Obama attise-t-il l'antisémitisme?
Par Michael Freund
http://www.michaelfreund.org/16140/obama-anti-semitism
Adapté par Mordeh'aï pour malaassot.com
Barack Obama a peur.
Avant le discours du premier ministre Benjamin Netanyahu au Congrès la semaine prochaine sur la menace croissante d'un Iran nucléaire, le Président des États-Unis habituellement imperturbable se met à transpirer d'une soudaine sueur politique.
Un par un, Obama a envoyé ses sbires pour railler, dénoncer et dénigrer un discours qui n'a pas même encore été dit. En effet, le président Obama fait tout en son possible pour attaquer le message et le Messager dans l'espoir de sauver un accord possible avec les ayatollahs iraniens.
Mais ce faisant, il court le risque d'attiser une menace non moins épouvantable: le démon de l'antisémitisme. Après tout, la rudesse de la réponse de Obama pourrait très bien conduire certains américains de suivre le chemin de l'antisionisme et de la haine du juif.
Prenons par exemple les propos tenus par le Conseiller de la sécurité nationale, Susan Rice. Parlant au journaliste Charlie Rose mardi soir, Rice a déclaré que l'agrément de Netanyahu à l'invitation du Congrès est « destructrice du tissu relationnel » entre Israël et les Etats-Unis. Le commentaire de Rice est beaucoup plus révélateur que ce qu'elle avait peut-être l'intention, car en employant ces termes extrêmes, elle a révélé par inadvertance l'état de nervosité de la Maison Blanche suite à l'impact possible du discours du Premier ministre.
De plus, les remarques de Rice sont en contradiction directe avec celles faites il y a tout juste un mois par le chef de cabinet de la Maison Blanche, Denis McDonough, qui a déclaré à la NBC lors d'une rencontre de presse le 25 janvier que les relations américaines avec Israël sont « concentrées sur une série commune de menaces, mais aussi sur une série de valeurs partagées qu'un incident particulier ne va pas grandement endommager. »
Il s'agit d'un signe du manque de discipline certain de message de l'administration Obama, ou peut-être à peine dissimuler ses fieffée hostilités envers l'Etat juif et l'homme qui le conduit. En effet, pour dénoncer un discours par un proche allié d'Etats-Unis aux représentants élus du peuple américain comme « destructeur » n'est pas seulement choquant, mais il traverse les lignes de la décence diplomatique. C'est le genre de remarque que les ennemis d'Israël seront plus qu'heureux d'exploiter afin de dépeindre l'Etat juif et les Juifs eux-mêmes, qui sapent l'Amérique.
L'Hostilité de l'administration était encore d'actualité lorsque le Secrétaire d'État John Kerry a participé à une audition au Congrès mardi concernant le budget du département d'Etat, où il a fait quelques remarques à peine voilées qui se sont révélées être de fortes critiques de Netanyahu.
Kerry a dit: " Quelqu'un qui s'agite dans tous les sens," "en sautant pour dire nous n'aimons pas le deal, ou ceci ou cela, qui ne sait pas quel est le deal. Ce n'est pas encore une affaire faite." Même pour quelqu'un qui se vante que "j'ai en fait voté $ 87 milliards [pour le financement des troupes américaines] alors que j'ai voté contre," cette dernière déclaration est remarquablement stupide. En effet, Kerry dit que Nétanyahou ne devrait pas critiquer un accord avec l'Iran jusqu'à ce qu'il soit conclu, négligeant de mentionner que, à ce moment-là, il serait trop tard.
Mais le commentaire a aussi une nuance potentiellement glaçante en lui. Kerry suggérerait-il que la communauté juive américaine et les organisations pro-Israëliennes devraient garder le silence et ne pas dénoncer les termes rapportés de l'éventuel accord nucléaire avec l'Iran?
Heureusement, la forte pression de l'administration Obama contre l'apparition de Netanyahou au Congrès ne semble pas fonctionner, au moins pour l'instant. Dans un sondage réalisé la semaine dernière par McLaughlin & Associates, 59 % des américains interrogés ont dit qu'ils appuient Netanyahu de prendre la parole au Congrès, alors que seulement 23 % s'y opposent. Cela démontre qu'une grande majorité de l'opinion publique américaine ne gobe pas d'appât de Obama et veut entendre ce que le premier ministre israélien a à dire.
Néanmoins, il est navrant de voir une administration américaine qui est plus préoccupée de faire taire Israël que de le protéger. C'est un crève-cœur, mais aussi profondément inquiétant, parce que les tactiques qu'Obama emploie, fuite d'informations pour embarrasser Israël, censurer avec amèrement le chef du gouvernement de l'Etat juif, pourraient facilement ouvrir la porte à une résurgence de l'antisémitisme.
Si Obama est vexé parceque Netanyahu prononcera un discours au Congrès, alors pourquoi ne pas d'abord écouter ce que le premier ministre a à dire et puis y répondre? Pourquoi faire monter la température maintenant, exacerber les tensions bilatérales et déployer une telle rhétorique forte ?
Certes, l'antisémitisme aux Etats-Unis n'a cessé de décliner au cours des dix dernières années, avec seulement 9 % des Américains qui auraient des opinions antisémites selon l'ADL. Mais les sondages montrent également que 31 % des adultes américains croient que « Juifs sont plus loyaux envers Israël » qu'envers l'Amérique ou les pays dans lequel ils vivent. En intensifiant l'agitation et l'aggravation du fossé avec Israël, une question cruciale existentielle tels que le programme nucléaire de l'Iran, Obama a attisé quelques flammes qui peuvent s'avérer difficiles à éteindre. Et qui, assurément, est dans l'intérêt de personne.
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