Israël-Syrie
Le Premier ministre ne pouvait pas ignorer que la déclaration de ce midi allait déclencher une avalanche de réactions, tant sur le principe même de ces contacts, que sur le moment choisi pour rendre la chose publique. Et si dans l'entourage d'Ehoud Olmert, on s'évertue à dire que ce n'est que maintenant que la publication a été possible, dans la Knesset, on ne manque pas de faire le lien entre cette annonce et l'enquête contre Olmert qui entre dans une phase très délicate pour lui. Et les critiques dépassent les limites de l'opposition parlementaire.

Les chefs des partis Likoud, Israël Beiteinou et Ihoud Leoumi - Mafdal exigent un débat d'urgence à la Knesset encore ce mercredi. Nissan Slomiansky (Ihoud Leoumi-Mafdal) a repris le fameux slogan utilisé il y a trois ans pour Ariel Sharon, avant la Hitnatkout: "L'étendue des concessions sera fonction de celle des enquêtes pénales." Le Président de la formation, Zevouloun Orlev, a lui aussi liés les deux affaires: "Olmert tente de sauver sa peau à tout prix, et maintenant au prix du Golan. Les Américains et les Syriens doivent savoir que ce Premier ministre n'a plus aucune légitimité morale à gouverner le pays et surtout pas à s'engager à céder des parties d'Eretz Israël. Chaque accord qu'il signerait serait comme une inscription sur de la glace, et ne serait pas accepté par la Knesset!"
Effi Eitam, habitant lui-même le Plateau, estime "qu'un vent de folie s'est emparé d'Israël. Le Premier ministre qui a échoué lors de la Deuxième Guerre du Liban, orchestrée par la Syrie, se jette maintenant dans les bras de Bachar El-Assad afin d'échapper à Mazouz, Lador et à la Police. Olmert et Kadima veulent être les fossoyeurs des implantations juives en Erets Israël." Aryeh Eldad considère que "cette annonce est celle d'un homme 'connu des services de Police' qui veut maintenant desserrer l'étreinte des autorités judiciaires et des médias. Olmert est convaincu que su Sharon a pu échapper à la mise en examen grâce à la Hitnatkout, lui-aussi pourra bénéficier du même traitement en cédant le Golan"
Au Likoud, on est indigné, même si l'on se rappelle que Binyamin Netanyahou avait eu des contacts avec Hafez El-Assad. Gilad Erdan déclare que "le Premier ministre confirme une fois pour toutes qu'il est prêt à tout vendre, y compris la sécurité de l'Etat d'Israël, uniquement pour faire passer au second plan les enquêtes qui pèsent sur lui. Si Shass, les Travaillistes, et Tsipi Livni ne prennent pas rapidement les décisions qui s'imposent plus que jamais, ils seront complices face à l'Histoire de l'abandon du Golan." Son collègue de parti, Gidon Saar, est encore plus sévère: "Celui qui a reçu des enveloppes en espèces n'arrivera pas jusqu'au Golan. Il n'y a décidément aucune limite au cynisme et au jeu qui consiste à brader la sécurité de l'Etat pour sa propre survie politique." Silvan Shalom enfin, estime "que de telles négociations n'éloigneront pas la Syrie de l'Axe du Mal, bien au contraire. Elles donnent raison aux terroristes et rapprochent encore davantage l'Iran des frontières d'Israël"
Mais les critiques ne fusent pas uniquement des bancs de l'opposition. Le Parti Travailliste est pris entre deux feux, celui de sa volonté affichée d'arriver à un processus de paix avec la Syrie, mais celui aussi de se démarquer d'Ehoud Olmert et de sa manière de procéder. Dany Yatom dit "ne pas être dupe": "Olmert veut faire diversion sur ses ennnuis judiciaires". Pour Shelly Yehimovitz, la "passionnaria travailliste", "cette annonce n'est qu'un coup médiatique de plus par lequel le Premier ministre veut abuser les citoyens honnêtes qui veulent vraiment la paix".
Au Shass, on "s'étonne" de la tournure des choses. Elie Ishaï déclare "que la Syrie fait toujours bel et bien partie de l'Axe du Mal. Est-il judicieux de mettre notre front nord aux mains d'un tel pays?" Ishaï se pose aussi la question du moment choisi, mais sans parler directement des affaires touchant Olmert:"Le Premier ministre a toujours affirmé que tant que la Syrie n'aurait pas changé sa stratégie, il n'y aurait aucune négociations avec elle. Je ne sais pas ce qui a changé entre temps. On ne peut pas confier notre sécurité dans les mains du Hezbollah!"
A Kadima, on ne se presse pas pour réagir, et les rares qui le font, expriment au minimum "leur réserves". Zeev Boïm, ministre de la Construction et du Logement, se dit "opposé à un retrait du Golan pour une paix virtuelle" Il dit "soutenir un accord avec la Syrie, seulement si cette dernière coupe ses liens avec les terroristes palestiniens, avec le Hezbollah et avec l'Iran."
Les seuls appuis au Premier ministre sont venus de quelques députés de gauche et d'extrême gauche. Youli Tamir (Avoda), ministre de l'Education et militante de Shalom Akshav, "se félicite de l'ouverture de ces négociations qui amèneront enfin la paix dans notre région. Ce sera aussi le seul moyen de briser l'Axe Damas-Téhéran-Hezbollah. Et pour cela, il faut descendre du Golan" Ran Cohen (Meretz), "se félicite de cette annonce, et espère que les parties vont négocier sérieusement et rapidement afin d'arriver enfin à un accord de paix qui déconnectera la Syrie de l'Iran". Même avis chez Haïm Oron, qui y "voit une porte ouverte à des négociations avec tous les pays arabes" mais demande "à ce que les négociations avec la Syrie ne se fasse pas sur le dos des Palestiniens".
Par contre, Youli Tamir, ministre de l'Education et militante de Shalom Akshav, "se félicite de l'ouverture de ces négociations qui amèneront enfin la paix dans notre région. Ce sera aussi le seul moyen de briser l'Axe Damas-Téhéran-Hezbollah. Et pour cela, il faut descendre du Golan"