concernant le Premier Ministre en poste...
Et l’Iran : dans combien de mois ce pays, dirigé par un personnage qui n’est pas sans rappeler Hitler à tous les points de vue, aura-t-il la bombe atomique ?
Quant au Liban...
Et l’antisémitisme : on pensait que le fait que le peuple juif ait son propre Etat et cesse de vivre comme un peuple parmi les autres, dispersé de par la terre, mettrait fin à l’antisémitisme. Est-ce le cas de nos jours ?
L’armée ! Que s’est-il passé durant la Seconde Guerre du Liban ? Nul ne comprend comment l’une des meilleures armées du monde n’a pas réussi à vaincre quelques milliers de terroristes, malgré les années d’observation et d’information, et malgré la proximité de ces nids de violence creusés à quelques mètres de la frontière. Guil’ad Chalit, Ehoud Goldwasser et Eldad Régev sont toujours encore en captivité, quelque part en terre arabe ennemie… Que D. les protège et nous les ramène vivants, le plus tôt possible !
Impossible de ne pas rapporter ici à nouveau des paroles quasi-prophétiques de Rachi. Un grand débat oppose deux Sages de la Guémara quant à l’importance d’un retour du peuple juif vers D. pour qu’il ait droit à la Délivrance finale (Sanhédrin 97b). La conclusion sera apportée par l’un des deux Maîtres en présence, en faveur d’une situation où le retour du peuple juif à ses sources ne s’impose pas. La raison ? Un verset de Daniel 12,7 : « Et j’entendis le personnage vêtu de lin et placé en amont des eaux du fleuve [faire cette déclaration], tout en levant la main droite et la main gauche vers le ciel et en jurant par Celui Qui vit éternellement, qu’au bout d’une période, de deux périodes et demie, quand la puissance du peuple saint sera entièrement brisée, tous ces événements s’accompliraient. »
Rachi explique ce verset par les mots suivants : « Quand la puissance du peuple saint sera entièrement brisée – Lorsque s’effondrera leur rétablissement et la force de leur main, qui se lançait dans diverses entreprises avec puissance et succès, une fois leur énergie épuisée, lorsqu’ils se retrouveront dans une très mauvaise situation – alors cesseront ces épreuves et viendra le Machia’h, comme nous le disons, car ils seront désespérés. »
Nous voyons dans ce commentaire de Rachi une image quasi prophétique de ce qui se passe de nos jours : notre Maître présente le peuple juif dans un moment où il aura réussi à se « rétablir » – visiblement sur sa terre. La « force de sa main » lui aura permis de gagner des guerres puissamment… N’en sommes-nous pas là ? L’une des plus importantes armées du monde… Et Rachi tire du verset qu’arrivera un moment où l’énergie du peuple juif s’épuisera, et qu’il se trouvera alors dans une situation très inférieure. Mais la Délivrance viendra alors, et ne pourra venir sur un autre fond de scène que celui-là !
De l’image peut-être négative que nous traçons là, quand les illusions d’un mode laïc de pensée s’effondrent, c’est justement à ce moment-là que tous les espoirs sont permis ! Concluons ici avec une anecdote rapportée dans la Guémara que nous avons déjà citée à l’occasion. Rabba bar bar ’Hana est un grand maître de la Guémara. Il a eu le mérite, d’après les commentateurs (Maharcha sur Baba Batra 73b), de percevoir ce qui se passera pour le peuple juif après la période de la fin de la prophétie. Il raconte : « Nos Maîtres étaient en bateau quand ils ont vu une île. Ils s’y sont installés, ont commencé à y allumer du feu et à y cuire leur repas, quand il s’est avéré qu’ils s’étaient trompés, qu’ils avaient débarqué sur un immense poisson lequel, quand le feu a commencé à l’importuner, a renversé tout ce qu’il avait sur son dos, mais comme le bateau était proche, nos Sages ont été sauvés... » Le Na’halath Ya’aqov du rav Ya’aqov de Lissa explique qu’à la fin des temps, le peuple d’Israël pensera être arrivé à bon port, et il commencera à dominer d’autres entités nationales – comparées ici au poisson – persuadé que les prétentions nationales de ces peuples seront déjà épuisées. Alors qu’ils commençaient à s’installer, ils seront surpris par la réaction de ces peuples qui menacent de faire tout chavirer, et, si la délivrance finale n’avait pas été proche, ils auraient été perdus...
Tout porte à penser en cette date que le Machia’h n’est pas loin !
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