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Malaassot - le blog de mordehai              -           ! ברוך הבא

présence juive en Terre d’Israël

23 Mai 2008 , Rédigé par mordehai Publié dans #Histoire

Permanence de la présence juive en Terre d’Israël malgré la dispersion

Une croyance populaire solidement enracinée veut que toute forme de présence juive en Terre d’Israël avec la destruction du second temple de Jérusalem en l’an 70 de l’ère chrétienne, pour ne réapparaître que dix-huit siècles plus tard. Ce mythe connaît actuellement une singulière fortune. Or, la continuité et la permanence de la vie juive sur le territoire ancestral des Hébreux apparaissent, au contraire, comme l’une des données fondamentales de l’histoire de l’Orient méditerranéen. Elles légitiment d’une façon décisive les revendications des sionistes sur un pays qu’une fraction du peuple juif n’a jamais quitté et que l’ensemble de ce peuple a toujours considéré comme sien, de l’anéantissement du second Etat hébreu à la Déclaration Balfour, en passant par les conquêtes arabes, les Croisades et les longues époques de domination mameluk et turque.

1. De la construction du Second Temple à la première croisade (70-1099).

L’artisan de la survivance des communautés juives en Terre d’Israël fut le rabbin Yohanan Ben Zakkaï, qui, pendant le siège de Jérusalem en l’an 69, réussit à quitter la ville, caché dans un cercueil. Il obtint peu après du commandant en chef romain, Vespasien, à qui il avait prédit une destinée impériale, de pouvoir ouvrir à Yavné un centre d’études des écritures sacrées. Mais loin de s’en tenir là, il accomplit l’action décisive que fut la constitution d’un nouveau Sanhédrin, chargé de promulguer les lois et de veiller à leur application. Le président de cet organe fut reconnu par les Romains comme nassi ou chef du peuple juif. Sous son impulsion commença une œuvre importante d’adaptation des lois à la situation nouvelle. Vaincue à Jérusalem, la résistance juive poursuivit sa lutte avec vigueur dans l’arrière-pays. Elle ne prit fin qu’une soixantaine d’années plus tard, avec la chute en 135 de la dernière citadelle hébraïque, Massada.

Plus d’un demi-million de soldats juifs périrent et 985 villages furent détruits au cours de cette révolte, la plus longue et la plus âpre à laquelle l’Empire romain ait eu à faire face. Après sa victoire, Rome entreprit d’effacer toute trace d’identité juive en Terre d’Israël. Elle débaptisa même celle-ci et l’affubla du nom de Falastina - Palestine - tandis que Jérusalem, complètement rasée, se vit appeler Aelia Capitolina. Mais les changements de noms géographiques furent tout aussi impuissants que les massacres à empêcher la survie de communautés israélites dans le pays. Bannie de la Judée, la vie juive se concentra désormais au nord, en Galilée, où affluèrent de nombreux réfugiés et des esclaves rachetés. C’est là que naquirent au IIIe et Ive siècles quelques-unes des créations les plus importantes de la pensée juive : rédaction du Talmud et achèvement de la Mishna. En 351, les Juifs se révoltèrent à nouveau et en 614, ils réussirent même à se rendre brièvement maîtres de Jérusalem. Mais une nouvelle force était en marche : l’Islam. En 632, les envahisseurs arabes s’emparèrent du pays et dès 640, la Palestine faisait partie de l’Empire arabe en formation. La domination arabo-islamique va durer quatre cent cinquante ans. Les populations arabes nouvellement arrivées dans le pays dépouillent les Juifs des terres auxquels ces derniers s’étaient accrochés pendant vingt générations depuis la fin de l’Etat hébreu.

2. Du royaume des Croisés à la conquête turque (1100-1516).

Les Croisés arrivèrent à leur tour en terre sainte dans les dernières années du Xie siècle. A cette époque, un millénaire après la destruction de l’Etat du Second Temple, il y avait des communautés juives à Jérusalem, Tibériade, Ramleh, Ashkelon, Césarée et Gaza. Le célèbre géographe arabe Moukadassi en a laissé une description pittoresque, qui met l’accent sur la fécondité de leurs activités agricoles, artisanales et culturelles. Ce furent sans doute celles-ci qui leur permirent de survivre à la terrible épreuve que fut pour elles la Croisade. Après la défaite des Croisés au milieu du XIIIe siècle, le pays fut submergé par les hordes kharezmiennes et mongoles qui détruisirent tout sur leur passage et exterminèrent une bonne partie de la population. La victoire des Mameluks (musulmans turco-tartares) sur les Mongols sauva in extremis les Juifs de l’anéantissement total. Les nouveaux maîtres de la Terre d’Israël vont imposer leur domination pendant deux siècles et demi (1260-1516). Dès 1627, la communauté juive de Jérusalem fut reconstituée sous l’impulsion de l’érudit Moïse Ben Nahman (Nachmanide, le « RaMbaN »). Elle vivra de façon continue dans la vieille ville jusqu’à son expulsion, temporaire, par les troupes de la Légion arabe sous commandement britannique… en 1948 !

3. De la souveraineté ottomane à la Déclaration Balfour (1517-1917).

Les Ottomans, qui se rendirent complètement maîtres du pays en 1517, y trouvèrent une trentaine de villes et de villages juifs. Les principales agglomérations sont Haïfa, Sichem, Hébron, Ramleh, Gaza, Jérusalem et Safed. Cette dernière cité connut sous les nouveaux occupants un âge d’or culturel qui rejaillit sur toute la région et imprégna la vie spirituelle de l’ensemble du monde juif. Joseph Caro y assura la compilation du Shoul’han Arouh, code de législation rituelle hébraïque qui guide, de nos jours encore, le comportement des Juifs orthodoxes. La première imprimerie du Proche-Orient s’y installa en 1577. A la fin du XVIe siècle, 20 000 à 30 000 Juifs y vivaient.

Mais les Ottomans, assez tolérants au départ, se montrèrent beaucoup moins accommodants dès que commença le déclin de leur puissance impériale au début du XVIIe siècle. A partir de là, les Juifs vécurent dans des conditions si misérables que vers 1625 deux pèlerins chrétiens, Johann Van Egmont et John Haydman, notaient qu’ »ils paient jusqu’à l’air qu’ils respirent ». Un demi-siècle plus tard, le père jésuite Naud, qui visitait la Palestine, remarqua : « L’amour des Juifs pour la Terre Sainte, qu’ils ont perdue par leur trahison (du Christ), est incroyable. Nombre d’entre eux sont venus d’Europe pour y trouver un peu de réconfort, bien que le joug y soit pesant ». Lorsque les conditions politiques et économiques ne permettaient plus aux communautés israélites de survivre, les Juifs de l’étranger mettaient tout en œuvre pour assurer leur subsistance, notamment en acquittant à cette fin un impôt spécial, la halouka. Une preuve encore plus éclatante du lien charnel les unissant à la Terre d’Israël fut fournie par les formidables espoirs que soulevait à intervalles presque réguliers l’apparition de prétendus Messise, qui de Sabbataï Tsevi au XVIIe siècle à Sébastien Frank au XVIIIe siècle, invitèrent leurs coreligionnaires à regagner leur terre ancestrale.

Ce lien, Napoléon Bonaparte fut le premier homme d’Etat occidental à en tirer les conséquences. Lors de sa campagne de Syrie de 1799, il invita les Juifs, « cette nation unique que pendant des milliers d’années la tyrannie avait dépouillé de ses terres ancestrales, mais non pas de son existence ni de son nom »… à « se rallier sous ses drapeaux pour restaurer l’antique Jérusalem ».

A ce moment déjà, les Juifs constituaient le seul élément sédentaire homogène et formaient la majorité de la population de Jérusalem et de quelques autres agglomérations du pays. Chateaubriand, qui visita la Terre sainte sept ans plus tard, en a d’ailleurs porté témoignage : « quand on voit les Juifs dispersés sur la terre, selon la parole de dieu, on est surpris sans doute ; mais pour être frappé d’un étonnement surnaturel, il faut les retrouver à Jérusalem, il faut voir ces légitimes maîtres de la Judée esclaves et étrangers dans leur pays : il faut les voir attendant sous toutes les oppressions un roi qui doit les délivrer ».

Cette prépondérance de la population juive urbaine, déjà évidente plus de cent ans avant la Déclaration Balfour, n’a cessé de s’accentuer au long du XIXe siècle.Même Karl Marx, si hostile à tout ce qui touche au judaïsme, admit ce fait, lorsqu’il releva en 1854 : « La population sédentaire de Jérusalem compte 15 500 âmes, dont 4 000 Musulmans et 8 000 Juifs. Les Musulmans forment le quart de la population totale et comprennent des turcs, des Arabes et des Maures.

Ils sont, bien entendu, les maîtres à tous égards ». C’est encore ce que confirment l’Almanach de Jérusalem de 1868, puis les premiers recensements établis par les autorités ottomanes : 25 000 Juifs sur 39 000 habitants à Jérusalem en 1889, 28 000 sur 45 000 en 1896, 45 000 sur 70 000 en 1913. A partir de 1881, la population juive du pays, essentiellement urbaine jusque-là, s’accrut des premières vagues de pionniers venus d’Europe de l’Est pour redonner vie aux campagnes. Mais les persécutions turques au cours de la Première Guerre mondiale la réduisirent de moitié en moins de quatre ans.

4. La Déclaration Balfour.

Le 2 novembre 1917, le ministre britanniques des Affaires étrangères, Arthur James Balfour, adressait à Walter de Rothschild la lettre qui allait devenir l’un des documents les plus discutés du XXe siècle : « Le gouvernement de Sa majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un Foyer national pour le peuple Juif et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte ni aux droits civils et religieux des collectivités non juives existant en Palestine, ni aux droits et au statut politique dont les Juifs jouissent dans tout autre pays. » Les origines et le sens de la Déclaration Balfour ont donné lieu à des controverses d’autant plus passionnées qu’il a été fait grief à ce document de contredire un engagement contracté peu auparavant envers les Arabes du Proche-Orient.

a) Le recul du temps n’a pas dissipé le mystère qui enveloppe les origines de la Déclaration Balfour. Celle-ci a été, en effet, rendue publique, à un moment où elle ne pouvait plus s’expliquer par le désir des Anglais de se concilier l’appui du judaïsme américain contre les Empires centraux. La chute, quelques mois plus tôt, du tsarisme, a supprimé la cause essentielle des réticences des Juifs d’outre-Atlantique à l’égard d’une coalition qui englobait la Russie, terre d’élection des pogroms.

De surcroît, l’engagement des Etats-Unis dans la guerre mondiale était devenu irréversible et les Israélites américains soutenaient leur gouvernement avec la même ardeur patriotique que l’ensemble de leurs concitoyens. Il semble également que, contrairement à l’affirmation du Premier Ministre anglais Lloyd George, dans ses Mémoires de guerre, la promesse de Londres ne fût nullement une sorte de récompense octroyée au dirigeant sioniste Haïm Weizmann. Celui-ci avait, certes, rendu un inappréciable service à la cause des Alliés en mettant au point un nouveau procédé de fabrication des explosifs qui substituait les moisissures de maïs à l’alcool de bois, lequel ne pouvait plus être importé des pays nordiques par suite de l’activité des sous-marins allemands.

Mais l’illustre savant fut le premier à convenir, avec une belle modestie, que son rôle n’avait pas été aussi miraculeux : « L’histoire, remarqua-t-il à ce propos, ne se fait pas avec une lampe magique d’Aladin ». Toutefois, si sa découverte ne saurait, à elle seule, rendre compte de la Déclaration Balfour, elle contribua néanmoins à ouvrir aux sionistes les portes des principaux dirigeants britanniques, déjà favorablement impressionnés par la constitution, sous l’égide de Vladimir Jabotinsky et de Joseph Trumpeldor, de la Légion juive qui combattit aux côtés des Alliés sur le front d’Orient. En effet, ils avaient compris qu’il était nécessaire que le sang juif coule contre les Ottomans, pour avoir plus tard un droit sur la Terre d’Israël. A défaut d’une explication rationnelle, la Déclaration du 2 novembre 1917 peut se comprendre par la personnalité de son auteur. Pour Arthur Balfour, aristocrate écossais nourri dès l’enfance de la lecture de la Bible, la Palestine appartient légitimement au peuple juif. Le rétablir dans sa patrie historique est donc un acte de justice, mais aussi un geste d’humanité auquel les nations européennes sont moralement obligées du fait des persécutions séculaires auxquelles elles l'ont soumis.

b) La signification de la Déclaration Balfour peut être plus aisément précisée que ses origines.Certains interprètes de ce texte ont voulu voir dans l’emploi des mots « Foyer national », inconnus jusqu’alors en droit international, la preuve de la volonté du gouvernement britannique de ne pas promettre un Etat aux sionistes, mais seulement de leur garantir une autonomie culturelle en Palestine. Il ne fait pourtant plus aucun doute aujourd’hui que la Déclaration de 1917 entendait satisfaire pleinement la revendication étatique du mouvement national juif. En se référant à un « Foyer national », elle ne faisait, d’ailleurs, que reprendre l’expression même dont avait usé Théodore Herzl dans le programme de Bâle, charte constitutive du sionisme. Les incertitudes qui pouvaient encore subsister à ce sujet furent dissipés par la publication des minutes de la conférence du 22 juillet 1921, au cours de laquelle le Premier Ministre Lloyd George et le ministre des Affaires étrangères Balfour affirmèrent à Haïm Weizmann que le cabinet de Londres avait effectivement entendu se prononcer en faveur de la constitution d’un futur Etat juif.

c) Mais la création de ce dernier n’était-elle pas en contradiction flagrante avec les promesses faites par les mêmes autorités britanniques aux Arabes du Proche-Orient ? En vertu des accords Mac Mahon-Hussein de 1915, les Anglais s’étaient, en effet, engagés à constituer, après les hostilités, un grand royaume arabe dont le souverain serait le chérif de La Mecque, Hussein. Celui-ci se verrait ainsi récompenser du rôle qu’il avait joué dans le déclenchement de la « révolte » de la péninsule arabique contre les Turcs. En fait, cette « révolte » ne disposa jamais de plus de quelques centaines de combattants à la fois et son rôle militaire, limité à quelques opérations de razzia, fut inexistant.

Elle ne dut de passer à la postérité qu’à l’imagination de Lawrence d’Arabie, l’un des plus habiles mystificateurs du XXe siècle. L’engagement juridique contracté par la Grande-Bretagne envers le chérif Hussein allait, assez curieusement, servir par la suite de fondement à la revendication arabe sur la Palestine. Or, celle-ci était indubitablement exclue du territoire assigné au futur royaume arabe, ainsi que l’admit expressément le fils du chérif Hussein, l’émir Fayçal, reconnu par les grandes puissances comme le représentant des Arabes du Proche-Orient à la Conférence de la Paix de Versailles en 1919. Le 3 janvier 1919, l’organisation sioniste, Haïm Weizmann, un accord aux termes duquel le royaume arabe, prévu par les accords Hussein-Mac Mahon, reconnaissait la Palestine en tant qu’Etat juif. L’article 4 de cet accord stipulait : « Toutes les mesures nécessaires seront prises pour engager et stimuler l’immigration des Juifs en Palestine sur une meilleure mise en valeur du sol et par une culture intensive ».

Deux mois plus tard, Fayçal écrivait au dirigeant sioniste américain Félix Frankfurter : « Notre délégation à Paris est parfaitement au courant des propositions que l’Organisation sioniste a soumises hier à la Conférence de la Paix et elle les considère comme tout à fait modérées et bien fondées ». Or, ces propositions incluaient dans les territoires dévolus à l’Etat juif, non seulement la Judée Samarie (ou Cisjordanie), mais une partie (20 000 km2) de la Jordanie actuelle. »

http://www.jerusalemplus.com/551-SIONISME-Permanencedelapresencejuive.php

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