La Nakba des losers
La Nakba des losers Par Sami El Soudi © Metula News Agency
En cette veille de l’anniversaire de l’Etat d’Israël, je suis, comme chaque année, divisé entre deux sentiments : l’amertume d’avoir perdu ma terre et l’amertume
d’être incapable de constituer un Etat. Dans mon esprit, ces deux sensations demeurent distinctes, et mon ressentiment s’adresse plus à moi-même et aux dirigeants de la cause palestinienne qu’aux
Juifs.
Certes, il y eut la première guerre, celle que mes camarades israéliens de la Ména appellent la Guerre d’Indépendance, et que nous nommons la Nakba, le désastre. D’un point de vue historique, il est clair que les Juifs se sont emparés de plusieurs villes cent pour cent arabes, telles Haïfa, Jaffa, ou encore Beer Sheva. Paradoxalement, leur enracinement historique était plus dense à Gaza et Hébron que dans ces villes devenues israéliennes.
Ces conquêtes ont-elles donné lieu à des massacres, comme des historiens arabes et plusieurs néo-sionistes l’affirment ? Difficile de trancher. Il y eut des morts, assurément, mais des deux côtés, les Juifs perdant un centième de leur population lors de ce conflit. Est-ce que la Haganah a perpétré des assassinats de sang froid contre des civils sans armes ? Selon des anciens de Galilée, que je juge dignes de foi, les combattants juifs auraient effectivement abattu quelques hommes désarmés, à l’issue d’affrontements. Combien ? Quelques dizaines tout au plus, ce qui nous laisse loin de la présentation propagandiste de la Haganah sous les traits d’une seconde Waffen SS.
Ceci dit, les crimes de guerre demeurent des crimes de guerre, et ils ont été perpétrés des deux côtés, avec une férocité que je qualifierai toutefois de relativement retenue. A ce propos, il est peut-être utile de mentionner que le différend israélo-arabe, depuis ses origines durant le dernier tiers du 19ème siècle, n’a pas fait plus de 80 000 morts, civils et militaires de tous les belligérants et de tous les conflits confondus. Dans ce chiffre, environ 22 500 des victimes étaient juives ou israéliennes, ce qui met un peu de plomb dans l’aile des statisticiens instrumentalistes de l’agence de presse française AFP. Proportionnellement, n’en déplaise à ces messieurs, Israël a payé sa part de la tragédie...........................................
Car le fait le plus marquant de cette page d’histoire, que les historiens antisionistes omettent scrupuleusement de mentionner, réside en ce que le 29 novembre 1947, l’ONU vota le "Plan de partage", qui divisait le pays en deux Etats distincts, l’un arabe, l’autre juif. Avant cela, il n’y avait pas d’Etat en Palestine, il n’y eu que des occupations étrangères............................................
Les puissances arabes, persuadées de leur supériorité militaire, rejetèrent à l’unisson la décision onusienne, alors que la direction sioniste l’accepta sans conditions. A consulter la carte issue du Plan de partage, on se rend compte qu’Israël, dans ces frontières, était à la fois ingérable et indéfendable, morcelée et noyée dans un environnement hostile. Si nous n’avions pas commis l’impair de rejeter la résolution de l’ONU, nous aurions eu, dès 1947, un Etat de Palestine, et les Juifs auraient été, à brève échéance, pour survivre, contraints d’accepter l’idée d’une fédération, l’itinéraire le plus court vers l’Etat multiconfessionnel dont on a tant parlé ensuite...................................
A noter que, bien entendu, la Guerre d’Indépendance/Nakba n’aurait pas eu lieu si les Arabes avaient accepté le partage, et les violences dont j’ai traité auparavant ne se seraient pas produites. Causalement, on est amené à déduire que c’est le refus arabe qui a conduit à l’exil une bonne part des Palestiniens et à l’essor d’Israël.
Wednesday 07 May
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